Écrit par: Samael Aun WeorCatégorie: La Magie des Runes

Des oiseaux qui chantent, des ruisseaux qui bondissent, des roses qui parfument l’air ambiant, des clochettes qui appellent, arrêtez-vous, ombres de mon bien, belle illusion du jour, car la nuit est venue.

Nuit délicieuse constellée d’étoiles, permets-moi de t’offrir le pauvre don du vieux parc de mon cœur endolori ; c’est le mois de décembre, mais grâce à ton chant romantique, il aura les roses d’un mois de mai.

Je voudrais deviner quelle est cette voix qui nie constamment les choses vaines, qui les rejette, les répudie d’un non qui n’est pas de la haine et qui promet de nombreux oui.

Nuit divine, me voilà ici, enfin seul avec moi-même à écouter parmi les voix d’Isaïe ton gémissement insinuant qui me nomme.

Nuit enchanteresse, Uranie, ma vie ; pour toi, être malade, c’est être en santé ; tous ces contes qui, dans la lointaine enfance, divertissent le mortel, ne sont rien pour toi, car tu sens meilleur que la fragrance des jardins enchantés qui sommeillent, et parce que tu es plus diaphane, ô mon bien, que le palais de cristal diaphane. Avec une ardeur féconde, sans aucun incident, empreint d’une piété simple, je traversai les rues de la ville capitale de Mexico.

Traversée de la ville à minuit, parmi des cristaux ineffables, exempts de tout brouillard.

Qui est-ce qui siffle mon nom en parcourant ma demeure ? Qui m’appelle dans la nuit avec un accent si délicieux ? C’est un souffle de vent qui sanglote dans le clocher, c’est une douce pensée.

Je montai dans le vieux clocher de la cathédrale métropolitaine, chantant mon poème avec la voix du silence.

Des nuages de brouillard se perdaient à la cime des montagnes. De ces terres qui ont souffert des convulsions terribles, de ces cratères et de ces vomissements de lave, l’Iztaccihuatl et le Popocatepetl ont surgi comme par enchantement, les deux volcans légendaires qui surveillent la vallée de Mexico comme deux gardiens millénaires.

Et au-delà des montagnes lointaines, je vis des mondes et des régions ineffables, impossibles à décrire par des mots. « Regarde ce qui t’attend ! » me dit une voix généreuse qui ajoutait une musique au vent.

Chanson que personne n’écoutait, et qui résonne et résonne où que j’aille ; dans ses notes, je crois reconnaître ma voix.

Lorsque je descendis du clocher, quelqu’un me suivait, c’était un Chela, un disciple. Grande était ma joie, je me sentais enivré d’une exquise volupté spirituelle, mon corps ne pesait rien, je me déplaçais sous forme astrale, j’avais abandonné mon véhicule physique depuis quelque temps déjà.

Arrivé au portique de la vieille cathédrale, au pied des murs vétustes qui avaient été les témoins muets de tant de bagarres, de propos galants et de défis à travers les siècles, je vis une foule bigarrée et pittoresque d’hommes et de femmes, d’enfants et de vieillards qui vendaient çà et là leurs marchandises. Et là, assis comme un yogi oriental, adossé au mur sous le vieux clocher, dans un angle de la vieille cathédrale, un vieillard aztèque d’un âge indicible méditait.

N’importe quel endormi aurait facilement pu le prendre pour un autre marchand ; devant lui, sur la pierre froide du plancher, le vénérable avait un objet mystérieux, une sainte relique aztèque.

Humilié, confondu et méprisable devant ce saint indigène vénérable, je dus me prosterner avec révérence. L’ancien me bénit.

Mon Chela (disciple), qui avait suivi mes pas, avait l’air d’un somnambule ; sa conscience dormait profondément et il rêvait. Mais quelque chose se produisit tout à coup, il se pencha comme pour saisir un objet, et sans le moindre respect, voilà qu’il prend, qu’il ramasse la relique intouchable, qu’il l’observe dans ses mains avec une curiosité infinie ; je restai franchement horrifié par cette façon d’agir. Cela me parut terrible et je m’exclamai : « Mais qu’est-ce que vous faites ? Vous êtes en train de commettre un grand sacrilège ! Pour l’amour de Dieu, allez-vous en d’ici !, laissez cette relique à sa place ! »

Mais le Maître, rempli d’une infinie compassion, répliqua toutefois : « Il n’est pas coupable de tout cela, il est endormi. »

Alors, comme tout voyageur du chemin qui veut donner un baume précieux au cœur affligé, l’ancien prit la tête du néophyte endormi et souffla du fohat vivant sur son visage dans le but de l’éveiller ; tout cela s’avéra toutefois inutile, le Chela continuait à dormir et à rêver.

Rempli d’une amertume profonde, je dis : « Dire que j’ai tellement lutté là-bas, dans le monde physique, pour que ces gens-là éveillent leur conscience, et ils continuent quand même à être endormis. »

Le Chela avait pris une forme gigantesque : c’est le moi pluralisé (ensemble d’entités distinctes, différentes), situé dans ses corps lunaires, qui lui donnait cet aspect.

Comme il était curieux de voir cet immense géant de couleur grisâtre marcher lentement comme un somnambule dans le portique vétuste de la vieille cathédrale et s’éloigner de nous en direction de la maison où son corps physique dormait ! À cet instant, je ne pus que m’exclamer : « Que ces corps lunaires sont laids ! » Mais alors le vénérable ancien, enivré de compassion, me répondit : « Dans le temple où tu vas maintenant entrer (un temple Jinas, un sanctuaire aztèque), il y en a beaucoup comme lui ; regarde-les avec sympathie. » « Bien sûr que je les regarderai avec sympathie », répondis-je.

Parlons maintenant de réincarnation. Ces créatures lunaires se réincarneront-elles ? Pourrait-il par hasard y avoir réincarnation là où il n’y a pas d’individualité ?

La doctrine de Krishna, dans le pays sacré du Gange, enseigne que seuls les dieux et Demi-Dieux, héros, Deva et titans se réincarnent. Nous dirons en d’autres mots que seuls les autoréalisés, seuls ceux qui ont incarné l’Être peuvent se réincarner.

L’ego, le moi pluralisé, ne se réincarne pas : il est soumis à la loi de l’éternel retour de toutes choses, il retourne dans une nouvelle matrice, revient à cette vallée du Samsara, se réincorpore.

Pratique

Les exercices correspondant à la Rune Tyr consistent à placer les bras vers le haut et à les descendre avec les mains en forme de coquilles, tout en faisant résonner le mantra Tiiiiiiirrrrrrrr (en prolongeant le son des lettres I… et R… pour éveiller la conscience).

Le T ou TAU frappe la conscience pour l’éveiller. Le I travaille intensément sur le sang, véhicule de l’Essence. Le R, en plus d’intensifier la circulation dans les veines et les vaisseaux sanguins, accomplit des merveilles à l’aide des flammes ignées, intensifiant et stimulant l’éveil.

Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.

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