Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Enseignements Cosmiques d’un Lama

Mort en moi-même, je fus confirmé dans la lumière ; j’entrai alors au temple et signai mes documents.

Le pas suivant consista en l’ascension au premier ciel de type lunaire ; les adeptes m’enseignèrent à me protéger de l’attraction fatale qu’exercent les enfers sublunaires sur quelqu’un. On me donna à sentir une branche qui avait sur moi un effet très spécial. Ce délicat parfum avait réellement une odeur de sainteté. « Avec ce parfum tu pourras te défendre de l’attraction lunaire » s’exclama l’adepte qui était en train de m’instruire.

Je connais vraiment cet adepte, il n’est rien moins que l’instructeur supérieur du temps des deux-fois- nés ; son caractère est semblable à du citron mais il irradie une infinie sagesse, un amour sans limite ni rive. Celui qui veut monter doit d’abord descendre, c’est la Loi. Toute exaltation est précédée d’une humiliation. J’avais besoin d’annihiler les corps lunaires, évidemment, ceux-ci constituant pour moi comme un fatal appendice.

Je commençai donc par le corps de désirs, le fameux Rupa Kama cité par H.P. Blavatsky, que beaucoup de pseudo-ésotéristes et pseudo-occultistes ont confondu avec le corps astral. Il est évident que tout animal intellectuel a le Rupa Kama et c’est, en vérité, justement le démon Apopi des mystères égyptiens. Je m’exclamai alors, avec le livre de la demeure occulte : « Ô Démon Apopi, tu dois mourir dans les profondeurs du lac du ciel, dans les enfers atomiques lunaires, là où mon Père qui est en secret a ordonné que tu meurs. Recule donc démon malin du désir devant les flèches de ma lumière qui te font beaucoup de mal ».

« Voici que les dieux qui m’aident déchirent ta poitrine sans aucune miséricorde. La déesse à tête de lion, épouvantablement divine, immobilise tes membres, te retire la force bestiale que tu possèdes ».

« La déesse à tête de scorpion, le troisième aspect de la Mère Divine, marchant en toi-même, transformée en ténébreux scorpion, fait pleuvoir sur toi sa coupe de destruction ».

« Disparais donc définitivement, Apopi, ennemi de Râ (le Logos) ; tu voudrais aussi te mêler aux mystères de la Loge Blanche, traverser victorieux les régions de l’orient interne et ceci en conservant le venin de tes désirs, mais tu t’es trompé de porte car ton destin est l’abîme et la mort ».

« Apopi ! Tu as été renversé ! La douleur que t’a infligée la déesse à tête de scorpion, tu l’as bien ressentie ! Tu ne connaîtras jamais plus les jouissances de la passion sexuelle ! »

« Râ, mon Dieu Interne, te fait reculer, fulminé par la foudre de la justice cosmique ; il te bat, te blesse à mort, ouvre mille coupures sur ton visage passionné, brise tes os, te réduit en poussière ».

Il y a dans les enfers atomiques lunaires des enchantements délicieux, des beautés terriblement malignes, fascinantes. Rappelez-vous, cher lecteur, que dans les miraculeuses cadences du vers, le délit se cache aussi.

Dans ces exquises régions de la concupiscence, enivrantes et qui rendent fou, jaillissent les délicieux vers infernaux comme ceux que nous transcrivons ensuite en manière d’illustration.

Désirs

Je voudrais franchir cette distance

cet abîme fatal qui nous divise

et m’enivrer d’amour de la fragrance

mystique et pure et que ton être répand.

Je voudrais être l’un des rubans

dont tu décores tes tempes radieuses.

Je voudrais, dans le ciel de tes bras,

faire la gloire que tu as sur les lèvres.

Je voudrais être eau et qu’entre mes vagues

qu’entre mes vagues tu vinsses te baigner

pour pouvoir comme j’en rêve tout seul

t’embrasser partout en même temps.

Je voudrais être lin et dans ton lit

là-bas dans l’ombre te couvrir avec ardeur

trembler avec le tressaillement de ton sein

et mourir de plaisir en te comprimant.

Oh je voudrais être bien plus ! Je voudrais

te porter en moi comme la nuée au feu

mais non comme la nuée en sa course

pour exploser et se séparer ensuite.

Je voudrais te confondre en moi-même

te comprendre en moi-même et t’enfouir en moi.

Je voudrais te confondre en moi

te confondre en moi et t’enfouir.

Je voudrais te convertir en parfum

te convertir en parfum et t’aspirer

T’aspirer en un souffle comme une essence

et unir à mes battements tes battements

et unir à mon existence ton existence

et unir à mes sens tes sens.

T’aspirer dans un souffle de l’ambiance

et voir ainsi sur ma vie calmement

tout l’appel de ton corps ardent

et tout l’éther du bleu de ton âme.

Le feu de la douleur est comme la flamme du verre en lequel la myrrhe se consume : parfois il purifie, élève et embaume, échange l’aloès âpre qui s’enflamme en un délicat parfum céleste.

En aucune manière il ne me serait possible de nier que dans le monde des morts, nous qui sommes morts en nous-mêmes, devons annihiler les corps lunaires.

Apopi, le Rupa Kama théosophique, en mémoire de vieilles passions sexuelles, secrète impudeur parfois mystique et ineffable, romance qui rend fou, poésie qui enivre de ses contes d’amour.

Je me remis entre les bras de ma Mère afin qu’elle fit de moi ce qu’elle voulait. Ô Dieu ! Elle me sauva ! Apopi est mort ! Quelle joie ! Cette bête ne pourra plus affliger mon coeur endolori.

Passa le galop des passions. Dans la forêt proche résonnent les voix des dieux ineffables. La passion sexuelle d’Apopi mourut, et non loin du nid où les oiseaux du mystère roucoulent leurs tendres mélodies, je me sens plus heureux que le cygne lumineux qui vit de Leda l’immortelle blancheur.

Je suis celui qui hier ne disait rien de plus que le vers bleu et la chanson profane. Comme la « Galatea Gongorina », la marquise de Verlaine m’enchanta vraiment, et j’associai ainsi la passion sublime à une sensuelle « hyperstésie » humaine. Dans le ton vif des musiques sonores qui anime le coeur des bacchantes ivres, buvant du vin, arrosant des roses et tissant des danses, je me vautrai dans la boue comme le porc.

Apopi est mort, elle est arrivée l’heure du suprême triomphe concédé à mes larmes et mes offrandes, par le pouvoir de ma Divine Mère.

Ce chapitre est tiré des Enseignements Cosmiques d’un Lama (1970) de Samael Aun Weor.