Écrit par : Le 14e Dalaï Lama | Catégorie : Bouddhiste |
Afin de rendre pleinement et complètement manifeste le mental de claire lumière primordiale qui apparaît simultanément, nous devons totalement arrêter ou cesser tous les niveaux plus grossiers de l’énergie-vent et du mental. Afin d’empêcher les niveaux plus grossiers de l’énergie-vent et du mental de prédominer, nous devons générer une profonde conscience très heureuse. Pour générer une conscience bienheureuse suffisamment intense et puissante pour atteindre ces objectifs, il est nécessaire pour la plupart des personnes de s’appuyer sur une mudra, une partenaire physique de scellement. La raison pour laquelle les formes centrales du Bouddha dans les mandalas ou univers symboliques de classe de l’anuttarayoga tantra sont la plupart du temps sous l’aspect d’un couple père et mère est d’indiquer cette nécessité. Il y a une grande différence entre s’appuyer sur une partenaire de scellement en pleine conscience que cela sert uniquement à fournir les circonstances et la source pour développer une conscience très heureuse à utiliser aux fins ci-dessus, et s’appuyer sur une partenaire comme voie de pratique dans le manière d’un intrus. Par conséquent, seuls les pratiquants particulièrement qualifiés et bien avancés de l’étape complète de l’anuttarayoga tantra qui se sont entraînés dans les pratiques des canaux d’énergie subtils et des vents et qui en ont acquis la maîtrise, sont autorisés à pratiquer avec un véritable karmamudra physique, une partenaire de scellement pour leur comportement. Parce qu’ils ont acquis la pleine maîtrise de leurs vents et canaux d’énergie, de tels pratiquants n’ont jamais le danger d’expérimenter le bonheur ordinaire de l’émission orgasmique [orgasme] qui empêcherait ou détruirait leur génération d’une profonde conscience très heureuse. Ils utilisent simplement leur corps externe et le vajra comme un dispositif mécanique pour intensifier la conscience bienheureuse de la vacuité qu’ils ont déjà atteinte.
Avant d’avoir atteint ce niveau avancé d’accomplissement, nous sommes autorisés à pratiquer uniquement avec une jnanamudra visualisée, une partenaire de scellement pour une conscience profonde. Dans un ornement pour « La Lumière Inoxydable » [Commentaire sur « Le Kalachakra Tantra Abrégé »] Kgiydrub Norzang-gyatso a expliqué que, pour les pratiquants de facultés particulièrement aiguisées, s’appuyer sur une partenaire jnanamudra visualisée peut également servir de méthode pour générer une conscience très heureuse suffisamment forte pour dissoudre au centre du chakra cœur tous les vents énergétiques les plus difficiles à dissoudre afin que le mental de claire lumière devienne totalement et complètement manifeste. Ainsi, il n’est pas absolument obligatoire de s’appuyer sur une partenaire karmamudra physique.
Mais quel que soit notre niveau de réalisation, et que nous pratiquions avec une partenaire jnanamudra visualisée ou une partenaire karmamudra physique, il est extrêmement essentiel de garder le but à l’esprit et de ne jamais pratiquer sans les trois types de discernement ou de reconnaissance. Pour bloquer l’apparence ordinaire du mental et l’appréhension de l’existence vraie et inhérente, nous nous visualisons nous-mêmes et notre partenaire sous l’aspect de formes de Bouddha faites pour apparaître par un mental qui est parfaitement conscient de la vacuité. Nous discernons notre parole comme l’expression du mental de claire lumière de félicité et de vacuité inséparables, symbolisé par les syllabes germes à partir desquelles l’apparition de nos organes sexuels surgit sous une forme purifiée et avec lesquelles ils sont « couronnés » ou marqués. Par ailleurs, nous comprenons que notre mental est toujours un mental de claire lumière primordiale qui surgit simultanément à chaque instant comme une conscience bienheureuse qui est inséparable d’être également une conscience discernante de la vacuité. Ce sont des points extrêmement importants qui transforment le recours à une partenaire de scellement visuelle ou physique en une méthode habile sur le chemin. Une telle dépendance génère une conscience profondément heureuse qui agit comme une circonstance pour bloquer les niveaux plus grossiers de l’énergie-vent et du mental et rendre manifeste le mental de claire lumière afin que ce mental de claire lumière puisse être généré comme une conscience profonde et très heureuse de la vacuité. Seule une telle conscience peut éliminer d’un seul coup les obstacles empêchant la libération et seule une telle conscience peut supprimer les obstacles empêchant l’omniscience.
Extrait de « La Tradition Gelug/Kagyu de Mahumudra » par le 14e Dalaï Lama. Publié par Snow Lion (1997).
Cet article a été originellement publié en Anglais par Glorian. L’article original est Dalai Lama: Relying on a Partner.