Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Le Mystère de la Fleur d’Or
Je veux faire ressortir l’idée de base que nous devons formuler ainsi : « Les grands fascinateurs de la lubricité et de la luxure appartiennent bien plus au type Casanova qu’à celui du fameux Don Juan Tenorio. »
Si le type fourbe du Don Juan reflète toutes ses aventures amoureuses dans le méchant miroir égocentrique de sa fantaisie raffinée, avec l’abominable intention de rabaisser la femme, de la profaner vilement, de la violer et de la diffamer de façon perverse par le moyen de la copulation passionnelle unique et sans répétition dans la progression vers le péché, cela résulte indiscutablement d’une forme spéciale de haine masculine contre la femme.
Par la loi des contraires, dans le type Casanova prédomine le désir libidineux de fascination sexuelle, basé exclusivement sur les impulsions instinctives naturelles et sentimentales. Malheureusement, les individus de ce genre sont insatiables, ils souffrent et font souffrir.
Le type Casanova est une espèce de « maître séducteur » de la femme ; il semble avoir le don de l’ubiquité, car on le voit partout, ici, là, et là-bas encore ; il est comme le marin qui a une fiancée dans chaque port ; il s’engage souvent, et jure un amour éternel.
En opposition au sadisme sexuel raffiné du type Don Juan, nous découvrons dans le type Casanova l’homoncule rationnel qui veut étouffer dans des lits de plaisir l’insupportable ennui de sa propre existence.
Une autre variété, heureusement peu commune, du fascinateur de femmes pourrait être convenablement désignée comme le « type diable ».
L’un des plus authentiques représentants de ce type sinistre fut, sans aucun doute, le moine Gregor Raspoutine : un étrange ascète passionné par l’au-delà ; une sorte d’hypnotiseur campagnard en habit religieux.
Il ressort au grand jour et en pleine clarté méridienne que la despotique force magique du « Diable Sacré » Raspoutine est due exclusivement à sa formidable puissance sexuelle.
Le Tzar et la Tzarine s’agenouillaient devant lui ; ils croyaient voir en ce moine fatal un saint vivant.
Nul doute que Raspoutine trouva l’esprit des Tzars très bien disposé à son égard, grâce au magicien français Papus (Dr Encausse), médecin officiel des souverains.
Waldemar dit : « Des plus instructifs sont les mémoires diplomatiques de l’ancien ambassadeur de France à Saint-Pétersbourg, Maurice Paléologue, publiés par la Revue des Deux Mondes. »
« L’Ambassadeur décrit une invocation d’esprits effectuée par le célèbre occultiste français Papus (Dr Encausse) et certes, selon le vœu exprès des Tzars. Les troubles révolutionnaires de 1905 furent la cause d’une telle session ; Papus devait conjurer la révolte au moyen d’un grand exorcisme en présence du Tzar, de la Tzarine et de l’adjudant capitaine Mandryka. »
« Paléologue, comme garant de Papus, avec qui il avait des relations amicales, nous informe :
À l’aide d’une intense concentration de sa volonté et d’un extraordinaire accroissement de son dynamisme fluidique, le Mage a réussi à évoquer le spectre du très pieux Tzar Alexandre III : des signes indubitables ont prouvé la présence de l’esprit invisible…
Malgré l’angoisse qui lui opprimait le cœur, Nicolas II demanda, de toute façon, à son père, s’il devait réagir ou non contre le courant libéral qui menaçait de balayer la Russie. Le fantôme répondit : “Tu dois extirper, coûte que coûte, la révolution naissante. Mais un jour elle renaîtra et sera plus violente, d’autant plus violente que sera dure l’actuelle répression. N’importe ! Courage, mon fils ! Ne cesse pas de lutter !” »
Waldemar, le sage, dit : « Le Tzar, comme croyant notoire aux esprits, devait donc prêter un grand intérêt à un homme qui, comme Raspoutine, venait précédé d’une grande renommée comme guérisseur miraculeux.
Le moine paysan provenait aussi de la catégorie, si répandue dans la Russie de l’époque, de ceux qu’on appelait les magiciens de village, possédant un magnétisme vital si extraordinaire, dû à son insolite puissance sexuelle, qu’il a dû produire l’effet d’une force primitive faisant irruption dans les cercles de la noblesse de Petersbourg, alors en partie dégénérée.
L’une de ses premières prouesses à la cour fut de traiter magnétiquement l’héritier du trône, atteint d’hémophilie, parvenant à contenir ses hémorragies, chose que les médecins n’avaient pas réussie. »
Le savant Waldemar poursuit en disant : « À partir de cet instant, les grands-ducs, les ministres et toute la camarilla de la noblesse tremblèrent devant lui, car le fait qu’il avait entre ses mains la vie du Tzarévitch lui avait gagné la confiance illimitée du Tzar et de la Tzarine. Et cette confiance, il sut l’utiliser à son profit de façon très cavalière ; il dirigea à son gré les Tzars et, par conséquent, la Russie.
Son pouvoir augmentant constamment, un groupe d’adversaires de haut lignage et de position élevée, à la tête de qui se trouvaient le prince Yussupov et le Grand-Duc Pavlovitsch, décida de supprimer l’importun “Moine Miraculeux”.
Et ainsi, lors d’un souper donné au palais du prince, on servit au moine invité des mets et des boissons empoisonnés avec du cyanure de potassium à une dose tellement forte qu’elle aurait suffi pour tuer une vingtaine d’hommes ou plus en quelques secondes. Mais Raspoutine a mangé et bu avec un appétit croissant ; le poison ne semblait produire aucun effet sur lui.
Les conjurés s’inquiétèrent, mais continuèrent à inciter celui qu’ils haïssaient à manger et à boire encore plus. Cependant le poison n’avait toujours aucun pouvoir sur le Moine miraculeux ; au contraire, le maudit semblait se sentir toujours plus à son aise.
En conséquence, les conjurés convinrent que Yussupov le tuerait avec un pistolet ; le prince tira donc et Raspoutine s’effondra à plat ventre sur le sol, et les conjurés le crurent mort.
Yussupov, qui avait atteint le moine à la poitrine, commença à faire le tour du corps mais, à sa grande frayeur, Raspoutine lui donna une poussée, se leva sur ses pieds et, à pas lourds, essaya de s’échapper de la pièce. Alors, le conjuré Purischkjewitsch tira quatre coups de feu contre le moine qui s’écroula de nouveau, se leva une autre fois, puis fut accablé de coups de bâtons et de coups de pieds par le furieux Purischkjewitsch, jusqu’à ce qu’il parût définitivement mort. Mais la vitalité de Raspoutine était telle qu’il donna encore des signes de vie lorsque les conjurés mirent son corps robuste dans un sac, qu’ils attachèrent, le précipitant ensuite du haut d’un pont dans la Neva glacée. »
Ce fut la fin tragique d’un homme qui aurait pu s’autoréaliser à fond.
Malheureusement, le moine Gregor Raspoutine n’a pas su utiliser sagement la formidable puissance sexuelle dont la nature l’avait doté, et il tomba au niveau de la plus basse sensualité.
Un soir, on me proposa d’investiguer de façon directe sur le désincarné Raspoutine.
Étant donné que je connais en profondeur toutes les fonctions psychiques de l’Eidolon (le Corps Astral de l’homme authentique), il ne me fut pas difficile de réaliser un dédoublement magique.
Revêtu donc de ce corps sidéral dont a tant parlé Philippe Théophrast Bombast Von Hohenheim, dit Paracelse, j’abandonnais mon corps physique pour me déplacer librement dans la cinquième dimension de la nature, dans le Monde Astral.
Ce que je vis à l’aide du sens spatial (avec l’Œil d’Horus) fut terrible. Il n’est pas superflu de préciser que je dus pénétrer dans une taverne épouvantable où l’on ne voyait que des barils remplis de vin, parmi lesquels se glissait ici, là et partout une multitude de créatures horripilantes qui ressemblaient à des hommes.
Je cherchais Raspoutine, le Diable Sacré, je voulais converser avec cet étrange moine devant lequel tremblèrent tant de princes, comtes, ducs et marquises de la noblesse russe : mais voici qu’au lieu d’un seul « Moi », je voyais une foule de « Moi » et tous constituaient l’Ego lui-même du moine Gregor Raspoutine.
J’avais par conséquent devant ma vue spirituelle, dans toute la présence de mon Être cosmique, un monceau de diables ; un Moi Pluralisé, à l’intérieur duquel n’existait qu’un seul élément digne : je veux parler de l’Essence divine.
Ne trouvant donc pas de sujet responsable, je m’adressais à l’une de ces abominables et grotesques créatures qui passaient près de moi : « Voici l’endroit où tu as fini par aboutir, Raspoutine. C’est le résultat de ta vie désordonnée et de tant d’orgies et de vices. »
« Tu fais erreur, Samaël », répondit la monstrueuse figure, comme pour se défendre ou pour justifier sa vie sensuelle, ajoutant ensuite : « À toi, il te manque la ligne de l’intuition. »
« Tu ne peux pas me tromper, Raspoutine », furent mes dernières paroles ; puis je m’éloignais de cet antre ténébreux situé dans les Limbes, dans l’Orcus (l’enfer) des classiques ; dans le vestibule du Royaume minéral submergé.
Si Raspoutine n’avait pas fait dans sa vie tant d’œuvres de charité, à cette heure il serait en involution dans le temps, à l’intérieur des mondes submergés, sous l’écorce de la terre, dans la demeure de Pluton.
Plusieurs années se sont écoulées et j’ai continué à méditer : les êtres humains n’ont pas encore une individualité véritable ; la seule chose qui continue après la mort, c’est un monceau de diables.
Quelle horreur ! Des mois-diables. Chacun de nos défauts psychologiques est représenté par l’une ou l’autre de ces abominables créatures dantesques.
Ce chapitre est tiré de Le Mystère de la Fleur d’Or (1971) de Samael Aun Weor.