Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Enseignements Cosmiques d’un Lama

En vérité, la lumière est le pain cosmique qui nous nourrit le plus substantiellement. Je la sentis dans les roches millénaires de la montagne et dans les eaux très pures du fleuve. Je la vis telle une délicieuse vierge se tressant une couronne de roses pour ses tempes enchanteresses, dans l’imposant silence de midi & Je la sentis, ineffable, pénétrer en mon âme avec sa blonde procession d’atomes dansants.

La petite herbe sacrée du bois faisait vibrer en contrebas dans le timide ruisseau chantant, les roues tournesols de ses tiges délicates et, submergé dans le mystère, un scarabée apprenait patiemment à lever le monde dans chaque feuille. De ma grotte d’anachorète et de pénitent, je surpris les pierres dans la transcendantale expérience mystique de succion de la lumière, et de s’absorber en elle avec une soif infinie.

En ces instant, certes, le vacarme mondain avec ses vaines joies passagères et ses amertumes infinies avait cessé d’exister pour moi ; il s’était évanoui comme un rêve.

Les feuilles flétries violemment détachées des arbres solitaires, flottant dans l’air, poussées par les brises automnales, se perdirent dans la forêt. La montagne exhibait dans le désastre de sa solitude les bras mutilés de ses rochers. Délicieux moments dans le bleu silence du profond bocage. Noumène enchanteur de l’ombrage.

L’Adam du péché se prosterna avec révérence devant ce qui n’a pas de nom et comprit le besoin de mourir d’instant en instant. Nous ne sommes pas importants. Notre vie a le bref destin de la rose qui éclot un matin luxuriant, et repose le soir déshéritée. Tu ne veux pas le délice sensuel qui avilit et énerve le pauvre animal intellectuel. Le monde et moi, nous ne nous comprenons pas ; ma bouche est triste de chanter des choses ineffables et les gens ne me comprennent pas.

Le séisme humain a détruit mon coeur et tout expire en lui ; la sagesse de la mort est terriblement divine. Il n’existe plus de lien ; tout est rompu & plaise au Ciel qu’il en soit ainsi. Sois béni, amer calice épuisé avec plaisir, mon âme se repose enfin, elle ne désire rien. Adieu, monde niais, je vais partir très loin ; dans de brefs instants, la barque de Râ mettra les voiles et sillonnera les ondes éternelles, tel un coursier ailé qui vole, rapide, m’emportant d’ici.

La méditation quotidienne est le pain du sage, sans lequel il est impossible d’atteindre l’illumination intérieure du Bouddha. Ma concentration fut très profonde et comme je méditai chaque fois plus intensément, je tombai en extase. Les tentatives de Mara furent inutiles pour m’éloigner du chemin, ses efforts furent vains.

La lumière de midi riait joyeuse à la porte du mystère ; là-bas, dans le recul du lointain, le palmier nubile frissonnait romantique, ivre de soleil. Dans le rosier des « mille et une nuits » du verger parfumé, les roses s’enflammaient et dans la fontaine cristalline, la mousse souriait en savonnant les roses. Instants délicieux, indescriptibles, indéfinissables, indicibles. Samadhi de l’ascète, fruit exquis de la méditation. Et j’oubliais le corps et les sentiments et la mort ; il n’y a certes pas de meilleur plaisir que celui de sentir son âme détachée. Et surgirent à mon esprit d’exquis vécus, des évènements très intimes. Je me rappelai très vivement du précédent Mahamvantara, le crépuscule des Dieux et la nuit profonde.

La Lune qui fut autrefois un monde rempli de lumière et de vie tomba décidément dans les bras de la mort.

Les sept Seigneurs sublimes et les sept Vérités cessèrent d’exister et passèrent à Etre. L’Univers lunaire fut dévoré par ce qui est et pourtant n’est pas, pour être exhalé plus tard. Et la vie dormit pendant sept éternités au sein profond de l’Espace Abstrait Absolu. Quelque chose resta cependant ; tout ne se perd pas, la mort dévore les formes mais le parfum du souvenir continue. L’Univers précédant resta déposé comme un simple souvenir dans l’intelligence des Dieux Saints.

Il est écrit en caractères de feu que les saints souvenirs projetés sur l’éternel écran de la lumière incréée, constituent l’Univers du Plérôme. Jardin de félicité dans la nuit du cosmos, infinis délices & absorption sublime, inépuisable joie ; chaque étincelle virginale revint à sa flamme et, naturellement, la mienne ne fit pas exception.

J’étudiai alors humblement dans le temple ces enseignements que de très anciens Paramartasatyas (habitants de l’Absolu) nous avaient remis en de précédentes Nuits Cosmiques. Ces êtres aujourd’hui invisibles pour nous tous, étaient passés au-delà de nos propres capacités de compréhension. Combien de temps dura cette extase ? Je ne sais pas, je ne veux pas le savoir. Maintenant, tout est passé, aujourd’hui j’effeuille patiemment le mystère des jours, heure après heure.

Mon immortelle espérance, tel l’obscur pèlerin, brûle d’un feu embrasant dans l’ineffable orchestration des sphères. Nuit de rédemption, retiens tes ailes brodées de la lumière de mes souvenirs.

Ce chapitre est tiré des Enseignements Cosmiques d’un Lama (1970) de Samael Aun Weor.