Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : La Doctrine Secrète de l’Anahuac
Le véritable Lucifer de la doctrine archaïque est, puisqu’il faut le réhabiliter et le dignifier en retrouvant son essence intime, tout le contraire de ce que les théologiens, tels que Des Mousseaux et le marquis de Mirville l’ont supposé, car il est, assurément, l’allégorie de la droiture, le symbole extraordinaire et merveilleux du sacrifice le plus haut (le Christus-Lucifer des gnostiques), et le même Dieu de Sagesse sous d’innombrables appellations.
Xolotl-Lucifer-Prométhée est un avec le Logos platonicien, il est le Ministre du Démiurge Créateur et le Seigneur resplendissant des sept séjours de l’Hadès, du Sabbat et du monde manifesté ; de lui relèvent l’Épée et la Balance de la Justice Cosmique, puisqu’il est, sans nul doute, la norme du poids, l’étalon de mesure et l’essence du nombre, l’Horus, le Brahma, l’Ahura-Mazda toujours Ineffable.
Lucifer-Xolotl, le double de Quetzalcóatl, est le gardien de la porte et des clés du Lumitial, pour que n’y puissent pénétrer que les Oints qui possèdent le secret d’Hermès.
Ceux qui maudissent témérairement Lucifer-Nahuatl se prononcent en fait contre la réflexion cosmique du Logos, ils anathématisent le Dieu vivant manifesté dans la matière et renient la sagesse toujours incompréhensible qui se révèle à part égale dans les contraires de la lumière et des ténèbres.
La gloire de Satan est l’ombre d’Adonaï et le trône de Satan est l’escabeau du Seigneur.
Homologie, ressemblance, similitude : Soleil et Ombre, Jour et Nuit : la Loi des contraires.
Elles sont au nombre de deux, les Armées du Logos ou du Démiurge Architecte de l’Univers : dans les espaces sublimes, les troupes aguerries de Michel, et dans l’Abîme du monde manifesté, les légions de Satan.
Ce sont, ostensiblement : le Non-Manifesté et le Manifesté ; le virginal et le déchu dans la génération animale.
C’est incontestablement sur Satan seul, jamais sur le Logos, que retombe la honte de la génération ; celui-là a perdu son éclat virginal élevé de Kumara lorsqu’il a mangé du fruit défendu.
Grâce à la résurrection ésotérique, Lucifer-Nahuatl reconquiert l’état virginal de Kumara.
La pierre angulaire du Grand-Œuvre est Lucifer-Nahuatl. C’est sur cette pierre maîtresse, que les sages ont situé au fond même de notre système sexuel, que le grand Kabire Jésus a édifié son Église.
La pierre brute, avant d’être taillée pour le Grand-Œuvre, est, certes, impure, matérielle et grossière ; c’est pour cette raison intrinsèque qu’elle reçoit le nom de Diable.
Répéter s’avère parfois indispensable : il nous faut comprendre intégralement et sans délai que chacun de nous a son Xolotl-Lucifer particulier, réflexion parfaite de son Logos spécifique.
Lucifer-Xolotl sous la forme aztèque du chien luciférien, terreur de beaucoup de gens, pénètre d’habitude dans l’espace tridimensionnel d’Euclide pour se rendre visible et tangible dans le monde physique.
Le Comte Gaspard Moir de Loca, illustre seigneur des temps passés, raconte comment se comportait « Prestigiar », l’étrange chien du Docteur Faust.
Ce chien noir à longs poils et au regard pénétrant était indubitablement très intelligent.
Un soir, comme le chien voulait se coucher au centre éclairé de la somptueuse salle de séjour, en présence du Comte, Faust, s’adressant à Prestigiar, lui dit un mot dont le célèbre aristocrate ne comprit pas la signification, et l’animal, la queue entre les jambes, sortit de la pièce, en refermant lui-même la porte.
Cet étrange comportement du chien ne parut franchement pas très naturel au Comte.
Le Docteur Faust, en souriant, demanda à son ami comment il avait trouvé son chien, et lui, répondant clairement et sans ambages, dit qu’il le reverrait avec plaisir.
Rappelé par son maître, ce chien des Mille et Une Nuits bondit à l’intérieur de l’enceinte et sauta ensuite sur un banc rustique.
Les yeux de cette créature semblaient des billes de feu ardent ; le chien avait pris un aspect terrifiant.
Lorsque le Docteur Faust lui caressa le dos, le poil noir du mystérieux chien changea de couleur ; il devint blanc, puis jaune et finalement rouge.
Le Comte, homme très prudent, préféra garder un respectueux silence ; il décida après de parler d’autre chose.
Ainsi donc, le chien participe de la magie.
Ce généreux animal a toujours été, dans les temps anciens, consacré au Dieu Mercure.
Il est manifeste que les vieux Hiérophantes de l’antique Égypte tenaient le chien en grand honneur.
L’austère gardien du temple d’Esculape, dans la Rome auguste des Césars, était toujours un chien.
Les Romains vénéraient le chien, mais aussi, chose paradoxale, ils en crucifiaient un tous les ans.
Les Dieux et les hommes savent très bien que chaque année, une de ces précieuses créatures était crucifiée, châtiment implacable infligé aux chiens pour le crime de ne pas avoir averti les Romains de l’arrivée des Gaulois.
Les chiens sacrés du Temple de Vulcain, sur l’Etna, étaient religieusement traités.
N’oublions jamais que Cerbère, le chien gardien des enfers, caressait ceux qui entraient et dévorait sans pitié ceux qui essayaient d’en sortir.
Antre épouvantable où hurle Cerbère, prodige de terreur, qui, avec ses aboiements, ses dents acérées, ses trois énormes têtes aplaties et son cou enroulé de serpents, remplit tous les défunts d’épouvante.
La légende des siècles dit que Cerbère fut endormi par la Lyre d’Orphée quand celui-ci descendit au Tartare pour y chercher Eurydice.
Nul doute que la Sibylle a aussi endormi Xolotl-Lucifer-Cerbère, avec une pâte de miel et de pavots.
L’intervention extraordinaire de Cerbère dans toute la liturgie funéraire est bien connue.
Dans les sépultures royales des temps anciens, et encore au Moyen-Âge, on mettait un chien sous les pieds froids du gisant ; symbole infernal profondément significatif.
N’oublions pas le « Lévrier », Can-Grande, Della Scala, seigneur de Vérone et bienfaiteur de Dante.
Il ne se nourrit pas de terre ni d’étain, mais de Sagesse, d’Amour et de Vertu.
Beaucoup d’autres animaux participent de la Haute Magie : le corbeau, symbole de la corruption et de la mort de tous les éléments inhumains que nous portons en nous ; la blanche colombe, qui représente la pureté et la chasteté, de même aussi que le Troisième Logos ; l’aigle jaune, qui avertit l’alchimiste de la proximité du triomphe ; le faisan rouge qui, associé à la pourpre des Rois, annonce au sage la consommation totale du Grand-Œuvre.
L’énigmatique et puissant docteur Faust, très vénérable et admirable Maître, illustre tahar, vivait dans l’aisance et le confort, comme une personne très riche. Il accordait aux animaux un rôle occulte et il aimait s’entourer d’eux, les associant à ses prodiges.
À cette époque (1528) de vieille noblesse aux nombreux et remarquables titres et au sang bleu, Faust, à la cour de Prague, réalisait d’extraordinaires prodiges.
Pendant ce temps, un élégant gentilhomme de ses amis qui vivait heureux dans une splendide demeure appelée À l’Ancre, située rue du Château, à Erfurt (un endroit où logeait souvent le docteur Johann Faust, enchanteur et magicien), célébra une grande fête.
Mais les seigneurs invités au festin, assis à la table dorée, se mirent à réclamer Faust à cor et à cri ; l’amphitryon de la royale demeure leur déclara que Faust, l’homme à la merveilleuse science, se trouvait à Prague.
Cependant, le vin l’ayant exaltée, la bruyante assemblée n’en continuait pas moins d’appeler Faust avec une insolite véhémence, le suppliant d’accourir au banquet.
À ce moment, quelqu’un frappa à la porte du somptueux palais. Le domestique vit, par la fenêtre du premier étage, que Faust était à côté de son cheval, devant la porte, comme s’il venait de mettre pied à terre, et il faisait signe qu’on lui ouvrît.
Le serviteur courut avertir le maître, qui se mit à rire bruyamment, déclarant que c’était impossible, puisque le Docteur Faust se trouvait à Prague.
Faust réitéra son appel sur le seuil de la riche demeure ; le Seigneur de la résidence alla regarder à son tour. C’était bien lui ! De ce ton impératif et catégorique qui caractérisait les Seigneurs féodaux, il ordonna d’ouvrir et d’offrir à Faust le meilleur accueil. Le fils du gentilhomme conduisit le cheval aux écuries, promettant de lui donner tout le fourrage qui serait nécessaire.
Le Docteur Johann Faust prit place à la table du festin, à l’étonnement général des convives.
Le digne Seigneur de cette demeure, émerveillé au plus haut point, ne put certes pas résister au désir de demander à Faust comment il avait pu venir aussi rapidement de Prague.
— Je le dois à mon cheval, répondit-il. Comme Messieurs vos hôtes désiraient si vivement me voir et m’appelaient, j’ai voulu me rendre à leurs désirs et apparaître au milieu d’eux, bien que je ne puisse pas rester longtemps, car il est indispensable que demain à l’aube je sois de retour à Prague.
Le royal banquet fut très gai, le Docteur exécuta avec grand succès ses habituels prodiges, et il abusa même du vin et des sortilèges.
Il n’est pas superflu d’évoquer dans ces pages le chœur des joyeuses lyres, les coupes ouvragées, le vin noir, les verres effervescents dont les bords brillaient de reflets irisés tremblants et changeants ainsi qu’un collier de prismes.
Le vin noir qui enflamme le sang et rend le cœur allègre, fruit fermenté de la vigne qui inspire tellement les bardes aux cheveux longs.
Au milieu du tumulte et de la fête, Johann Faust s’exclama d’une voix forte, proposant que l’on goûtât aussi des vins étrangers.
Ceux qui assistèrent à la scène disent que d’un récipient improvisé coulèrent alors comme une source les jus fermentés de divers crus, miracle Faustien très semblable à celui des Noces de Cana célébrées en Galilée.
Mais tout à coup, de façon inusitée, le fils de l’amphitryon pénétra dans la salle, l’air visiblement contrarié : Monsieur le Docteur, dit-il, votre cheval mange comme un enragé !
J’aimerais mieux donner la provende à dix ou vingt chevaux qu’au vôtre tout seul ; il m’a déjà dévoré plus de deux boisseaux d’avoine que j’avais préparés, et il est toujours là à attendre devant la mangeoire et regarde autour de lui pour voir s’il en vient d’autre.
Les convives éclatèrent tous de rire, et il ne s’agissait pas du subtil sourire de Socrate, mais du rire tonitruant d’Aristophane.
Le jeune homme poursuivit, impassible : je veux tenir ma parole et le rassasier, dussé-je risquer, pour cela, plusieurs mesures d’avoine.
Faust répondit que c’était inutile, que son cheval avait bien assez mangé, et qu’il engloutirait toute l’avoine de la terre sans que sa faim fût apaisée.
Incontestablement, ce vigoureux coursier était nul autre que Lucifer-Nahuatl lui-même, l’extraordinaire Méphistophélès métamorphosé en bête ailée.
Méphistophélès-Xolotl-Lucifer, qui se changeait parfois, par œuvre de magie, en cheval volant, tel le Pégase des poètes couronnés, transportait Faust rapidement à travers la quatrième dimension, lorsqu’il le fallait.
L’effrayante orgie continua jusqu’à minuit. Alors le cheval hennit.
— Il faut maintenant que je parte, s’écria le savant Docteur.
Cependant, les invités, débordants de rires et d’ébriété, le retinrent par leurs supplications et dès lors il ne put partir.
Le cheval hennit horriblement une deuxième, puis une troisième fois. Le Docteur Johann Faust ne pouvait en aucune façon désobéir ; il prit alors congé de ses amis, fit amener son puissant coursier, l’enfourcha prestement puis s’en alla par la rue du Château.
Les gens racontent que lorsqu’il eut dépassé trois ou quatre maisons, le cheval s’élança dans les airs et l’on perdit de vue le Cavalier sur sa monture diabolique.
Le Docteur Johann Faust, enchanteur et magicien, fut sans aucun doute de retour à Prague avant le lever du jour.
Le Docteur Faust, au dire de la chronique d’Erfurt, a laissé certainement un souvenir très vivace. Encore aujourd’hui existe la fameuse maison appelée L’Ancre, ainsi qu’une ruelle qui porte le nom du savant lui-même.
En terminant ce chapitre, il me revient à l’esprit l’histoire insolite des soixante sorciers de Moctezuma voyageant, grâce au pouvoir de Lucifer, dans la quatrième verticale, vers la terre de leurs ancêtres, la Demeure Impérissable.
Ce chapitre est extrait de La Doctrine Secrète de l’Anahuac (1974) de Samael Aun Weor.