Écrit par: Samael Aun WeorCatégorie: La Magie des Runes

À quatre reprises, le cheval de Troie avait heurté violemment les murs glorieux, laissant s’échapper de son monstrueux ventre métallique les bruits de nombreuses armes ; mais les Troyens n’interrompaient pas leur vie pour autant, aveuglés qu’ils étaient par un dieu qui voulait qu’il en soit ainsi.

C’est alors que Cassandre se mit à prophétiser prédisant une ruine terrible, et à s’agiter en convulsions, la chevelure en désordre, possédée de l’Esprit Divin. Mais comme elle était sous le châtiment d’Apollon, il est évident que personne ne voulut l’écouter.

Ô Cassandre aux merveilleux présages, que ton karma fut terrible! Tu fus traînée par les cheveux d’une façon cruelle, impitoyable, inhumaine et barbare tandis que dans le palais du vieux Priam, les féroces et sanguinaires Achéens abattaient les tours augustes et démantelaient les murs vénérables, profanant tout de leur bronze homicide.

Dans la maison royale du vieux régent, les pièces somptueuses et splendides se remplirent de soldats cruels et sans pitié.

Hécube et ses cent belles-filles, désespérées, couraient comme des folles dans les salles et les couloirs tandis que le sang du vieux Priam tachait d’un pourpre épouvantable l’autel sacré des dieux saints.

Il est écrit que lorsque les dieux veulent perdre les hommes, ils commencent par les confondre.

Les malédictions du vénéré monarque furent inutiles : Pyrrhos leva de toute manière son arme cruelle contre le vénérable ancien et l’égorgea, juste à côté de l’autel de Jupiter, Père des dieux et des hommes.

Quel horrible sort aurait connu la belle Hélène si Vénus, la Divine Mère Kundalini d’Énée, n’avait retenu le bras terrible de son fils ! Voilà qu’elle se rend visible et tangible devant le héros troyen et lui dit, pleine de douleur :

« Mon fils, pourquoi ce ressentiment ? Pourquoi cette fureur ? Déjà tu as oublié d’aller secourir les tiens ! Partout il y a des Grecs armés, et si je n’étais pas ici pour veiller sur ta famille, il y a longtemps que tu aurais péri. Ne crois pas, malheureux, que la beauté de cette spartiate ait été l’unique cause de l’écroulement d’une ville ! Regarde, je vais lever le voile qui couvre tes yeux de mortel, et tu verras qui sont ceux qui abattent les empires ! »

Après avoir dit ces paroles, la Divine Mère Kundalini passa son adorable main sur les yeux terribles de son fils, le héros troyen, et tout se transforma alors dans sa vue d’aigle rebelle. Les guerriers, les lances, les machines d’assaut, les généraux et conseillers, tout disparut comme par enchantement, et il vit à la place quelque chose de terriblement divin : les dieux sacrés frappaient de leurs égides, avec une force épouvantable, les murailles jusqu’alors invaincues de la superbe Ilion, et celles-ci tombaient au milieu d’un grand fracas et d’un grondement assourdissant.

Les vieilles traditions relatent que du côté de la mer, le guerrier troyen put voir le dieu Neptune battre de son trident d’acier une brèche énorme et puissante.

Tout ce que le guerrier vit était effrayant : Jupiter tonnait depuis l’Olympe et lançait ses foudres, tandis que Minerve, la déesse de la sagesse, tuait de son sceptre implacable des milliers de guerriers troyens.

Et l’adorable Mère Divine Kundalini du Troyen Énée lui dit alors :

« Maintenant tu vois !, nous sommes laissés à nous-mêmes, tout est perdu ! Tel est le décret céleste : Troie devait périr. Limite-toi à fuir, mon fils, et que tes efforts cessent ici. Je ne t’abandonnerai pas, je te conduirai en toute sûreté jusque là où se trouve ton vieux père. »

Et les vieilles traditions racontent que le paladin de Troie, obéissant immédiatement à sa Mère Divine Kundalini, abandonna l’hécatombe royale et s’en alla vers sa demeure.

Ce qu’il trouva chez lui, c’est un véritable drame apocalyptique : des cris, des lamentations, des paroles de protestation de son vieux père, le chef de toute la famille, qui se refusait d’une façon terrible à quitter le foyer. Énée, au désespoir, aurait voulu retourner dans le fracas du combat plutôt que d’entendre les tristes prières de son épouse.

Par bonheur, Jupiter le divin, le Christ cosmique, intervint alors en provoquant un prodige extraordinaire, qui fit naître des espérances chez le héros. Le feu sacré de l’autel jaillit et enflamma la noble chevelure d’Iule, son fils chéri, et lorsqu’il tenta de l’éteindre avec l’eau lustrale, le grand-père de l’enfant, le père d’Énée, le chef suprême de la famille, y reconnut la volonté de Dieu. Il éleva ses mains tremblantes et se mit à prier, on entendit alors une chose terrible, un vacarme épouvantable, et une étoile filante spectaculaire passa au-dessus de la demeure puis alla se perdre en direction du mont Ida.

Tout ceci fut décisif, et le vieux père d’Énée, qui avant était si réticent à abandonner les lares du foyer où il avait vu passer tant d’années, se décida enfin à renoncer à tout et à fuir avec l’illustre guerrier, son petit-fils et toute la famille.

La légende des siècles raconte qu’avant d’abandonner Troie, le père d’Énée dut pénétrer dans le temple de Cérès, la Mère cosmique, pour aller y chercher, rempli de dévotion profonde et de terreur divine, ses dieux pénates.

L’héroïque général Énée ne put toucher personnellement les sculptures sacrées des dieux saints et vénérables, car il avait combattu et tué de nombreux hommes ; ce n’est qu’une fois purifié par l’eau pure de vie qu’il aurait eu le droit de toucher ces effigies terriblement divines.

Un sommeil pèse depuis d’innombrables siècles sur les mystères antiques, mais les dieux pénates continuent d’exister dans les univers parallèles.

Dans les mondes suprasensibles des dimensions supérieures de l’espace, les Hiérophantes peuvent converser avec ces dieux pénates, régents de villes, de villages, de bourgades et de foyers.

Le saint patron d’un village est son Dieu Pénate, son saint ange gardien. Le recteur secret de n’importe quelle ville, c’est sa divinité particulière. L’esprit protecteur de n’importe quelle famille est son directeur spirituel.

Tous ces génies ou Jinas mystérieux des familles, races, nations, tribus ou clans, sont bien entendu les dieux pénates des temps anciens, qui continuent d’exister dans les mondes supérieurs.

Nous avons souvent parlé avec ces dieux pénates, régents de cités classiques de l’antiquité. Certains d’entre eux souffrent l’indicible en payant des dettes karmiques terribles.

Ulysse, qui veillait au riche butin qui devait être réparti : coupes d’or, bijoux précieux d’une valeur incalculable, riches étoffes, etc., ne put voir Énée, le Troyen, qui criait dans la nuit tragique pour appeler son épouse Créüse. C’est ainsi que s’accomplit la volonté des êtres saints : Troie se consuma dans l’holocauste, Créüse mourut, mais Énée, avec son vieux père, son fils et plusieurs autres gens, s’enfuit vers les terres du Latium en amenant avec lui ses dieux pénates.

Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.

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