Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Le Mystère de la Fleur d’Or
La Lance ésotérique christique du Saint-Graal et la Hasté païenne des Pactes magiques, que brandit Wotan, est une seule et même Pique bénie ! Considérée comme sacrée chez tous les peuples depuis l’antiquité la plus éloignée.
Que ce soit, en vérité, à cause de son caractère phallique et symbolique du pouvoir sexuel viril, ou parce qu’il s’agit de l’arme archaïque de combat que l’homme a pu imaginer à l’aube de la vie, il est certain que la Hasté romaine était, comme on sait, quelque chose comme la balance de la Justice, présidant à toutes les transactions juridiques du primitif droit quiritaire ou de la lance (Kyriès), et tout spécialement aux noces, parmi ceux qui jouissaient du droit de citoyenneté, sûrement très apprécié.
Les sages-femmes romaines qui se trouvaient sous la tutelle de la Déesse bénie Junon, étaient appelées très sagement « Curètes » (Caurétès ou Kyrias et, de là, Valkyries), à cause de Curès ou Tour, ville des Sabins fondée par Medius Fidius et Himella, leurs Dieux ineffables, et pour cela, les généraux et les autres hommes des Curies romaines qui se distinguaient en tant que héros de guerre recevaient ordinairement en guise de récompense une petite lance de fer appelée Hasta Pura, nom qui, à coup sûr, nous rappelle la ville d’Hastinapura, symbole divin de la Jérusalem Céleste.
« Matronae in tutela Junonis Curetis essent, quae ita vocabatur ab hasta ferenda quae sabinorum lingua curis dicebatur… »
« Nec tibi, quae cupidae natura videbere matri, comat virgineas hasta recurba comas. » (Ovide, 2 Fast)
« Hasta Pura dicitur, quae fine ferro est, et signum est pacis. Hac donabantur militis, qui in bello fortiter fecissent. » (Suétone, Claudius)
« Translate hastae dicuntur argumenta oratoria. » (Cicéron, II Or, c.57)
« Deos in hastario vectigales habetis. » (Tertulien, Apologétique, c.13)
« Ponitiur etiam pro auctione incunto, quia autio cum effet hasta erigebatur. » (Calepinus, Hasta)
Il est ostensible et manifeste que les Troncs ou Tables de la Loi, où le prophète Moïse a écrit sagement, par ordre de Jéhovah, les dix commandements, ne sont, en réalité, rien d’autre que la double lance des Runes, sur la signification phallique de laquelle il existe une abondante documentation.
Il n’est pas superflu de souligner l’idée transcendante qu’il existe deux autres commandements dans l’ésotérisme mosaïque.
Je veux me référer aux commandements onze et douze, en relation intime avec les Arcanes XI et XII de la Kabbale.
Le premier de ces commandements, soit le onzième, a son expression classique dans le sanskrit Dharma Chara : « Fais ton devoir. »
Rappelle-toi, frère lecteur, que tu as le devoir de chercher le chemin étroit, austère et difficile qui conduit à la lumière.
L’Arcane XI du Tarot éclaire ce devoir : la force merveilleuse qui peut dominer et soumettre les lions de l’adversité est essentiellement spirituelle. Pour cette raison, elle est représentée par une belle femme qui, sans effort apparent, ouvre avec ses mains délicieuses la terrible gueule de « Leo », le puma épouvantable, le lion furieux.
En relation étroite avec le onzième, le douzième commandement de Dieu est illustré par l’Arcane XII : « Fais que ta lumière brille ! »
Pour que la lumière, qui constitue l’Essence embouteillée à l’intérieur du Moi, puisse réellement briller et resplendir, on doit se libérer, et cela n’est possible qu’au moyen de l’annihilation Bouddhique, c’est-à-dire, en dissolvant l’Ego.
Il nous faut mourir d’instant en instant, seconde après seconde ; c’est seulement avec la mort de l’Ego qu’advient le nouveau.
De même que la vie représente un processus de graduelle et toujours plus complète extériorisation ou extraversion, de manière analogue la mort du Moi est un processus d’intériorisation graduelle dans lequel la conscience individuelle, l’Essence, se dépouille lentement de ses vêtements inutiles, tout comme Ishtar dans sa descente symbolique, jusqu’à demeurer entièrement nue en elle-même devant la grande Réalité de la vie libre dans son mouvement.
La Lance, le Sexe, le Phallus, joue aussi un grand rôle dans nombre de légendes orientales comme instrument merveilleux de salut et de libération, lequel, brandi sagement par l’âme haletante, lui permet de réduire en poussière cosmique toutes ces entités caverneuses qui, dans leur ensemble infect, constituent le « Moi-même ».
Sur la terre sacrée des Veda, Shiva, le Troisième Logos (l’Énergie Sexuelle), a été analysé profondément dans ses aspects créateurs et destructeurs.
Il est manifeste, clair et visible que les aspects subjectifs, sexuels, se cristallisent fatalement en ces multiples entités, dont la somme totale constitue ce que les Égyptiens appelaient Seth (l’Ego).
Le pouvoir générateur normal de nos glandes endocrines sexuelles est manifeste.
Le pouvoir objectif créateur du seigneur Shiva est transcendant lorsqu’il travaille à créer l’Habit de Noces de l’âme, le To Soma Heliakon, le corps d’or de l’Homme Solaire.
L’Énergie Sexuelle est hautement explosive et merveilleuse. En vérité, je vous dis que celui qui sait manier l’Arme d’Éros (la Lance, le Sexe), peut réduire en poussière cosmique le Moi Pluralisé.
Prier c’est converser avec Dieu, et on doit apprendre à prier durant le coït ; en ces instants de suprême bonheur, demandez et l’on vous donnera, frappez et l’on vous ouvrira.
Celui qui met son cœur dans sa supplique et qui prie sa Mère Divine Kundalini d’empoigner l’Arme d’Éros, obtiendra le meilleur des résultats, parce qu’elle l’aidera alors en détruisant l’Ego.
Cependant, je vous dis que c’est un processus long, patient et très délicat. Il est indiscutable que le chasseur qui veut chasser dix lièvres à la fois n’en prend aucun. Ainsi donc, celui qui veut éliminer tous les défauts psychologiques simultanément n’en élimine aucun.
Au-dedans de chacun de nous existent des milliers de défauts et ils ont tous beaucoup de racines et de facettes, cachées dans les divers replis subconscients du mental.
Chacun de ces défauts psychologiques a une forme animale ; l’Essence, la Conscience, est emboutie à l’intérieur de ces créatures des mondes submergés.
La condition préalable à toute élimination est la compréhension intégrale du défaut que l’on veut éliminer.
Suppliez, si vous êtes sûrs d’avoir bien compris le défaut, et retirez-vous du coït sans éjaculer le Semen.
Pour faire une synthèse transcendante sur ces très longs et durs travaux, nous dirons : d’abord il faut libérer l’Essence pour que la lumière brille en nous ; ensuite, la fusionner avec « Atman » (l’Être) pour nous libérer du mental, plus tard, la remettre à l’Ancien des Jours (le « Père qui est en secret », la Monade), pour nous convertir en Maîtres Ressuscités, Parfaits.
Et enfin, l’absorber définitivement en Ishvara le Logos, première émanation du suprême Parabrahman (le grand Océan de l’Esprit Universel de Vie).
Concluons maintenant ce chapitre avec l’anecdote suivante : il y a longtemps de cela, lorsque je n’avais pas encore réduit l’Ego en poussière cosmique, je fis une invocation magique formidable.
J’appelais un Grand Maître en disant : « Viens ! Viens ! Viens ! Prophète de Ra… Hor… Kou… Venez à moi ! Qu’il veuille l’accomplir ! Qu’il veuille l’accomplir ! Qu’il veuille l’accomplir ! Aum… Aum… Aum… », en entonnant ce dernier mot comme il se doit, ouvrant la bouche avec le « A », l’arrondissant avec le « U » (OU) et la refermant pour le « M. »
Il n’est pas superflu de préciser que l’atmosphère était saturée d’une infinie harmonie, chargée d’« OD »…
Le résultat de l’invocation ne se fit pas attendre et le grand prophète vint vers moi.
Le Kabire revêtait une forme symbolique formidable que je pus voir, entendre, toucher et palper dans toute la présence de mon Être cosmique.
Le Vénérable paraissait divisé en deux moitiés : de la ceinture jusqu’en haut, il resplendissait glorieusement, son front était haut comme les murs invincibles de la Jérusalem Céleste ; ses cheveux étaient comme de la laine blanche tombant sur ses épaules immaculées ; son nez, droit comme celui d’un Dieu ; ses yeux, profonds et pénétrants ; sa barbe, éclatante comme celle de l’Ancien des Jours ; ses mains, comme des anneaux d’or sertis de jacinthes ; ses lèvres, comme des lis qui distillent la myrrhe parfumée.
Cependant, dans la partie inférieure de son corps, de la ceinture jusqu’en bas, je vis quelque chose d’insolite : d’horripilantes formes bestiales, personnifiant les erreurs, les démons rouges, les mois-diables, au-dedans desquels est embouteillée la Conscience.
« Je vous ai appelé pour vous demander l’Illumination » : telle fut ma requête ! Il est évident que la réponse était dans sa manière même de se présenter.
Le vieillard posa sa main droite sur ma tête et me dit : « Appelle-moi chaque fois que tu auras besoin de moi, et je te donnerai l’Illumination ! » Puis il me bénit et s’en alla.
Avec une joie infinie, je compris tout ; c’est seulement en éliminant à coups de lance ces créatures animales que nous portons tous à l’intérieur de nous et au-dedans desquelles dort la conscience que nous advient l’Illumination.
Ce chapitre est tiré de Le Mystère de la Fleur d’Or (1971) de Samael Aun Weor.