Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Le Mystère de la Fleur d’Or

Dans une sublime et ineffable extase, Goethe proclame sa Divine Mère Kundalini comme une authentique libératrice :

« Levez les yeux vers le regard sauveur,

Vous toutes, tendres âmes repenties,

Afin de vous transformer, pleines de reconnaissance,

Pour une destinée heureuse.

Que chaque sens purifié soit bientôt à son service.

Vierge, Mère, Reine, Déesse,

Sois propice ! »

Il savait bien, Goethe, que sans l’aide de Devi Kundalini, le Serpent Igné de nos pouvoirs magiques, l’élimination de l’Ego animal serait quelque chose de tout à fait impossible.

Il est incontestable que les relations amoureuses les plus connues de Goethe, excluant, naturellement, la relation soutenue avec Christine Vulpius, furent, sans exception aucune, de nature plus érotique que sexuelle.

Waldemar dit : « Nous ne croyons pas nous avancer trop en disant que chez Goethe, la jouissance de la fantaisie était la chose élémentaire dans ses relations avec les femmes : il s’efforçait de percevoir la sensation de la consolation enthousiaste, en un mot, l’excitant élément muse de la femme, qui lui enflammait l’esprit et le cœur et qui devait absolument procurer une satisfaction à sa matière. »

« L’amour passionné qu’il eut pour Charlotte Buff, Lili ou Frédérique Brion, ne pouvait, de façon correspondante, ramener toute la situation au sexuel. »

« Beaucoup d’histoires littéraires ont tenté d’exposer clairement et sans ambages jusqu’à quel point sont parvenues les relations de Goethe avec Madame Von Stein. Les faits examinés accréditent l’idée qu’il s’agissait d’une correspondance idéale. »

« Le fait que Goethe n’ait pas vécu, comme il est connu, en complète abstinence sexuelle en Italie, et qu’à son retour dans sa patrie il se soit bientôt lié avec Christine Vulpius, qui ne lui refusait rien, permet la conclusion qu’il devait auparavant manquer de quelque chose. »

« Indubitablement, continue Waldemar, Goethe aimait de la manière la plus passionnée lorsqu’il se trouvait séparé de l’objet de son désir véhément ; c’est seulement dans la réflexion que son amour prenait corps et lui insufflait de l’ardeur. »

« Invariablement, lorsqu’il laissait jaillir de sa plume les effusions de son cœur à Madame Von Stein, il est réellement près d’elle, plus proche qu’il n’aurait jamais pu l’être physiquement. »

Hermann Grimm dit avec raison : « Nous avons vu comment sa relation avec Lotte n’est compréhensible que si nous reportons toute sa passion aux heures où il n’était pas avec elle. »

Il n’est pas superflu, dans ce chapitre, de souligner l’idée que Goethe abhorrait le coït des fornicateurs : « Omne animal post coïtum triste. »

« Est-ce ainsi que tu apportes à mon amour,

Une malheureuse jouissance ?

Emporte le désir de tant de chansons,

Et emporte encore le bref plaisir,

Emporte-le et donne au triste cœur,

À l’éternel triste cœur, quelque chose de mieux. »

Que le poète parle maintenant ! Qu’il dise ce qu’il ressent ! En vérité et poésie, il écrit : « Je sortais rarement, mais nous échangions, il fait allusion à Frédérique, des lettres, d’autant plus vivantes. Elle me mettait au courant de ses faits et gestes, pour les avoir présents, de façon que j’avais devant l’âme, avec affection et passion, ses mérites. »

« L’absence me rendait libre et toute mon inclination fleurissait d’autant plus, seulement par la conversation à distance. En de tels instants, je pouvais justement me laisser éblouir par l’avenir. »

Dans son poème « Bonheur de l’absence », il exprime clairement sa propension à la métaphysique érotique :

« Savoure, ô jeune homme, du bonheur sacré la fleur,

Tout au long du jour dans les yeux de l’aimée !

Mais toujours il est plus grand que tout, ce bonheur,

Quand de l’objet de l’amour tu es éloigné. »

« Quelque part je peux l’oublier,

Et à ma table, oui, m’asseoir tranquille,

L’esprit joyeux et en toute liberté. »

« Quand l’imperceptible duperie,

Qui fait vénérer l’amour,

Convertit en illusion le désir. »

Waldemar, en commentant, dit : « Le poète, en ce qui concerne Madame Von Stein, ne s’intéressait pas du tout, et ceci doit être consigné, à savoir comment elle était réellement, mais plutôt à la manière dont il la voyait à travers le prisme de son cœur créateur. »

« Son aspiration métaphysique envers “l’éternel féminin” se projetait de telle façon sur Charlotte qu’il voyait en elle la Mère, l’aimée, en un mot, le principe universel ou, pour mieux l’exprimer, l’idée même d’Ève. Déjà en 1775, il écrivait : “Ce serait un grand spectacle de voir comment l’univers se reflète en cette âme. Elle voit l’univers tel qu’il est, et certes par le moyen de l’amour.” »

« Tant que Goethe pouvait “poétiser” la jeune fille qu’il aimait, ou bien créer un être idéal qui correspondait à l’envolée de sa fantaisie, il était fidèle et dévoué ; mais dès que se relâchait le processus de cette “poétisation”, que ce soit sa propre faute ou celle de l’autre personne, il se retirait. Invariablement, il s’adonne à ses sensations érotico-poétiques jusqu’au moment où la chose menace de devenir sérieuse, se mettant alors à l’abri dans le Patbos de la distance. »

Qu’on nous accorde la liberté de ne pas être d’accord avec Goethe sur ce point épineux de sa doctrine.

Aimer quelqu’un à distance, promettre beaucoup et oublier après, nous semble extrêmement cruel ; au fond de ceci existe une fraude morale.

Au lieu de poignarder des cœurs adorables, mieux vaut pratiquer le Sahaja Maïthuna avec son épouse prêtresse, l’aimer et lui rester fidèle durant toute sa vie.

Cet homme a compris l’aspect transcendantal du Sexe, mais il a manqué le point le plus délicat, et c’est pour cette raison qu’il n’est jamais arrivé à l’Autoréalisation Intime.

Goethe, adorant sa Divine Mère Kundalini, s’exclame, rempli d’extase :

« Vierge pure dans le sens le plus beau,

Mère digne de vénération,

Reine élue par nous

Et de condition égale à celle des Dieux ! »

Désirant ardemment mourir à lui-même ici et maintenant durant le coït chimique, désirant détruire Méphistophélès, il s’exclame :

« Flèches, transpercez-moi !

Lances, soumettez-moi !

Massues, frappez-moi !

Que tout disparaisse,

Tout s’évanouisse !

Que brille l’étoile perpétuelle,

Foyer de l’éternel amour ! »

Indiscutablement, ce Barde génial possédait une intuition merveilleuse ; s’il s’était redécouvert exclusivement en une seule femme, s’il avait trouvé en elle le chemin secret, s’il avait travaillé durant toute sa vie, avec elle, dans la « Neuvième Sphère », il n’y a pas de doute qu’il aurait obtenu la libération finale.

Dans son Faust, il expose avec une grande justesse sa Foi en la possibilité de l’élévation de « l’Embryon d’Or » libéré, jusqu’à une « Sur-Âme » (le Manas supérieur de la Théosophie).

Lorsque cela se produit, ce principe théosophique pénètre en nous et, fusionné avec l’Embryon d’Or, passe par des transformations intimes extraordinaires ; alors, nous pouvons dire de nous que nous sommes des hommes avec une Âme.

En parvenant à ces hauteurs, nous atteignons la Maîtrise, l’Adeptat, nous nous convertissons en membres actifs de la Fraternité Occulte.

Cela ne signifie pas la perfection dans le sens le plus complet du mot. Ils connaissent bien, les Divins et les humains, à quel point il est difficile d’atteindre la perfection dans la Maîtrise.

Soit dit en passant, il est urgent de savoir que cette Perfection ne peut être obtenue qu’après avoir réalisé des travaux ésotériques en profondeur dans les mondes de la Lune, Mercure, Vénus, Soleil, Mars, Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune.

De toute manière, l’incarnation en nous de l’Âme Humaine, ou troisième aspect de la Trimurti hindoue connue comme Atman-Bouddhi-Manas, et sa fusion avec l’Embryon d’Or est un évènement cosmique extraordinaire qui nous transforme radicalement.

L’incarnation du Manas Supérieur en nous n’implique pas l’entrée des principes atmique et bouddhique à l’intérieur de notre organisme. Cette opération appartient aux travaux ultérieurs sur lesquels nous parlons plus profondément dans un autre livre intitulé : Les Trois Montagnes.

Après cette petite digression indispensable pour la compréhension du thème en question, nous poursuivons avec le récit suivant :

Il y a longtemps, il m’arriva, sur le chemin de la vie, quelque chose d’insolite et d’inusité. Une nuit, tandis que j’étais occupé à mes très intéressants travaux ésotériques en dehors du corps physique, je dus m’approcher, avec l’Eidolon, de la gigantesque cité de Londres.

Je me souviens très clairement qu’en passant par un certain endroit de cette ville, j’aperçus avec un étonnement mystique l’aura jaune resplendissante d’un jeune homme intelligent qui se trouvait dans un coin.

Je pénétrais dans un café très élégant de cette métropole et, m’asseyant à une table, je discutais de la chose avec une personne d’un certain âge qui, lentement, savourait dans une tasse une délicieuse boisson arabe.

Tout à coup, quelque chose d’inusité se produit : un personnage s’approche de nous et vient s’assoir à côté de nous. En l’observant attentivement, je pus constater avec un grand étonnement qu’il s’agissait du même jeune homme à la resplendissante aura jaune, qui m’avait tant intrigué quelques instants plus tôt.

Après les habituelles présentations, j’appris que ce sujet n’était nul autre que celui qui, pendant sa vie, avait écrit le Faust, c’est-à-dire Goethe.

Dans le monde astral, il se passe des choses merveilleuses, des faits extraordinaires, prodigieux ; il n’est pas rare de se trouver là avec des hommes déjà désincarnés ; avec des personnages comme Victor Hugo, Platon, Socrate, Danton, Molière, etc.

Ainsi donc, revêtu de l’Eidolon, je voulus converser avec Goethe hors de Londres et sur le rivage de l’immense océan ; je l’invitais, et sans hésiter il accepta mon invitation.

En conversant ensemble sur les côtes de cette grande île britannique où se trouve située la capitale anglaise, nous pûmes voir des ondes mentales de couleur rouge sanguinolent qui, en flottant sur l’océan orageux, venaient vers nous.

Je dus expliquer à ce jeune homme à la rayonnante aura que ces formes mentales provenaient d’une certaine dame qui, en Amérique Latine, me désirait sexuellement. Cela ne manqua pas de nous causer une certaine tristesse.

Les étoiles brillaient dans l’espace infini et les vagues furieuses, en rugissant épouvantablement, frappaient sans cesse la plage sablonneuse.

En causant sur les falaises qui dominaient la mer, lui et moi échangeant mutuellement des idées, je résolus de lui poser à brûle-pourpoint, comme nous disons ici dans le monde physique, les questions suivantes : As-tu à présent un nouveau corps physique ? La réponse fut affirmative. Ton véhicule actuel est-il masculin ou féminin ? Il répondit alors : « Mon corps actuel est féminin. » Dans quel pays t’es-tu réincarné ? « En Hollande. » Aimes-tu quelqu’un ? « Oui, dit-il, j’aime un prince hollandais et je pense me marier avec lui à telle date. » (Que le lecteur nous dispense de mentionner le nom et la date.)

Je pensais que ton amour serait strictement universel ; aime les roches, lui dis-je, les montagnes, les rivières, les mers, l’oiseau qui vole et le poisson qui glisse dans les eaux profondes. « L’amour humain ne serait-il donc pas une étincelle de l’amour divin ? » Ce type de réponse sous forme de question, prononcée par celui qui, dans sa réincarnation passée, s’appelait Goethe, me laissa, assurément, anéanti, perplexe, interdit. Indubitablement, l’insigne poète m’avait dit quelque chose d’irréfutable, d’indiscutable, d’exact.

Ce chapitre est tiré de Le Mystère de la Fleur d’Or (1971) de Samael Aun Weor.