Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Enseignements Cosmiques d’un Lama
Alaya, c’est l’Anima Mundi de Platon, la Sur-âme d’Emerson soumise à des changements périodiques incessants.
Alaya, en soi, est éternelle et immuable, mais souffre cependant de terribles changements pendant les manifestations mahamvantariques. Les Yogas-Charchas de l’école Mahayana disent que l’Alaya est la personnification du Vide Illuminateur. Il est indubitable que Alaya est le fondement vivant des sept cosmos.
Quand le mental est tranquille et en profond silence, l’âme s’échappe pour s’enfoncer dans le grand Alaya de l’Univers.
J’expérimentai cette vérité il y a de nombreuses années au cours de la méditation ; malheureusement, je n’avais pas encore dissous à cette période le moi pluralisé, et la terreur perturba l’expérience. Je sentis que je me perdais définitivement dans le vide de l’annihilation bouddhiste ; océan de lumière infini, incompréhensible, au-delà du corps, des sentiments et du mental ; radical oubli du moi-même.
La conscience, libérée de sa condition égoïque, se perdit telle une goutte dans la mer & le vide sembla se faire plus profond… abîme terrifiant… Je cessai d’exister… Je me sentis être mondes, fleurs, oiseaux, poissons, soleils radieux, humble plante et arbre gigantesque, insignifiant insecte qui dure seulement l’espace d’un après-midi d’été et aigle rebelle. L’océan de mon être continuait encore à s’étendre ; l’impersonnalisation semblait chaque fois plus profonde. Il ne resta de ma forme humaine, pas même le souvenir ; j’étais tout et rien à la fois.
Un pas de plus et qu’en serait-il de moi ? Oh quelle terreur ! et cet océan de mon être qui continuait à s’étendre encore plus, de manière effrayante. Et alors ma chère individualité, quoi ?
Il est ostensible qu’elle était aussi condamnée à mort. Epouvante, terreur, panique, peur ! Soudain, je sentis que je me retrouvais en moi-même, je perdis l’extase, je revins, tel le génie d’Aladin à sa bouteille ! J’entrai dans le temps, je restai embouteillé dans l’Ego ! Pauvre Méphistophélès, malheureux, il était tremblant de lâcheté ! Ainsi est Satan.
Il est évident que cet infortuné m’avait fait perdre le Satori bouddhiste, le Samadhi.
Alaya, bien qu’éternel et immuable en son essence, se reflète en chaque objet de l’Univers, comme la Lune dans l’eau claire et tranquille.
Parlons maintenant de Paramartha. Les Yogas-Charyas interprètent ce terme sanscrit à leur manière : ils pensent que cela dépend d’autres choses (Paratantra) ; chacun est libre de penser comme bon lui semble. Les Madhyamikas disent instamment que Paramartha est exclusivement limité en Paranishpana ou perfection absolue.
Il est indiscutable que les premiers croient et soutiennent que, dans cette vallée du Samsara, seule existe Samvritisatya, la vérité relative.
Il est indubitable que les seconds enseignent l’existence de Paramarthasatya, la vérité absolue.
« Aucun Arhat gnostique ne saurait atteindre la connaissance absolue, avant de s’identifier avec Paranirvana ». On nous a dit très sagement que Parikalpita et Paratantra sont ses deux grands ennemis.
Parikalpita (en tibétain : Kuntag) est l’erreur vaine de ceux qui sont leurrés dans cette vallée de larmes, ces pauvres gens à la conscience égoïque, malheureuses créatures adorant le Moi.
Paratantra est le monde phénoménique. Pauvres de ceux qui ne savent pas découvrir les causes de l’existence. Il y a relativement peu de temps, je fus le témoin, en méditation profonde, de quelque chose d’insolite. Je vis, certes, et avec un étonnement mystique, deux Adeptes qui après être parvenus à la pleine identification avec Paranirvana, obtinrent la libération finale. Vêtus de leur tunique de lin blanc, la tête couverte d’un voile d’une blancheur immaculée qui leur descendait jusqu’aux pieds, ces Frères entrèrent dans l’Espace Abstrait Absolu. Je n’ai franchement pas encore perdu la capacité d’étonnement. Je me sentis étonné, surpris, stupéfait ; je les accompagnai jusqu’à l’anneau-que-l’on-ne-passe-pas (la porte de l’Univers).
Je les vis pénétrer dans la lumière incréée de l’Absolu, emplis d’une infinie humilité, d’une infinie vénération. Ils passèrent au-delà des dieux et des hommes, et se convertirent en Paramarthasatyas, pour se submerger là, pourtant, comme de simples apprentis… Même dans l’Absolu, il existe des exaltations mystiques successives qui sont pour nous, au-delà de toute compréhension.
Ce chapitre est tiré des Enseignements Cosmiques d’un Lama (1970) de Samael Aun Weor.