Écrit par : Samael Aun Weor Catégorie : Conférences de Samael Aun Weor
« En vérité, je vous le dis, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’y a pas eu de plus grand que Jean-Baptiste; cependant celui qui est le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. » – Matthieu 11 : 11
Ce soir, j’aime d’abord préparer l’environnement. Je supplie donc les frères et sœurs de faire attention…
Nous parlerons ce soir d’imagination et de fantaisie, de mémoire positive et de mémoire mécanique, etc.
Évidemment, il convient de faire une distinction complète entre l’imagination volontairement dirigée et l’imagination mécanique.
Incontestablement, l’imagination dirigée est une imagination consciente. Pour les sages, imaginer c’est voir. L’imagination consciente est la « translucide » ; elle reflète le firmament, les mystères de la vie et de la mort, l’Être, la réalité…
L’imagination mécanique est différente : elle est faite de restes de mémoire, c’est de la fantaisie, et il convient de l’approfondir.
Évidemment, avec leur fantaisie ou leur imagination mécanique, les gens ne se voient pas tels qu’ils sont, mais selon leur forme fantasmatique.
Il y en a plusieurs formes : incontestablement, l’une d’elles consiste, justement, en celle de ne pas se voir comme soi, comme on est. Rares sont ceux qui ont la valeur de se voir, dans sa crue réalité.
Je suis absolument sûr que ceux qui sont ici ne se sont jamais vus tels qu’ils sont. Leur imagination mécanique leur fait prendre un chat pour un lièvre ; dans leur imagination ou fantaisie mécanique, ils se voient d’une manière qui ne coïncide pas avec la réalité.
Si je disais vraiment à chacun de vous, ici présents, comment vous êtes, certainement, quelle est votre spécificité psychologique, je suis absolument sûr que vous vous sentiriez blessé. Il est clair que vous avez tous une mauvaise conception de vous-mêmes, vous ne vous êtes jamais vus. Vos formes fantaisistes vous donnent l’air d’être ce que vous n’êtes pas.
Parlant de manière allégorique et sympathique, je tenterai seulement d’en faire une exploration psychologique, grosso modo, sans citer de noms ni de prénoms, en utilisant des noms symboliques pour que chacun ici présent comprenne et écoute…
Que dirions-nous, par exemple, de « Cicéron » ? Quel grand orateur ! Lapidariste dans ses « diatribes », intelligent (qui le nierait ?), grandiloquent comme nul autre, formidable lapidaire. Mais sommes-nous sûrs que tout en lui est bienveillance ? Réfléchissons… Si l’on parlait de la gravité de ses fautes, il se sentirait blessé ; si nous le signalions, il protesterait violemment. Il n’a jamais assassiné « Popea » (nous avons laissé cette tâche à « Néron »); mais oui, Cicéron avec un « couteau en bois », a fait saigner le cœur de sa « Popea », mais lui, en aucun cas, ne se sentirait vraiment évoqué. Il s’est toujours senti magnanime, bon enfant, et c’est sa caractéristique fantastique : se voir à tort, à travers le prisme d’une bienveillance extraordinaire ; cela est évident…
Et que dirions-nous, par exemple, de ceux qui, aspirant à la lumière de l’esprit, ont échoué à leur base ? Ne dit-on pas qu’« Icare » est monté au ciel sur des ailes de cire, qu’elles ont fondu et qu’il a ensuite été précipité dans l’abîme ? Cependant, il ne pense pas (de lui-même) de cette façon. Il suppose qu’il est fidèle dans les rangs ; il est sûr d’être sur le bon chemin ; qu’il est noble plus que tout…
En continuant ainsi, sur ce chemin, qu’a laissé « Icare » après être tombé dans l’Averno ? Ne dit-on pas que « Ganymède » est monté à l’Olympe pour boire du vin ? Mais Ganymède peut aussi être jeté au pied de la falaise…
Ce disciple (appelons-le maintenant « Justinien », comme symbolisme), combien de fois s’est-il justifié ? Il est convaincu qu’il va très bien. Peut-être, ces derniers temps, s’est-il un peu amélioré, mais ne s’est-il pas plaint à certains moments ? Ne s’est-il pas plaint à l’autel du sacrifice ? Mais il se sent invaincu; il est sûr qu’il ne s’est jamais plaint. Il dira qu’il a toujours tout fait pour la grande cause, sans jamais faillir…
Au nom de la vérité (et même si cela peut sembler un peu difficile ici), rares sont ceux qui se sont vus tels qu’ils sont…
« Aristote », encore et encore, dans sa philosophie, est convaincu que sa sagesse est formidable. Être cruel ? Il n’a jamais ressenti cela. Époux ? Magnifique comme personne ; il a fait souffrir, mais il reste convaincu qu’il n’a jamais rien fait de mal ; il est sûr d’être magnifique, bienveillant, doux, etc.
Au nom de la vérité, je pourrais vous dire ceci : qu’il n’y a qu’une seule personne qui s’est vue telle qu’elle est ; rien de plus qu’un parmi tous ceux qui sont ici présents. Une ! Les autres, tous, ont une image fantastique d’eux-mêmes ; leur forme d’imagination mécanique les amène à se voir non pas tels qu’ils sont, mais tels qu’ils sont apparemment.
Alors, mes chers frères et sœurs, je vous invite à réfléchir. Demandez-vous si vous vous êtes déjà vraiment vu tel que vous êtes.
Les historiens, par exemple, qu’ont-ils écrit ? Des fantaisies et rien d’autre ! Que disent-ils de Néron ? « Qu’il était homosexuel » et qu’« il s’est marié, eh bien, avec un autre homosexuel ». D’où les historiens ont-ils tiré cela ? En ont-ils été témoins peut-être ? Au nom de la vérité, je dois vous dire que je me suis réincarné au temps de Néron et il n’était pas homosexuel du tout, je l’ai vu plusieurs fois sortir par les portes de la vieille Rome, assis sur sa litière, sur les épaules de ses esclaves (un homme au front large et au corps herculéen robuste)… Mais les historiens n’affirment pas cela, ils insistent sur l’idée d’un « bossu » horrible, abominable. Au lieu de le voir entouré (comme beaucoup le croient) d’homosexuels, c’est le contraire : je l’ai toujours connu entouré de ses beaucoup de femmes. J’ai vécu au temps de Néron, et j’en témoigne. Les historiens ont falsifié la réalité concernant cet homme.
Ne sont-ils pas en train d’accuser Marie-Antoinette d’être une « prostituée », une « adultère » et je ne sais quoi d’autre ? Personne n’ignore qu’un grand scandale a été fait au sujet du collier de la reine, des bijoux qu’elle avait donnés pour aider les autres. Mais de là à ce qu’elle ait été infidèle à Louis XVI, il y a une grande distance. Nous l’avons mise à l’épreuve dans les mondes supérieurs et elle s’est avérée terriblement chaste, avec le droit de porter la « robe blanche ».
Je l’ai vue traverser Paris, se diriger vers son échafaud : héroïque avec le front très haut. Elle ne devait rien, elle n’avait rien à craindre. Elle a donné sa vie pour la France ; ils n’ont jamais su l’apprécier, ce qu’elle vaut vraiment.
Beaucoup a été écrit dans l’histoire, mais c’est déformé. L’histoire ne vaut pas la peine d’être étudiée. Ils n’ont guère raison même sur les dates, la seule chose utile dont ils disposent, et cela, pas toujours, car il serait absurde pour nous d’accepter la date de l’année 1325 ou quelque chose comme ça, comme le début de la fondation de l’Empire Anahuac, de sorte qu’en l’an 1500 et tant d’autres, un tel empire disparaît sous la botte d’Hernán Cortés et de ses hommes de main.
Pensez-vous qu’en deux siècles une civilisation puissante, comme celle du grand Tenochtitlán, se serait élevée, s’il avait fallu des générations entières pour construire une seule pyramide ? Croyez-vous qu’une civilisation puissante, comme l’une d’entre elles, va s’élever en deux siècles ?
Les historiens aussi trafiquent les dates, les falsifient. C’est pourquoi, quand il s’agit d’histoire, il faut être très prudent…
Distinguer entre la mémoire mécanique et la mémoire travail ésotéro-Gnostique. La mémoire mécanique conduit à des conclusions erronées. Êtes-vous sûr de vous souvenir vraiment de votre vie telle qu’elle était ? Je ne vous interroge pas sur vos vies passées, mais sur celle d’aujourd’hui. Impossible : il y a des choses qui apparaissent défigurées dans la mémoire mécanique !
Si l’on, enfant, même si l’on est né dans une classe moyenne, a vécu au moins dans une maison propre et rangée ; on a joui du pain, des vêtements et du gîte, on a vu quelques pièces de monnaie, il peut arriver qu’au détour du temps et des années, on garde quelque chose de déformé dans sa mémoire mécanique. Parce qu’en tant qu’enfant, quelques factures ressemblent à des millions ; certaines petites clôtures, autour du patio ou de la chambre, peuvent nous paraître colossales, car notre corps est petit. Alors, il ne serait pas étrange qu’en grandissant on se dise : « enfant, bébé, je vivais ainsi… Ma maison était magnifiquement agencée, avec de grands murs, des plafonds fixes. Quels lits, quelle belle table, quel argent ! C’est un souvenir mécanique, enfantin et absurde.
Ainsi, la seule vraie mémoire est la mémoire travail.
Si par l’exercice rétrospectif nous entendions nous souvenir de l’enfance, nous verrions que la maison (des enfants de la classe moyenne) n’était pas le palais que nous pensions auparavant, mais une humble demeure, donc, d’un père travailleur et sincère. ; que ces « sommes fabuleuses » qui nous entouraient, n’étaient que, oui, quelques « pièces » pour payer le loyer de la maison et acheter le « journal »…
La mémoire mécanique est plus ou moins fausse ; et sinon, regardons le cas des fameux « tests » psychologiques… Si un groupe parmi vous part en excursion au Yucatan et voit exactement les mêmes monuments et les mêmes pierres, en revenant ici, chacun de vous donnera une version différente. Qu’est-ce que cela prouve ? Que la mémoire mécanique est infidèle, elle ne marche pas.
Vous savez combien de fois la même chose vous arrive. Vous avez raconté une histoire, vous avez raconté cela à un ami ; celui-ci, à son tour, l’a dit à un autre, mais quand il l’a dit, il a déjà rajouté ou retranché un peu ; ce n’est plus la même histoire, elle est déjà défigurée… Et cet autre, à son tour, la raconte à un autre, et puis l’histoire continue à se défigurer, et à la longue, même vous ne connaissez pas l’histoire. Elle a été tellement défigurée qu’elle ne ressemble en rien à ce que vous avez raconté.
C’est de la mémoire mécanique : elle ne marche pas. Et c’est cette fantaisie qui existe dans la mémoire mécanique (mémoire mécanique et fantaisie sont étroitement associés).
Comment alors contrôler la fantaisie ? Il n’y a qu’un moyen de la contrôler : par la mémoire travail. Si la mémoire mécanique, par exemple, nous fait voir notre vie telle qu’elle n’était pas et telle qu’elle n’a pas été, par la mémoire travail nous démembrons notre vie et nous en venons à la découvrir telle qu’elle est.
Qu’est-ce que cela signifie ? Que la mémoire que nous gardons après avoir exécuté le travail, nous permet de contrôler le fantaisie, de l’éliminer et de l’éliminer radicalement.
Il convient donc d’éliminer cette imagination mécanique, car elle ne nous permet en aucun cas un progrès ésotérique.
Voyez sinon, par vous-mêmes, cette dame qui se fixe devant le miroir, qui peint ses grosses poches sous les yeux, qui affine ses sourcils, qui met des cils énormes, enfin artificiels, qui se teint les lèvres en couleur rouge, etc. La voilà vêtue de la tenue du dernier modèle : et comme elle se regarde dans le miroir, elle est amoureuse d’elle-même ! Elle est persuadée qu’elle est magnifique… Si on lui disait qu’elle est affreusement laide, elle se sentirait blessée par sa vanité (et mortellement). Elle a une fantaisie terrible, ses formes de fantaisie la font paraître telle qu’elle n’est pas, sa fantaisie la fait paraître extraordinairement belle…
Donc, tout le monde a une mauvaise idée de lui-même, totalement fausse. C’est terrible !
On peut se sentir grand, capable de dominer le monde avec une intellectualité pétillante (on en est convaincu) ; mais si l’on se voyait dans sa crue réalité, si l’on découvrait que ce que l’on a dans sa personnalité n’est pas le sien, mais celui de quelqu’un d’autre ; que les idées qu’on a ne sont pas les siennes, mais qu’on les a lues dans tel ou tel livre ; celui-là est plein de terribles fléaux moraux. Mais rares sont ceux qui ont le courage de se déshabiller devant eux, de se voir tels qu’ils sont.
Chacun s’est projeté sur soi une forme de sa fantaisie, et ainsi, tel qu’on est réellement, on ne s’est jamais vu, et c’est terrible, effrayant…
Poursuivant ici, avec ces dissertations à haute voix, à partager avec vous, nous dirons que tant qu’on ne dissoudra pas ces fantaisies, on restera très loin de l’Être. Mais à mesure qu’on élimine de plus en plus toute forme de fantaisie, l’Être se manifestera de plus en plus, à l’intérieur de nous-mêmes.
Quand on plonge dans ce qu’est la vie, profondément, on découvre que, franchement, on n’a pas vu le monde tel qu’il est réellement. On l’a vu à travers les formes de sa propre fantaisie et rien d’autre.
L’imagination mécanique… que c’est sérieux ! parce que ces rêves de fantaisie, parfois, celui qui les rêve se tait, d’autres fois il en parle et d’autres fois il veut les mettre en pratique.
Évidemment, dans le troisième cas l’enjeu est sérieux, car lorsqu’un rêveur veut transformer ses rêves en réalité, il commet une folie affreuse, car il arrive que ses rêves ne coïncident pas avec la mécanique de la vie et là il finit par faire des folies… Un rêveur silencieux dépense beaucoup d’énergie vitale mais n’est pas si dangereux. Celui qui parle de ses rêves est fantaisiste, il peut contaminer d’autres psychés, d’autres personnes, mais le troisième, celui qui veut transformer ses rêves en faits concrets de la vie, celui-là est, eh bien, « fini » dans le mental, il est fou; c’est évident.
En poursuivant donc ces discussions, on voit bien que l’imagination mécanique ou fantaisie nous tient donc très loin de la réalité, de l’Être, et c’est vraiment dommage…
Les gens errent dans les rues en rêvant, ils y vont dans leurs fantaisies ; ils travaillent, rêvent de leurs fantaisies, ils se marient en rêvant, ils vivent une vie en rêvant et ils meurent en rêvant dans le monde de l’irréalité, leur fantaisie. Ils ne se sont jamais vus, jamais ; ils y voyaient toujours une forme de leur fantaisie.
Enlever cette forme de fantaisie à quelqu’un d’autre est cruel, terriblement cruel, terriblement cruel.
Il existe diverses formes de fantaisie (naturellement). Ainsi, chacun de ceux qui sont ici présents a ce que l’on pourrait dire un « Moi-fantaisie », un « personnage-fantaisie » qui ne coïncide pas avec la réalité.
Votre personnage imaginaire existe depuis le début, il existe maintenant et existera demain, et vous êtes convaincu que le personnage de votre fantaisie est la réalité, et il s’avère que ce n’est pas le cas (voici la partie grave de cette affaire).
Je répète : comment contrôler la fantaisie ? Il n’y a qu’un seul moyen de la contrôler : par la mémoire travail.
Si nous sommes sincères avec nous-mêmes, nous devons travailler à éliminer de nous-mêmes les éléments indésirables que nous avons et en les éliminant, nous découvrons un ordre dans le travail. Mais, qui vient établir cet ordre dans le travail ésotérique ? Notre Être. L’Être établit cet ordre, et ce mémoire travail nous permet d’éliminer la fantaisie de l’intérieur de nous-mêmes.
Mais il faut beaucoup de courage pour pouvoir briser, disons, le « Moi » fantasmatique que l’on possède, sa propre personnalité fantasmatique.
Vous êtes là, à m’écouter et je suis là, à vous parler et je suis sûr que, par exemple, notre frère Arce est convaincu de ce qu’il est, et dit : « Je suis Arce, je suis un homme d’affaires. Ma façon d’être est ceci, et ceci et cela »…
Qui pourrait dire à Arce que ce n’est pas Arce ? Qui pourrait lui dire qu’il n’est pas un homme d’affaires ? Qui oserait lui dire ? Et Arce le croirait-il ? Pourrait-il, peut-être, accepter l’idée de quelqu’un qu’il n’est pas l’homme d’affaires, qu’il n’est pas Arce, qu’il n’est pas ce qu’il pense être ? Je suis sûr que même Arce lui-même n’accepterait pas vos déclarations…
Samael Aun Weor : Que diriez-vous, Arce ?
Arce : Vénérable, avant votre enseignement, il n’y a aucun doute…
Samael Aun Weor : Mais que se passe-t-il si l’un de nous ici brise ce « Moi » fantastique que vous pensez qu’il est, que vous êtes sûr qu’il est ? Ainsi, il le déchire et dit « ce n’est pas vous ». Il se peut que vous me disiez : « Eh bien, quoi que vous disiez, maître, je suis d’accord »… Mais qui sait si, déjà à part, face à face avec l’interlocuteur, vous pensez différemment ? La chose la plus sûre est que vous répondriez à tel ou tel : « eh bien, c’est un concept que vous avez. Je suis Arce, et je suis ce que je suis »… C’est évident, n’est-ce pas ? C’est ainsi que vous vous êtes toujours connu, n’est-ce pas ?
Arce : Oui Maître…
Samael Aun Weor : Eh bien, eh bien, je vous dis que celui que vous avez toujours connu, celui que vous pensez qu’il est, n’existe pas ; c’est un de vos fantaisies. C’est un travail difficile, accepter ce que je vous dis, cela devient terriblement difficile. Mais plus tard, lorsque vous vous explorerez psychologiquement, vous vous rendrez compte que vous aviez une mauvaise conception de vous-même.
Et c’est ainsi que cela se passe, alors, avec chacun de nous ici présents : vous ne vous êtes jamais vus, vous avez toujours vu en vous une forme de fantaisie. C’est-à-dire que chacun de ceux qui sont ici présents a un « Moi » fantaisie, un personnage fantaisie qui n’est pas la réalité.
Or, il y a des moments terribles (je vous le dis), très rares, trop rares, où l’on parvient à voir, un instant, son propre ridicule. En quelques secondes, en quelques instants, où l’on est capable de percevoir son propre « Moi » fantaisie, son personnage fantaisie. Quand cela arrive, une douleur morale très profonde se fait sentir, mais alors viennent les « petits jeux » du mental, le moyen de redresser le tort, et à la fin on se console de cinquante mille manières et on oublie la chose, et le monde continue en marchant comme d’habitude… Ces éveils sont rares, très rares ; mais nous tous, à un moment donné, nous tous, les avons ressentis…
Il vaut donc la peine pour nous d’être honnêtes avec nous-mêmes ; c’est simplement une question de connaissance de soi, si nous voulons vraiment manifester l’Être que nous portons à l’intérieur de nous. Si nous désirons vraiment qu’un jour, la réalité et rien que la réalité reste à l’intérieur de nous, sans aucun atome de fantaisie, nous devons être sincères et avoir le courage de nous déchirer, de briser ce « Moi » fantaisie, ce personnage-fantaisie qui n’existe pas, que les autres savent qu’il n’existe pas, mais que l’on croit qu’il existe.
Bien sûr, vous devez utiliser le scalpel de l’autocritique ; sinon, ce ne serait pas possible ; nous avons tous besoin d’une autocritique non pas superficielle mais approfondie.
Si nous procédons ainsi, nous pourrons briser le « Moi » fantaisie, nous pourrons le détruire, le réduire en cendres, en poussière cosmique. Avec quel objectif ? Dans le but de découvrir l’Être.
Le « Moi » fantaisie éclipse l’Être, nous tient tellement fasciné par soi-même, par ce qu’on n’est pas, par ce qui n’est pas la réalité, ce « Moi » ne permet pas de découvrir l’Être ( l’Être qui est en soi, dans nos propres profondeurs)…
N’oubliez pas mes chers frères et sœurs que le « royaume des cieux » est à l’intérieur de nous-mêmes et qu’il a différents niveaux. De même, le « royaume de la terre » est ici, à l’intérieur de nous ; et le plus haut niveau de « l’humain de la terre » est plus petit, il n’atteint même pas, il ne touche même pas le loquet de la chaussure des pieds du plus petit de ceux qui vivent dans le « royaume des cieux ».
« Repentez-vous, car le royaume des cieux est proche. Car c’est celui dont il a été parlé par le prophète Isaïe, disant:
« La voix de celui qui crie dans (במדבר bemidbar – metzach-מצח – le mental) le désert : ‘Préparez la voie de יהוה Iod-Havah ; aplanissez (en Arabie ב-ערבה) une voie pour notre Elohim. »
Et le même Jean (dans Malkuth, le royaume de la terre) avait son vêtement de poil de chameau, et une ceinture de cuir autour de ses reins ; et sa nourriture était des sauterelles et du miel sauvage… »
« Je vous baptise en effet (dans Yesod) avec de l’eau pour la repentance ; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, dont je ne suis pas digne de porter les souliers : il vous baptisera du Saint-Esprit, et (dans Hod) avec le feu. » – Matthieu 3 : 2-4, 11
« Je baptise (dans Yesod) avec de l’eau : mais il se tient parmi vous quelqu’un que vous ne connaissez pas ; c’est celui qui vient après moi qui m’est préféré, dont je ne suis pas digne de délier le lacet de la chaussure. » – Jean 1 : 27
Mais, comment pouvons-nous sortir des différents niveaux de la terre, pour même entrer dans le niveau inférieur du « royaume des cieux » (dans la première échelle du « royaume des cieux », qui est à l’intérieur de nous, et non à l’extérieur de nous), pour passer du « royaume de la terre » au « royaume des cieux ».
Le royaume de la terre a différents niveaux : le plus grotesque, le plus haut, bien plus haut, le plus raffiné ; mais le plus raffiné des niveaux de la terre, ce n’est pas le « royaume des cieux ».
Pour passer de l’échelle la plus haute du « royaume de la terre », ou des « royaumes de la terre » au niveau le plus bas du « royaume des cieux », il faut un changement, une transformation, il faut renaître de l’eau et de l’esprit, il faut se dédoubler en deux : en la personnalité terrestre et l’humain psychologique, l’humain intérieur.
Mais comment se produit ce dédoublement, comment s’opèré ce dédoublement : un homme inférieur, terrestre, placé dans le niveau commun et ordinaire, et un autre dans une octave supérieure, en eux-mêmes ? Comment en effet la séparation en nous de ces deux types d’humains, aboutissant à l’inférieur et au supérieur, s’opère-t-elle ? Comment ? Pensez-vous que cela serait possible, si nous continuions à être fascinés par cette personnalité fantaisiste que nous croyons être la vérité, et ce n’est pas le cas ?
Tant qu’on est convaincu que la manière dont on vit est la vraie, le dédoublement psychologique ne sera pas possible ; il ne sera pas possible à l’humain intérieur de se séparer de l’extérieur ; il ne sera donc pas possible de pénétrer le premier échelon du « royaume des cieux ».
Évidemment, la fantaisie est ce qui a plongé l’humanité dans l’état d’inconscience dans lequel elle se trouve. Tant que la fantaisie existe, la conscience restera endormie.
Vous devez détruire la fantaisie. Au lieu de la fantaisie, nous devons avoir l’imagination consciente, l’imagination dirigée (la fantaisie est l’imagination mécanique), et au lieu de la mémoire mécanique, nous devons avoir la mémoire du travail ésotérique, la mémoire consciente.
Celui qui, par exemple, pratique l’exercice rétrospectif (faire le bilan de sa vie), met fin à la mémoire mécanique et instaure en lui la mémoire consciente, la mémoire travail. Celui qui à travers l’exercice rétrospectif peut se remémorer ses vies antérieures, met fin à la fantaisie et acquiert la mémoire travail.
Ainsi, la mémoire travail et l’imagination consciente nous permettront d’aller très loin sur le chemin de la découverte de soi.
Ainsi se terminent mes propos. Si l’un d’entre vous a quelque chose à demander, il peut le faire en toute liberté.
Questions et Réponses
Étudiant : Maître, quels pourraient être les meilleurs exercices pour développer correctement l’imagination consciente ?
Samael Aun Weor : Puisque l’imagination consciente est une imagination dirigée, il faut donc sans aucun doute apprendre à diriger l’imagination. Si, par exemple, nous relaxons notre corps et concentrons ensuite notre imagination sur quelque chose qui a de la vie (disons, sur le processus de naissance et de mort de toutes choses), nous développerons une imagination consciente…
Imaginons la graine, la graine d’un rosier en train de germer, comment la tige pousse ensuite, comment elle s’emmêle, comment elle lance des épis et des branches et des feuilles, des fleurs…
Réfléchissons alors au processus à l’envers, dans le processus d’involution : comment les pétales de la rose se fanent, comment les feuilles tombent et enfin, ce rosier se transforme en un tas de bâtons…
C’est un exercice merveilleux ; avec lui le développement de l’imagination s’accomplit de manière positive, avec lui l’imagination consciente s’accomplit, c’est ce qui compte.
Comment éliminer de nous la fantaisie, c’est-à-dire l’imagination mécanique ? Eh bien, simplement en dissolvant, d’abord, l’ego fantaisie, en le terminant. Nous devons commencer par nous voir tels que nous sommes, et non tels que nous sommes apparemment ou tels que nous pensons être.
Il est difficile de se voir tel qu’on est. Normalement, on se voit comme on n’est pas, on se voit comme on pense être, selon son propre fantaisie. C’est par là qu’il faut commencer pour briser la fantaisie.
Quand on s’est vraiment vu (tel qu’on est), dans la réalité la plus crue, on souffre généralement d’une terrible déception en soi, une affreuse déception (quelle horreur !). Alors on a la consolation de la sagesse…
Si on en finit avec la mémoire mécanique et qu’on établit la mémoire travail, eh bien, on élimine la fantaisie, parce que dans la mémoire mécanique il y a de la fantaisie.
J’ai déjà évoqué le cas des historiens. A quoi bon étudier les grandes œuvres de notre histoire, si ce ne sont que de pures fantaisies ? Les historiens étaient-ils présents à la Révolution Française ? Ont-ils rencontré Carlos V d’Espagne, ou quoi ? Ont-ils rencontré Philippe « le beau » ? Je pense qu’ils écrivent des versions défigurées par le temps, des produits de la fantaisie.
Si nous, au lieu d’une mémoire mécanique (qui est une pure fantaisie), établissons en nous-mêmes une mémoire travail, si nous travaillons sur nous-mêmes, en dissolvant les éléments indésirables que nous avons, nous acquérons évidemment une mémoire consciente, une mémoire travail.
Cette mémoire consciente ou mémoire travail est merveilleuse, car appliquée à l’histoire universelle, elle permettrait de vraiment découvrir, disons, dans les annales akashiques, la crue réalité de la Révolution Française ou de Marie-Antoinette. Ou tout ce que nous voulons ? De n’importe quelle page de l’histoire en général.
Ainsi, la mémoire consciente appliquée à nous-mêmes nous emmène très loin, et appliquée à l’univers, nous permet d’étudier les archives des régistres akashiques de la Nature.
Ainsi, à mesure qu’on élimine tout ce qui est fantaisie en soi, l’imagination consciente deviendra de plus en plus active, et l’imagination mécanique ou fantaisie disparaîtra, jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien.
D’autres questions frères et sœurs ?… Bon, puisqu’il n’y a plus de questions, nous allons continuer maintenant avec les autres parties de notre travail ésotérique…
Cette conférence a été originellement publiée en Anglais par Glorian. La conférence originale est Imagination, Fantasy, Work Memory, and the Truth about History.