Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Enseignements Cosmiques d’un Lama
En ce monde de la manifestation cosmique, il n’existe en vérité de gloire aux couleurs plus hautes que celle d’être dans la Lumière créée de l’Univers, un de ces creusets dans lequel tout l’enchantement de l’âme se condense comme le feu de l’éther dans les soleils.
Il n’est pas vrai que Brahma, l’Esprit Universel de Vie, soit dépourvu en lui-même de cette splendide unité. Qu’importe que le sublime Prométhée, sous la terrible étincelle que son front attire, morde la boue de la terre dans sa lutte si, comme Antée, il se lève héroïque chaque fois qu’il tombe ?
Se battre, lutter, souffrir, se libérer finalement, se perdre comme une goutte diamantine dans l’océan de la lumière incréée est, certes, l’aspiration la meilleure. Les Dieux surgissent de l’abîme au moyen du feu et se perdent dans l’Absolu.
Au moment où j’écris ces lignes me viennent en mémoire tant de choses. Une de ces nuits-là, en profonde méditation intime, j’abandonnai le monde illusoire de Maya et, libéré de ces fers de l’existence amère, je me submergeai au cours du Samadhi dans le monde de l’esprit. Il n’y a pas de meilleur plaisir que celui de se sentir l’âme dégagée du corps, des sentiments et du mental.
Immense est la joie ineffable de ces Ames de Diamant qui se perdirent dans le Grand Alaya de l’Univers. Et enivré par l’extase, j’entrai par les portes du temple aux parois transparentes. Avec l’oeil ouvert de Dagma, avec cette vision spirituelle de l’Adepte ou Jivanmukta, je regardai vers le bas dans les profondeurs et je vis alors au fond de l’abîme nombre d’êtres chéris.
Océan du mental cosmique, précipice, fossé, profondeur qui épouvante. Comme ils souffrent ! Aïe ! Ne me désolez pas ainsi, ayez de la compassion pour moi. Que cesse notre écart, yeux qui font peine, yeux à l’aspect de feuilles trempées de rosée.
Et ces ombres se dilataient, mélancoliques et étranges, prenant des traces mystérieuses d’humidité qui éteint les teintes de flamme. Murmure de mots confus et vagues de la profonde tristesse de l’âme. Pauvres ombres ! Vaines formes du monde mental !
De même que la mer furieuse fouette sans clémence la plage de ses vagues, de même du monde du mental, de la mer de l’entendement surgissaient des vagues qui tentaient inutilement, désespérées, de fustiger le seuil du temple aux parois transparentes. Litelantes, la Dame Adepte, s’exclama indignée : « Ces femmes gênent vraiment, elles essaient d’arriver jusqu’ici », et elle dégaina son épée flamboyante tout comme moi. Ces épées se retournèrent un instant, menaçantes, lançant partout un feu dévorant. Et ces ombres vaines du mental universel se perdirent, terrifiées, dans l’épouvantable abîme de Maya. En l’absence du corps, des sentiments et du mental, nous en venons à expérimenter de manière directe ce qu’est la Vérité.
Ces pauvres ombres (egos) du Samsara ou terre des amertumes, sont certes un composé douloureux de pensée, sentiment et désir, qui en se concentrant dans telle ou telle autre direction, se convertit en fait en quelque chose de semblable à de la volonté.
Comme les êtres ineffables sont différents, ils sont, eux, forts, vivants, des créatures solaires, d’ardentes flammes. Il n’existe pas dans les seigneurs de la flamme, cette profonde tristesse de l’âme, ces yeux à l’aspect de feuilles chargées de larmes. Les feux intelligents de l’aurore de toute création sont saturés de félicité. Ces êtres d’or, ces ineffables, ne sont pas les douloureuses ombres du mental ; en eux resplendissent la Sagesse, l’Amour et le Pouvoir.
Ce sont les Ah-Hi mystérieux et terriblement divins qui demeurent au-delà du mental et des ombres qui pleurent. Dans la nuit cosmique profonde, avant que le coeur du système solaire ne commence à palpiter intensément, le mental universel n’existait pas, car il n’y avait pas d’Ah-Hi pour le contenir. Ces Ah-Hi mystérieux et terriblement divins constituent l’Armée de la Voix, le Verbe, la Grande Parole, les troupes d’êtres spirituels si distincts, si différents des ombres du mental qui pleurent.
A toute lumière, il se révèle ostensible, clair et palpable, que ces êtres bienheureux, que ces flammes bienheureuses, surgissent du sein de l’Absolu, à l’aube de la vie, pour donner et établir des lois dans le vivant laboratoire de la nature.
A la fin du jour, le grand âge, ces ineffables cessent d’exister et se perdent finalement dans l’inconcevable joie du profond Espace Abstrait Absolu. Le mental en soi et toutes ses vaines ombres illusoires cessent d’exister réellement quand s’achève le Jour Cosmique. Les Dieux savent bien que dans le sein de la lumière incréée, le mental se dissout comme une bulle de savon. Dans ce qui n’a pas de nom, l’existence du mental est impossible, bien que ses latences permettent de deviner une lointaine possibilité pour le futur.
Au crépuscule de l’Univers qui scintille dans l’infini, les Elohim doivent rompre tout fer qui, d’une manière ou d’une autre, les attache à l’existence, et se libérer radicalement de tout ce qui s’appelle mental, volonté et conscience.
Ce chapitre est tiré des Enseignements Cosmiques d’un Lama (1970) de Samael Aun Weor.