Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Le Mystère de la Fleur d’Or

Le moine éveillé appelé Tien Han alla rendre visite au Vénérable Maître Hui Chang.

En arrivant, il demanda très solennellement à un ascète d’ordonnance si le « Maître Réel » était à la maison.

Le mystique répondit : « Oui, mais il ne reçoit pas de visites. »

Tien Han dit : « Oh ! Ce que tu dis est extrêmement profond et étrange ! »

L’anachorète serviteur répliqua : « Les yeux du Bouddha eux-mêmes ne peuvent le voir. »

Alors Tien Han argumenta : « La femelle du Dragon accouche d’un petit Dragon et celle du Phénix enfante un petit Phénix ! » Puis il se retira.

Plus tard, lorsque Hui Chang sortit de la méditation où il se trouvait et s’informa de ce qui s’était passé dans la maison, il frappa, en l’apprenant, le religieux assistant.

Lorsque Tien Han prit connaissance de cela, il fit le commentaire suivant : « Ce vieux mérite d’être appelé le Maître Réel. »

Le jour suivant, Tien Han, l’homme à la conscience éveillée, retourna visiter le Gourou Hui Chang.

Conformément aux exotiques coutumes orientales, dès qu’il aperçut le Gourou, il étendit sa natte sur le sol (comme s’il se disposait à s’assoir pour recevoir ses enseignements). Hui Chang dit : « Ce n’est pas nécessaire, ce n’est pas nécessaire. »

Tien Han recula un peu et le Maître Réel dit avec emphase : « C’est bien, c’est bien. »

Mais alors, de façon inusitée, Tien Han avança à nouveau de quelques pas. Alors le Maître Réel dit : « Non, non. »

Cependant, Tien Han comprit tout, il fit symboliquement le tour de l’Hiérophante et s’en alla.

Plus tard, le Vénérable commenta : « Beaucoup de temps a passé depuis les jours des Bienheureux. Le monde est maintenant très fainéant. D’ici trente ans il sera très difficile de rencontrer un homme comme celui-là. »

Étranges attitudes ! Conversations télépathiques instantanées ! Coups d’œil qui expriment tout en un éclair.

Expliquer tout cela serait comme castrer l’enseignement : nos bien-aimés lecteurs doivent capter sa profonde signification.

Hui Chang possédait l’Embryon d’Or : il est indéniable qu’il avait réalisé en lui-même le « Vide Illuminateur ».

Tien Han était aussi un homme à la conscience éveillée, quelqu’un qui, même s’il n’avait pas encore autoréalisé le Vide, possédait la « Fleur d’Or ».

Huang Po rencontra une fois un moine éveillé et chemina avec lui. Lorsqu’ils arrivèrent près d’une rivière tumultueuse qui se précipitait furieusement sur son lit de roches, Huan Po retira un moment son chapeau de bambou et, laissant à côté son bâton, s’arrêta pour penser comment ils pourraient passer.

Alors qu’il était plongé dans ces réflexions, tout à coup quelque chose d’insolite se produisit ; l’autre moine marcha au-dessus des eaux tourmentées de la rivière sans que ses pieds touchent l’eau, puis il se posa sur l’autre rive.

Elles racontent, les vieilles traditions qui se perdent dans la nuit des siècles, que lorsque Huang Po vit le miracle, il se mordit les lèvres et dit : « Oh ! Je ne savais pas qu’il pouvait faire cela ; l’avoir su, je l’aurais poussé au fond de la rivière. »

Ces pouvoirs miraculeux sont simplement les produits naturels de la véritable Illumination, et les hommes éveillés, les hommes qui ont déjà fabriqué « l’Embryon d’Or » dans la « Forge Incandescente de Vulcain » (la Sexualité), les possèdent.

Chang Chen-Chi nous rapporte le récit suivant :

« Le Maître Zen Pu-Hua avait été assistant de Lin Chi. Un jour, il décida que le moment de mourir était arrivé et alors il se rendit au marché et pria les gens qu’ils lui donnent par charité un vêtement. Mais lorsque des personnes lui offrirent le vêtement et d’autres linges, il les refusa et continua de marcher, le bâton à la main. »

« Lorsque Lin Chi entendit cela, il persuada certaines personnes de donner à Pu-Hua un cercueil. Ainsi offrirent-ils un cercueil à Pu-Hua. Il sourit et dit aux donateurs : “Cet individu, Lin Chi, est en réalité un mauvais et un charlatan.” »

« Après, il accepta le cercueil et annonça aux gens : “Demain je sortirai de la ville par la porte de l’est et j’irai mourir dans quelque coin des faubourgs de l’est.” »

« Le jour suivant, beaucoup de gens de la ville, portant le cercueil, l’escortèrent jusqu’à la porte de l’est. Mais soudain il s’arrêta et s’exclama : “Oh non, non, selon la Géomancie, ce jour-ci n’est pas de bon augure. Il est mieux que je meure demain dans un faubourg du sud.” »

« Ainsi, le jour suivant, tous s’acheminèrent vers la porte du sud, mais Pu-Hua changea encore une fois d’idée, et dit au monde qu’il préférait mourir le jour suivant, dans le faubourg de l’ouest. »

« Beaucoup moins de gens allèrent l’escorter, le jour suivant. Et, de nouveau, Pu-Hua changea d’idée, disant qu’il remettait son départ de ce monde au jour d’après et qu’alors il mourrait dans un faubourg du nord. Mais alors les gens en avaient assez de l’affaire et, ainsi, personne ne l’escorta le jour suivant. »

« Pu-Hua dut porter lui-même le cercueil jusqu’au faubourg du nord. Lorsqu’il arriva, il s’introduisit dans le cercueil, le bâton toujours à la main, et attendit que s’approchent quelques passants. Alors il les pria qu’ils clouent le cercueil une fois qu’il serait mort. Lorsqu’ils eurent consenti, il se coucha et mourut. »

« Alors, continua Chang Chen-Chi, les passants clouèrent la caisse, comme ils l’avaient promis. »

« La nouvelle de l’évènement parvint bientôt à la ville et les gens commencèrent à arriver en grand nombre. Quelqu’un suggéra alors d’ouvrir le cercueil pour jeter un coup d’œil au cadavre, mais en le faisant, à leur grande surprise, ils ne trouvèrent rien. »

« Avant de s’être remis de leur surprise, ils entendirent, venant du ciel, le son familier des clochettes du bâton que Pu-Hua avait porté toute sa vie. »

« Au début, le tintement des clochettes était fort, car il était tout proche ; ensuite, il devint de plus en plus faible jusqu’à ce que, finalement, il eût disparu entièrement. Personne ne sut où était passé Pu-Hua. »

Ce chapitre est tiré de Le Mystère de la Fleur d’Or (1971) de Samael Aun Weor.