Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Les Trois Montagnes

Conversant dans le bois du mystère, nous étions trois amis, qui, en vagabondant, arrivâmes doucement, doucement, doucement, devant la colline sacrée.

Sans la moindre peur, nous fûmes alors les témoins de quelque chose d’insolite et d’inhabituel ; il est urgent de le raconter pour le bien de nos chers lecteurs.

Une roche millénaire intacte s’ouvrit brusquement dans le terrain rocailleux, comme si elle s’était séparée en deux morceaux rigoureusement identiques, nous laissant perplexes et stupéfaits.

Avant d’avoir eu le temps suffisant pour pouvoir évaluer cela, sans réfléchir, comme attiré par une force étrange, je m’approchais de la mystérieuse porte de granit.

Sans que personne ne m’en empêche, je passais courageusement le seuil du Temple ; dans l’intervalle, mes amis s’assirent sereinement en face de la masse gigantesque qui se refermait devant eux. N’importe quel glossaire extraordinaire serait franchement insuffisant si nous tentions de décrire avec de minutieux détails toutes les merveilles de ce Sanctuaire souterrain.

Sans expérience d’aucune sorte, je préfère parler de ceci grosso modo, mais avec sincérité, en me limitant à raconter ce qui est arrivé.

En me téléportant, animé par la flamme vivante de l’esprit, j’avançais par un étroit passage pour arriver dans un petit salon.

Cette enceinte exotique ressemblait assez à un bureau ou à un cabinet d’avocat.

Assis devant le bureau, je trouvais un Archonte du Destin, personnage indéchiffrable, juge hermétique du Karma ; probateur mystique vêtu comme un homme moderne élégant.

Quelle sagesse possédait cet Avocat-Cohen ! vaticinateur sublime ! infaillible ! et terriblement Divin.

Avec une profonde vénération, je m’approchais de son bureau ; le Feu sacré resplendissait sur son visage.

Immédiatement, je ressentis de façon directe sa profonde signification ; « Merci, Vénérable Maître ! » m’exclamais-je avec une humilité infinie.

L’austère Hiérophante prit la parole et dit d’un ton sibyllin : « Un tel (en se référant ostensiblement à l’un de mes deux amis qui m’attendaient dehors) est de type loqueteux ; il vivra toujours dans la misère.

« Un tel (en se référant alors à mon autre ami) est de type samouraï ».

« Comment ? ».

« Samouraï, je répète : Samouraï. C’est un ami combatif et spirituel comme les Samouraïs bouddhistes progressistes de l’Empire du Soleil levant ».

Finalement, en se dirigeant vers mon insignifiante personne sans valeur, il dit : « Toi, tu es de type militaire, car tu devras entraîner les foules, former l’Armée du Salut mondial, être l’initiateur de la nouvelle Ère du Verseau ».

Ensuite, il poursuivit ainsi : « Ta mission spécifique est de créer des Hommes, d’apprendre aux gens à fabriquer leur corps astral, mental et causal pour qu’ils puissent incarner leur Âme humaine ».

Il se leva ensuite de son bureau avec l’intention évidente de chercher dans sa bibliothèque une de mes œuvres et lorsqu’il l’eut entre les mains, ivre d’extase, il s’exclama : « Le livre que par bonheur vous avez envoyé par la poste à Un tel, lui a beaucoup plu ».

Ce qui arriva ensuite est facile à déduire. Avec une infinie vénération et une grande humilité, sans aucune sorte de vantardise, loin de toute vaine fatuité, je pris congé du Vénérable et sortis du Temple.

Il est urgent et indispensable maintenant de discourir, de réfléchir et de méditer sérieusement sur la question essentielle de ce récit.

En excluant de notre lexique tout relent de mauvais goût, nous insistons sur le postulat suivant : il est indispensable de créer l’Homme à l’intérieur de nous-mêmes, ici et maintenant.

Puisque je suis en train d’enseigner aux gens la Doctrine, je suis évidemment un créateur d’Hommes.

Il est nécessaire de créer à l’intérieur de nous-mêmes la disponibilité pour l’homme.

Il n’est pas inutile de rappeler que la fin des temps est déjà arrivée.

On a déjà beaucoup parlé des deux sentiers dans la littérature occulte : je me réfère spécifiquement à la voie en spirale et à la voie directe.

Indéniablement, les deux augustes chemins ne s’ouvrent que devant l’homme véritable, jamais devant l’animal intellectuel !

Je ne pourrai jamais oublier les moments de la fin de la Cinquième Initiation du Feu. Après tous ces processus récapitulatifs, je dus affronter courageusement un Gardien nirvanique terriblement Divin.

Le Bienheureux Seigneur de Perfection dit en me montrant le Sentier nirvanique en spirale : « Ceci est un bon travail ». En indiquant ensuite la voie directe, il s’exclama d’une voix forte, comme un rugissement de lion, en disant : « Ceci représente un travail supérieur ».

Je le vis ensuite s’avancer vers moi avec ce formidable impératif des grandes majestés ; il m’interrogea et je lui répondis, et le dialogue suivant s’établit :

« Par lequel de ces deux chemins allez-vous poursuivre maintenant ? ».

« Laissez-moi y réfléchir ».

« Ne réfléchissez pas, dites-le immédiatement, définissez-vous ! ».

« Je prends le chemin direct qui conduit à l’Absolu ».

« Mais que dites-vous ? ne vous rendez-vous pas compte que ce chemin est douloureux ? ».

« Je répète : je pars pour l’Absolu ».

« Comment se fait-il que vous vous engagiez par là ? Ne comprenez-vous pas tout ce que vous allez souffrir ? Que vous arrive-t-il, monsieur ? ».

« Je pars pour l’Absolu ».

« Bon, vous êtes averti ! ».

Ce furent les dernières paroles du Gardien, ensuite, il se retira solennellement.

Une autre nuit : hors de mes corps suprasensibles, dans le plein exercice de mes fonctions, comme Atman ou Homme-Esprit.

En plein Nirvana : je me trouvais seul sur la belle terrasse de la Maison des Délices, dans le coin de l’amour.

Je vis les habitants de cette région, en nombre toujours croissant, flottant dans l’Espace sacré.

Les heureux s’assirent sur le tapis couvert de fleurs parfumées. Algorithmie divine, Souffle sublime, Noumène inoubliable.

Atman-Bouddhi-Manas. La Trimurti de Perfection. Au moment où j’écris ces lignes, j’en viens à répéter ce verset du livre la Demeure Occulte qui dit à la lettre ceci :

Je suis le crocodile sacré Sebek.

Je suis la flamme à trois mèches,

Et mes mèches sont immortelles.

J’entre dans la région de Sekem.

J’entre dans la région des flammes,

Qui ont mis en déroute mes adversaires

(Le Livre des Morts égyptien).

La créature ignée improvisée prit la parole au nom de la confrérie sacrée et dit : « Mon cher Frère, pourquoi prenez-vous ce chemin si dur ? Ici, dans le Nirvana nous sommes heureux. Restez ici avec nous ! ». Ma réponse pleine d’énergie fut la suivante :

« Les animaux intellectuels n’ont pas pu avec leurs tentations, encore moins vous, les Dieux ! Je pars pour l’Absolu ! ».

Les ineffables se turent et je me retirais précipitamment de cette demeure.

La Voix du Silence a dit : « Le Bodhisattva qui renonce au Nirvana par amour pour l’humanité est confirmé, trois fois honoré, et après beaucoup de Nirvanas gagnés et perdus pour cette cause, il gagne le droit d’entrer dans un monde de félicité Supernirvanique ».

Le Nirvana a des Cycles d’activité et des Cycles de profond repos ; dans cette époque du XXe siècle, il se trouve en période d’action.

Les Nirvanis qui se réincarnèrent pendant les premières races sont revenus se réincarner maintenant seulement, une fois cette époque passée, ils s’enfonceront dans la félicité infinie jusqu’au futur Mahamanvantara.

Le long et amer sentier du devoir est différent ; il implique la renonciation totale, mais il nous conduit directement à l’Absolu.

Une nuit parmi tant d’autres, alors que je me trouvais tout heureux en état de Samadhi, je vis resplendir la planète Mars dans des tons pourpres.

Ses vibrations étaient certainement de caractère télépathique ; je sentis dans mon cœur paisible que l’on m’appelait de toute urgence depuis le noyau central de cette masse planétaire ; son scintillement était caractéristique.

Je me transportais rapidement, vêtu du To Soma Heliakon jusqu’aux entrailles vivantes de ce monde.

Vêtu de l’habit des milices célestes, m’attendait resplendissant Samaël, ma propre Monade individuelle, mon Être intime véritable, le Divin régent de cette planète.

Je me prosternais avec révérence devant l’Omniscient, illustre Seigneur de ce lieu, et ensuite, prenant la parole, je dis :

« Père, me voilà ! pourquoi m’avez-vous appelé ? ».

« Toi, mon fils, tu m’as oublié ! ».

« Non, mon Père ; je ne t’ai pas oublié ! ».

« Si, mon fils, quand s’ouvre à toi la conciergerie de l’Univers, tu m’oublies ! ».

« Ô mon Père, je suis venu te baiser les mains et recevoir ta bénédiction ! ».

L’Omnimiséricordieux me bénit et, agenouillé, je baisais sa main droite. Dans le fond du Temple planétaire, on apercevait un lit de douleur.

Par la suite, je me plongeais dans une profonde réflexion :

Pourquoi ai-je choisi moi-même le chemin ? Pourquoi ai-je oublié mon Père devant la terrifiante présence du Gardien des Chemins ?

Jésus, le Grand Prêtre Gnostique, nous donna une grande leçon sur le Mont des Oliviers quand il s’exclama :

« Mon Père, si cela est possible, éloigne de moi ce calice, mais que ta volonté soit faite et non la mienne ».

Dix-huit ans après :

Fulminant et les yeux lançant des éclairs, je déchirais mes vêtements en protestant pour tant de douleur. Aïe ! aïe ! aïe !

Une Vierge du Nirvana me répondit : « Ainsi est le chemin que tu as toi-même choisi. Pour nous, les habitants du Nirvana, les triomphes sont mineurs et pour cela il est évident que nous souffrons moins ».

« Mais comme tes triomphes seront majeurs, tes souffrances aussi seront plus intenses ».

Quand je voulus me reposer un peu, les Agents du Karma me réprimandèrent en disant : « Que vous arrive-t-il, Monsieur ? Allez vous avancer ? Ami, circulez ! circulez ! circulez ! ».

Je continuais patiemment ma marche par le sentier rocailleux qui conduit à la libération finale.

Ce chapitre est tiré de Les Trois Montagnes (1972) par Samael Aun Weor.

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