Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : La Doctrine Secrète de l’Anahuac

« Ô Bienheureux Mixcoatl, tu mérites bien d’être loué par les chants, et tu mérites bien que ta renommée vive dans le monde, et que ceux qui dansent dans les chants et danses sacrés, te portent dans la bouche, et que le son des tambourins de Huexotzinco se répande jusqu’aux faubourgs pour que tu te réjouisses et que tu apparaisses à tes nobles amis et à tes généreux parents !

Ô glorieux jeune homme, digne de toute louange, toi qui offres ton cœur au Soleil, pur comme un collier de saphirs, une autre fois tu viendras croître, une autre fois tu viendras fleurir dans le monde, tu viendras aux chants et danses sacrés, et au milieu des tambours et tambourins de Huexotzinco, tu apparaîtras aux nobles et aux hommes valeureux, et tes amis te verront. » (Sahagún, II, 140)

« Tous ceux qui mouraient à la guerre, ou sur l’autel du sacrifice, allaient à la maison du soleil. Tous marchaient ensemble dans une immense plaine. Lorsque le soleil apparaît, quand il est temps pour lui de se lever, ils commencent, alors, à lancer des cris de guerre, ils font résonner les grelots qu’ils portent aux chevilles et frappent leurs boucliers.

Si leur écu est perforé par deux ou trois flèches, alors par ces fentes ils peuvent contempler le soleil ; mais ceux dont le bouclier n’a aucune ouverture ne peuvent regarder le soleil.

Tous ceux qui sont tombés morts au milieu des agaves et des cactus, parmi les épineux acacias, et ceux qui ont offert des sacrifices aux Dieux, peuvent contempler le soleil, ils peuvent parvenir jusqu’à lui.

Lorsque quatre années ont passé, ils se changent en beaux oiseaux : colibris, oiseaux-mouches, oiseaux dorés avec un cercle noir autour des yeux ; ou en papillons d’un blanc brillant, en papillons aux fines soies, en papillons grands et multicolores, comme les vases pour boire, et ils vont se délecter là-bas, à l’endroit de leur repos, et ils ont l’habitude de venir sur terre et ils se régalent dans les fleurs rouges comme du sang : la paisentia, l’érythrina, la carolinea, la calliandra. » (Poésie épique Nahuatl)

« Les vieux ont dit que le soleil les appelle à lui, pour qu’ils vivent avec lui là-bas dans le ciel, pour qu’ils le réjouissent, qu’ils chantent en sa présence et lui fassent plaisir.

Ils sont en continuelle réjouissance avec le soleil, ils vivent dans de perpétuels délices, ils goûtent et sucent l’arôme et le suc de toutes les fleurs savoureuses et odorantes, ils ne ressentent jamais ni tristesse, ni douleur, ni langueur, car ils vivent dans la maison du soleil, où il y a des richesses de délices.

Et ceux qui, ainsi, meurent dans les guerres, sont très honorés ici dans le monde, et cette sorte de mort est désirée de plusieurs.

Beaucoup envient ceux qui meurent ainsi, et c’est pour cela que tous désirent cette mort, car ceux qui meurent ainsi sont très glorifiés. » (Sahagún, II, 140)

Énigmatiques poèmes solaires, vérités transcendantales que l’anthropologie profane ne connaît pas.

On a dit beaucoup de choses sur le Makara, l’Écailleux, le fameux Dragon volant de Médée.

On peut encore voir au British Museum, un exemplaire de Dragon ailé et pourvu d’écailles.

Le grand Dragon respecte et vénère seulement les Serpents de Sagesse. Il est déplorable que les assyriologues ignorent totalement la condition du Dragon dans la Chaldée antique.

Le symbole merveilleux du Dragon a assurément sept significations ésotériques.

Il n’est pas superflu d’affirmer catégoriquement que dans son sens le plus élevé il est identique au « Né par lui-même », au  Logos, à l’Aja hindou.

Dans son sens le plus infernal, il est le Diable, cette excellente créature que l’on a appelée Lucifer, le Porteur de lumière, l’Étoile du Matin, le « laiton » des vieux alchimistes médiévaux.

Chez les gnostiques chrétiens appelés Naassènes ou adorateurs du Serpent, le Dragon était le « Fils de l’Homme » ; ses sept étoiles brillent glorieuses dans la main droite de l’Alpha et l’Oméga de l’Apocalypse de Saint-Jean.

Il est déplorable que le Prométhée-Lucifer des temps anciens se soit transformé en le Diable de Milton.

Satan redeviendra le Titan libre d’autrefois lorsque nous aurons éliminé de notre nature intime tout élément animal.

Il nous faut, avec la plus grande urgence, sans aucun délai, blanchir le Diable, et ceci n’est possible qu’en luttant contre nous-mêmes, en dissolvant tout cet ensemble d’agrégats psychiques que constituent le Moi, le Moi-même, le Soi-même.

C’est seulement en mourant en nous-mêmes que nous pourrons blanchir le laiton, et contempler le Soleil de Minuit (le Père).

Tous ceux qui meurent dans la guerre contre eux-mêmes, ceux qui parviennent à l’annihilation du Moi-même, brillent, resplendissants, dans l’espace infini et pénètrent dans les différents départements du Royaume (ils entrent dans la Maison du Soleil).

L’allégorie de la Guerre dans les Cieux a son origine dans les temples d’initiation et dans les cryptes archaïques.

Michel lutte contre le Dragon Rouge et Saint-Georges contre le Dragon Noir, ils sont toujours en guerre, Apollon et Python, Krishna et Kaliya, Osiris et Typhon, Bel et le Dragon, etc.

Le Dragon est toujours la réflexion de notre propre Dieu intime, l’ombre du divin Logoï qui du fond de l’Arche de la Science, attend, dans une mystique expectative, le moment d’être réalisé.

Se battre contre le Dragon signifie vaincre les tentations et éliminer tous et chacun des éléments inhumains que nous portons en dedans (colère, cupidité, luxure, envie, orgueil, paresse, gourmandise, etc.).

Ceux qui meurent sur l’Autel du Sacrifice, c’est-à-dire du Sacro-office, dans la Neuvième Sphère, vont à la Maison du Soleil, ils s’intègrent avec leur Dieu.

Sur la terre sacrée des Védas, Arjuna tremble et frémit en plein champ de bataille, en comprenant qu’il doit tuer ses propres parents (ses multiples Moi ou défauts psychologiques qui constituent l’armée ennemie).

Pour les authentiques mexicains, ce qui détermine le lieu où ira l’Âme après la mort, c’est le genre spécifique de mort et le type de travaux qu’a effectué le défunt durant sa vie.

Même les guerriers ennemis qui ont péri dans la dure bataille ou qui, capturés comme prisonniers, ont été sacrifiés sur la Techcatl, la pierre des sacrifices, peuvent entrer au sublime Royaume de la Lumière Dorée (le Paradis du Soleil). Ces ennemis sacrifiés vont à un Dieu spécial qui est Teoyaomiqui, la « Déité des ennemis morts ».

L’aspect ésotérique de ce thème de la religion populaire est transcendantal.

Le comprendre est indispensable : les chrétiens aussi devraient vénérer les saints des autres credos, religions et langues.

Les femmes mortes en couches qui demeurent, heureuses, dans le paradis occidental judicieusement appelé Cincalco, la « maison du maïs », sont également très vénérées.

Indubitablement, avant de se transformer en Déesse, la femme morte à l’accouchement jouit d’extraordinaires pouvoirs magiques, selon ce qu’affirme la religion de l’Anahuac.

On dit aussi de la femme qui meurt en couches, qu’elle a vaincu l’ennemi. Les jeunes guerriers convoitent son bras droit et essaient de s’en emparer car il les rendra invincibles au combat, raison pour laquelle le cadavre de ces femmes est toujours rigoureusement surveillé par les hommes du clan, armés de pied en cap afin d’éviter la mutilation.

Il est intéressant de remarquer que ces femmes, avant de se convertir en déesses, descendent sur terre, transformées en spectres terrifiants et de mauvais augure, portant en guise de tête un crâne de squelette, leurs mains et leurs pieds pourvus de griffes, selon ce que disent les Mystères de l’Anahuac.

Ce sont d’extraordinaires états post mortem que ceux de ces nobles femmes qui meurent en couches.

Durant cet évanouissement de trois jours dont parle le Bardo-Thödol, et qui suit toujours le décès du corps physique, ces défuntes revivent la vie qui vient de s’écouler et elles paraissent alors sous l’aspect de fantômes souffrants et d’horrible apparence.

Cependant, une fois terminées les expériences rétrospectives de l’existence révolue, l’Essence, en l’absence du Moi, s’élève de sphère en sphère, jusqu’à s’immerger dans la félicité solaire.

Beaucoup plus tard, une fois épuisé leur bon Dharma, ces âmes doivent inévitablement retourner dans une nouvelle matrice.

Les sages sacerdotes de l’Anahuac ont toujours affirmé de façon péremptoire que les Cihuateteo ou « femmes déesses » mortes en couches, vivent dans le paradis occidental, appelé « Cincalco », la « maison du maïs ».

Du germe, du grain naît la vie, et elles ont donné leur vie précisément pour la créature naissante.

La Mère Nature sait toujours payer de la meilleure façon possible le sacrifice solennel de ces femmes bénies.

Le bonheur de ces âmes dans les cieux de la Lune, de Mercure, de Vénus et du Soleil, est indescriptible.

Malheureusement, toute récompense s’épuise et, finalement, ces âmes reviennent à l’intérieur du Moi afin de pénétrer dans une nouvelle matrice.

Ceux qui meurent noyés dans les eaux tumultueuses des rivières ou des mers, ou dans les ondes profondes des lacs, ou par la foudre, entrent dans le bienheureux Paradis de Tlaloc, qui est situé au sud, région de la fertilité et de l’abondance, où existent toutes sortes d’arbres fruitiers et où abonde le maïs, les haricots, la chia et une foule d’autres aliments.

Les splendides peintures découvertes dans le Temple de Teotihuacan viennent nous démontrer la ferme croyance en le Tlalocan, le fameux Paradis de Tlaloc.

Dans les dimensions supérieures de la nature se trouvent plusieurs paradis de félicité ; il n’est pas inutile de rappeler le Royaume du Bouddha Amitabha, que les lamas tibétains situent à l’Ouest.

Le Bardo-Thödol cite plusieurs de ces Édens : le « Royaume du Suprême Bonheur », le « Royaume de la Dense Concentration », le « Royaume des longs Cheveux », Vajrapani ou le « Vihara illimité » de la Radiation du Lotus, Padma Sambhava en la présence d’Urgyan, etc.

La doctrine secrète de l’Anahuac enseigne qu’il y a treize cieux et elle affirme solennellement que dans le plus élevé de tous vivent les âmes des enfants qui meurent avant d’avoir eu l’usage de la raison.

La doctrine du Mexico antique dit que ces âmes innocentes attendent que l’actuelle humanité soit détruite dans le grand cataclysme qui s’en vient, pour se réincarner dans la nouvelle humanité. Dans le Tibet millénaire, le Bardo-Thödol guide les défunts qui désirent se libérer afin de ne pas retourner dans ce monde d’amertumes.

Sur la terre sacrée des pharaons, beaucoup d’âmes ont réussi à s’échapper de ce cloaque du Samsara, après avoir travaillé à la dissolution de l’Ego.

De terribles épreuves attendent les trépassés qui désirent ne pas revenir dans ce monde ; s’ils en sortent victorieux, ils entrent alors aux royaumes suprasensibles cités plus haut ; dans ces régions ils sont instruits et aidés avant de s’immerger, heureux comme des enfants innocents, dans le Grand Océan.

Beaucoup de ces âmes reviendront dans l’Âge d’Or, après le grand cataclysme, pour travailler à leur autoréalisation intime.

Il s’avère incontestablement intelligent de savoir se retirer à temps, avant que ne se termine le « cycle d’existences ».

Il est préférable de se retirer de « l’école de la vie » avant d’en être expulsé ; l’Involution dans les entrailles submergées de la Terre, dans le ténébreux Tartare, est assurément très douloureuse.

Au pays ensoleillé de Khem, à l’époque du pharaon Khéphren, j’ai connu personnellement un cas exemplaire.

Il s’agit d’un citoyen très religieux qui n’avait jamais fabriqué les corps existentiels supérieurs de l’Être.

Ce mystique, très sérieux en soi, mais se croyant incapable d’accomplir les ordalies de l’Initiation et sachant le destin qui attendait les âmes après chaque cycle ou période d’existences, a préféré se retirer de la scène cosmique.

Ce dévot n’a jamais connu le mystère indicible du Grand Arcane, mais il avait le Moi et il savait qu’il l’avait, et il désirait le désintégrer pour ne plus retourner, après la mort, à cette vallée de larmes.

Il est ostensible que sa Divine Mère Kundalini, Tonantzin, Isis, l’a toujours assisté dans le travail de dissolution de ces éléments qui constituent le Moi-même.

Jamais je n’affirmerais que cet homme religieux soit alors parvenu à l’élimination totale des éléments inhumains ; cependant, il s’avança beaucoup dans son travail et, après la mort du corps physique, il arriva dans l’au-delà avec l’intention inébranlable de ne pas revenir dans ce monde.

Puis, après l’évanouissement déjà évoqué de trois jours, cette âme a dû revivre de façon rétrospective l’existence qui venait de s’achever.

Une fois terminé le travail rétrospectif, le défunt ayant été informé du résultat de toutes ses actions autant bonnes que mauvaises, il resta ferme dans le dessein de ne plus retourner.

Le hurlement terrible du « Loup de la Loi », qui épouvante tellement les trépassés, l’épouvantable ouragan de la Justice objective, les sinistres tempêtes du pays des morts, les innombrables couples qui copulent sans fin, les attractions et répulsions, sympathies et antipathies, les terreurs cavernaires, etc., ne réussiront jamais à faire renoncer cette âme à sa ferme résolution.

La voix solennelle des sacerdotes égyptiens qui, pendant sa vie, lui avaient promis leur aide, arrivait jusqu’au défunt, lui rappelant sa résolution.

Keb, son Père qui est en secret, et Nut, sa Divine Mère Isis, soumirent leur fils (le défunt) à l’épreuve finale ; mais le désincarné en sortit victorieux.

Par suite de tous ces triomphes intimes, le défunt entra tout heureux dans un paradis moléculaire très semblable à celui de Tlaloc.

Dans cette région d’indiscutables délices naturels, la créature désincarnée poursuivit avec plein succès le travail sur elle-même.

Devi Kundalini, Tonantzin, Isis, Marie, sa Divine Mère particulière, l’aida de manière directe en éliminant de son psychisme les résidus inhumains qui restaient encore.

Au fur et à mesure que le défunt reconquérait son innocence et qu’il mourait toujours davantage en lui-même, il passait par diverses métamorphoses ; il assuma au début la figure ineffable d’une tendre demoiselle et enfin celle d’une enfant de trois ans, et alors, en tant que simple Bouddha élémental, il s’immergea dans l’océan de l’Esprit Universel de Vie, au-delà du bien et du mal.

Cette créature fut sans nul doute sincère avec elle-même ; ne se sentant pas capable d’atteindre l’adeptat, elle préféra se séparer de la scène du monde, retourner au point de départ originel et continuer à l’état de simple élémental.

Ces âmes peuvent se réincarner, si elles le veulent, dans le futur Âge d’Or, après le grand cataclysme qui approche, pour pénétrer les mystères ; cependant la plupart de ces innocentes créatures préfèrent demeurer pour toujours à l’état élémental.

Lorsque nous, les initiés de la vieille Égypte, avons donné ces enseignements au peuple, nous étions assis en groupes de quatre autour de petites tables carrées ; par ceci nous représentions de manière allégorique les quatre états fondamentaux par lesquels doit passer toute âme qui désire se retirer de la roue du Samsara.

Une fois consommée l’élimination des résidus inhumains dans la psyché du défunt, celui-ci devra expérimenter en lui-même le « vide illuminateur » : c’est le Dharmakaya.

Ce vide n’est pas de la nature du vide du néant, mais un vide intelligent ; c’est l’état de l’esprit dans le Sambhogakaya.

Vide et clarté sont inséparables ; le vide clair par nature, et la clarté par nature vide, est l’Adhikaya, l’Intelligence illuminée.

L’Intelligence illuminée, brillant sans obstacles chez le défunt qui est parvenu à mourir complètement à lui-même, irradie de toutes parts : c’est le Nirmanakaya.

C’est seulement par l’expérience directe des quatre Kayas qu’il est possible d’obtenir la libération totale.

Très différent est le sort qui attend les âmes qui terminent une période quelconque de manifestation sans s’être libérées.

Ceux qui n’ont pas été élus par le Soleil ou par Tlaloc, disent les aztèques, vont tout simplement au Mictlan, et là ces âmes subissent d’épouvantables épreuves magiques en passant par les enfers.

En premier lieu, pour parvenir au Mictlan, elles doivent d’abord passer par le fleuve bourbeux, l’Achéron ou le Chignahuapan, dans la barque de Charon, comme le dit Dante dans sa Divine Comédie ; c’est, incontestablement, la première épreuve à laquelle sont soumis les Dieux Infernaux.

« Malheur à vous, âmes dépravées ! N’espérez jamais revoir le ciel. Je viens pour vous conduire à l’autre rive, où règnent d’éternelles ténèbres, au milieu des flammes et de la glace. » (Dante, l’Enfer, Chant Troisième)

Les sages mexicains ajoutent que l’âme doit ensuite passer entre deux montagnes qui se rapprochent l’une de l’autre ; en troisième lieu, par une montagne d’obsidienne ; en quatrième lieu par la région où hurle affreusement un vent glacial ; ensuite, par l’endroit où flottent les bannières ; en sixième lieu, par l’endroit où l’on est percé de flèches ; dans le septième cercle dantesque se trouvent les bêtes féroces qui mangent les cœurs ; dans le huitième, disent les aztèques, il y a le passage étroit au milieu des pierres ; et dans le neuvième et dernier cercle de Dante, à l’intérieur de la Terre, existe le Chignahumictlan où l’on passe par la « seconde mort » si justement décrite dans l’Apocalypse de Saint-Jean.

Après cela, ces âmes se reposent en entrant aux paradis élémentaux de la nature ; elles amorcent alors de nouveaux processus évolutifs qui doivent commencer par le règne minéral, se poursuivre dans le végétal, puis dans le règne animal, et culminer en cet état d’humanoïde qu’elles avaient autrefois perdu.

Ce chapitre est extrait de La Doctrine Secrète de l’Anahuac (1974) de Samael Aun Weor.