Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Le Parsifal Dévoilé

Entre la rêverie de quelques fleurs ensorcelées surgit la voix magique de Kundry, la Diablesse originelle, le prototype de la perdition et de la chute, à laquelle pas même Amphortas, le Roi merveilleux du Saint Graal ne put jadis résister.

La féminité mystérieuse s’exclame, passionnée, appelant le héros par son propre nom, celui dont l’appelait tendrement sa gentille mère en d’autres temps.

« Parsifal, arrête-toi ! » Lui lance la douce voix.

« Le plaisir et la joie t’invitent un moment !… Ecartez-vous de lui, femmes vulgaires, amoureuses, frivoles enfants, fascinantes fleurs éphémères qui vous flétrissez si vite. »

A ces mots les nymphes volubiles, changeantes, versatiles, sont profondément attristées.

Il est écrit et ceci, beaucoup de gens le savent, que ces beautés malignes s’éloignèrent ensuite en riant sur le chemin du retour au ténébreux château de Klingsor.

Parsifal dirige un regard peureux vers ce lieu des amours, d’où avait surgi la voix.

Il contemple alors cette vision juvénile à la splendide beauté, la provocante Kundry, étendue dans un massif de fleurs exquises et vêtue du vêtement le plus fantastique et tentateur dont pût jamais rêver le raffinement arabe.

Est-ce toi par hasard, sublime beauté féminine qui m’appela ?… Moi qui n’ai jamais eu de nom ?

Et… Ô Dieux ! As-tu grandi et jailli du bocage parfumé ?

« Oui » répond Kundry, cette tumultueuse blonde qu’on appelait Hérodiade, et ses paroles si douces résonnent avec les accents émouvants d’une très douce lyre…

« Toi, innocent et pur, je t’appelai FAL PARSI…

C’est ainsi que ton père valeureux GAMURET, moribond, dans l’exotique terre des Califes et Sultans, nomma et salua, heureux, le fils qu’il avait engendré. J’attendais ici, précisément pour te le révéler.

Je ne suis certes pas née de ce jardin de merveilles comme les autres beautés…

Ma Patrie est très éloignée de tous ces enchantements des mille et une nuits, j’étais dans cet endroit de joies passionnelles seulement pour que tu me rencontres.

Je suis venue de terres très lointaines et j’ai vu beaucoup de choses extraordinaires, j’attends que tu m’écoutes.

Il est bon que tu saches, que j’ai eu l’immense joie de connaître ta mère HERZÉLÉIDE…

Cette femme exceptionnelle ne savait que pleurer, se rendant à la douleur par l’amour et pour la perte de ton père ; elle voulut te préserver de la même aventure, se donnant en cela comme devoirs les plus impérieux et les plus élevés, de t’éloigner de l’exercice des armes pour te garder et te sauver de la fureur des hommes.

Jolie petite mère, petite mère brune, qui eut un jour des lèvres de grenade, des dents de marbre, des boucles qui roulaient en cascades sur ton dos tiède et parfumé, et sur ton corps taillé en burin.

Petite mère sainte qui eut un jour tous les enchantements de la belle houri ; tendre petite mère, blanche et parfumé comme un lys, qui en ouvrant son calice se convertit en berceau pour te bercer.

Il n’y eut pour elle qu’ombres et craintes, que tu n’avais jamais à connaître. N’entends-tu pas par hasard ses appels angoissés, ceux mêmes dont elle t’appelait quand tu t’éloignais trop ?

Jolie petite mère, petite mère brune, toi qui en ces nuits de pleine Lune, mettais la balançoire dans le grand arbre de ton jardin.

Elle t’apportait là-bas les douceurs et le souper au parfum de mousse, d’œillet, de verveine, de rose, de pêche et de jasmin…

Jamais pourtant tu ne connus ses peines, ni le délire de ses souffrances ; un jour tu partis pour ne jamais revenir.

Elle t’attendit anxieuse de nombreux jours, jusqu’à ce que ses propres lamentations l’eussent rendue muette, puis elle mourut ».

Ce chapitre est extrait de Le Parsifal Dévoilé (1972) par Samael Aun Weor.

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