Écrit par : Arthur Avalon | Catégorie : Hindoue |
La śakti [aspect féminin] de ce sādhana [pratique religieuse] est habituellement la propre épouse du sādhaka [pratiquant], marié conformément aux injonctions de Vaidik; le svaśakti ou ādyāśaktī, comme on l’appelle techniquement dans le Tantra. Sa propre femme est Ādyā-Śaktī [énergie féminine originelle ou primordiale] et Sādhana devrait le faire avec son aide (Ādyā-śaktīh svadārāh syāt tāmevaśṛtya sādhayet). Avec elle est pratiquée cette śaktīsādhana, dont le but est l’acquisition de la maîtrise de soi, qui, en vérifiant [en cessant] le courant extérieur [l’Orgasme], place le sādhaka sur la voie du nivṛtti [la cessation de la souffrance]. En effet, le Kaulikārcanadīpikā dit: « Sans àdyā, l’adoration de la śakti n’est que de la mauvaise magie ». (Ādyāśaktiṁ vinā pūjā abhicārāya kalpate). C’est seulement au siddha, terme utilisé ici dans le sens spécial de quelqu’un qui a obtenu le contrôle complet de ses passions, qu’il est autorisé une autre śakti (paraśakti). Ainsi, le Prāṇatoṣinī cite qu' »un homme obtiendra le siddhi [pouvoir] avec sa propre śakti, et ensuite (c’est-à-dire quand il sera siddha) il devra faire le japa [mantra] avec la paraśakti » (Svaśaktau siddhim apnuyāt paraśaktau tadā japet). Et de même, le Niruttara Tantra dit que le sādhaka qui est siddha dans Kulācāra peut adorer « une autre » femme. (Siddhamantrī kulācāre parayoṣām prapūjayet). Dans ces deux cas, paraśakti a une double signification, à savoir « une autre » femme qui est une femme corporelle, ou « Suprême » qui est la Femme Suprême qui, dans le corps, est Kudalinī-tiakti. Ce dernier semble avoir du sens dans la citation qui parle du siddhamantrī. Il a également été dit, comme dans le Mahānirvāṇa Tantra, que la paraśakti doit (si elle n’est pas mariée) être mariée soit par les rites Vaidika ou Śaiva, ou (si elle est mariée et que le mari est décédé) conformément à ce dernier rite. De plus, ce qui détermine le caractère moral d’un acte est l’intention avec laquelle il est accompli. Comme le dit le Kaulāvalīya, lorsque l’intention d’un homme est mauvaise, son acte l’est aussi, sinon il n’y a pas de faute:
Ata eva yadā yasya vāsanā kutsitā bhavet.
Tadā doṣāya bhavati nānyathā dūṣaṇaṁ kvacit.
Comme exemple du même acte et d’intention variable, il est dit avec justesse: « Une femme est embrassée avec un sentiment et le visage d’une fille avec un autre ». (Bhāvena cumbitā kāntā bhāvena duhitrānanam). Un Mantrin qui est livrée à la luxure, car la subjugation dont la sâdhana est prescrite, va, comme il est dit dans le Tantrasāra, dans l’enfer appelé Raurava. (Lingayonirato mantrī raurakang narakang brajet). Dans les mots du Āhārabheda-Tantra-Vāmācāro bhavet tatra vāmā bhūtvā yajet parām. « On peut être un Vāmācārī si l’on peut adorer Vāmā étant soi-même une femme. » C’est sur le principe qu’un adorateur devrait toujours être comme l’objet de son adoration. La femme est Devatā, et l’incarnation de la Śakti Suprême, et est à ce titre honorée et vénérée, et n’est jamais, lorsqu’elle est pūjyā śakti, un sujet de jouissance.
[…]
Par cette sadhana, on cherche à détruire les derniers vestiges du plus puissant de ces liens et, avec cette destruction, la graine du karma et de la renaissance. Comme Śiva, il devient le destructeur de Smara et Śiva lui-même. Les versets 4, 18 et 20 se réfèrent directement à ce fruit de la Sadhana. D’autres indiquent la grandeur matérielle et intellectuelle sur la terre du sādhaka, qui vénère dévotement la Devī [Mère Divine]. On lui donne la maîtrise de toutes les personnes et de toutes les choses du monde qui, à sa mort, s’en va siddha, il se rend à la demeure par les Pieds Suprêmes (verset 17), ou Nirvāṇa. Comme le dit Śiva dans le Kālīvilāsa-Tantra « Je vous l’ai dit, mes bien-aimés, à propos des cinq Tattvas, de la Sadhana dans le lieu de la crémation et avec le bûcher des funérailles, écoutez maintenant la doctrine du Siddha-vīra. »
Madyaṁ matsyaṁ tathā māṁsaṁ mudrāṁ maithunam-eva ca.
Śmaśānasādhanaṁ bhadre citāsādhanam eva ca.
Etat à kathitaṁ sarvaṁ siddhaviramataṁ śṛiṇu.
C’est la Sadhana du lieu de crémation sur lequel toute passion est brûlée. Il y a deux types de lieux de crémation, dont l’un est le bûcher funéraire (citā) et l’autre yonirūpā mahākālī. Comme le dit le premier chapitre du Niruttara- Tantra, il existe deux terrains de crémation, à savoir celui qui est le bûcher funéraire et la yoni qui, dans son sens sūkṣma, est la Devī, la śmasāna étant dans le même sens de dissolution ou pralaya. (Śmaśānam dvividhaṁ devi chitā yoni prakītitra). Même au sens sthūla, le sādhaka doit être susādhaka, car l’union sans juste disposition-japa [mantra], dhyāna [Méditation] etc. – est le Maithuna [union sexuelle] animal d’un paśu [bête].
Extrait de l’Hymne à Kali par Arthur Avalon (Sir John Woodroffe) [1922].
Cet article a été originellement publié en Anglais par Glorian. L’article original est Latasadhana: Worship with a Woman.