Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Enseignements Cosmiques d’un Lama

Ô Divine Mère Kundalini ! Serpent igné de nos pouvoirs magiques ! Je souffre beaucoup et tu le sais, que je veuille cacher ma douleur dans les ombres du bois & elle affleure au grand jour sous la lumière du soleil. Je t’aime, Mère adorable, comme l’oiseau errant qui demeure dans la forêt aime sur notre fertile terre parfumée, et cet amour sacré qui embrasse l’âme immortelle, chante sur la lyre d’Orphée et pleure dans mon âme.

Je t’aime, ma Reine, Mère profonde, Cybèle, Rea, Tonantzin, je t’adore avec cette fièvre sublime qui donne des baisers sans taches pour couvrir tes pas, qui se déverse en roses de la vie, qui s’écrit avec des étoiles. Je me sens tien, tout entier, ma Mère Vierge Immaculée. Qu’y a-t-il en mon être qui ne soit pas pour toi ? De mon faible coeur d’homme jusqu’à mon ultime idée sainte. Je vécus pour t’adorer, Dame sublime ; mon existence enfin dépouillée d’illusions, mes constantes extases cherchent dans le sanctuaire de ton innocence, la gloire et la chaleur de tes délices. Esclave de ta beauté magique, toujours surhumaine, je rends mon coeur à tes tendresses.

Parle-moi comme tu me parles. Comme ton accent caractéristique pénètre agréable dans mes oreilles d’anachorète. Regarde-moi comme tu me regardes & dans la douceur infinie de tes jolis yeux, éloignés des vaines illusions du monde. Mère profonde et bonne, aux lèvres de grenade, aux dents d’ivoire, prends pitié de moi. Petite Mère sainte, belle petite tête aux boucles d’or qui déferlent sur tes épaules de ciel, aie pitié de moi. Je t’adore, ma lumière, tu le sais bien. Mes pensées volent vers le ciel, entourant ton visage comme des oiseaux décorant les riches architraves d’un temple d’espérance et de consolation. Jamais je ne rencontrai en ce siècle de lieu aussi délicieux que le jardin de ma Mère. Gisant là, j’oubliai mes soucis, j’entendis les sons d’oiseaux doux et modulés.

Aussitôt que je fus couché sur la terre, je me sentis libéré de toute souffrance. J’oubliai toute peine, toute douleur passée ; bienheureux celui qui demeurerait ici.

La prairie dont je vous parle avait une autre bonté ; elle ne perdait sa beauté ni dans la chaleur ni dans le froid, elle était toujours entièrement verte car aucune tempête n’en défraîchissait la verdure. Les hommes et les oiseaux qui allaient et venaient, emportaient des fleurs, toutes celles qu’ils voulaient, sans que leur nombre ne déclinât dans le pré ; pour une qu’ils emportaient, trois ou quatre autres naissaient.

Ah ! Si les pauvres gens revenaient au verger d’Eden. Si, repentis, ils revenaient au Jardin Spirituel de leur Divine Mère, ils comprendraient alors la vanité du désir d’exister dans cette vallée de larmes. Selon les enseignements ésotériques, la cause réelle de ce désir de vie « senciente » demeure pour toujours cachée, et ses premières émanations sont les abstractions les plus profondes. Allégresse du silence, résonnance du fugace murmure, lune du jour, topaze végétale, bijou sombre, forme de l’espérance cachée, montre-moi la cause, la secrète racine de l’existence.

Quand ton âme sera l’empire de la désillusion, quand la souffrance aura épuisé tes larmes, quand le monde te cautérisera sans miséricorde, quand la douleur te fouettera, tu pourras passer la porte tentatrice, la blanche porte, l’ultime Thulé. Alors, tu discourras lentement dans le jardin de ton âme ; là-bas, ta Divine Mère, dans le plus profond secret, t’enseignera le Karma des Dieux, racine des mondes, origine de toute existence.

Attendons, ne souffrons pas, ne lançons jamais à l’invisible notre négation, comme un défi. Pauvre créature triste ! Tu verras, tu verras, ta Mère s’approche, elle s’approche ! Tu entendras le secret cosmique de ses lèvres bénites. Les dieux de l’aurore pleurèrent quand le coeur du Système solaire commença à palpiter après la profonde nuit du Grand Pralaya. Rappelle-toi, mon fils, que les dieux aussi se trompèrent. Ces divins Elohims écrivirent leurs erreurs sur la page cosmique du jour passé.

En comprendras-tu maintenant la raison ? La cause réelle de l’Univers ? Le secret vital de la vie « senciente » ? Le désir de vivre ? Quand se leva l’aurore, je vis le Logos Causal se mouvant sur la surface des eaux. « Ne commencez pas encore l’aurore du Mahamvantara ! » crièrent les dieux saints entre leurs sanglots ! Leurs prières furent inutiles, et vaines leurs lamentations : de temps en temps, le grand Etre s’arrêtait un moment pour lire le Karma de ces resplendissants fils de l’aurore.

Les pauvres enfants prièrent, pleurèrent beaucoup ainsi que la Mère, avec ferveur ; tout resta silencieux et l’on n’entendit ensuite dans les sanglots apaisés des vagues que la rumeur de l’existence.

Ô Mère, que votre grandeur dispose de moi à son loisir !

Pour bien des raisons intrinsèques, je vais transcrire maintenant un très beau poème de Don Ramon del Valle Inclan :

K.A.R.M.A

Je veux édifier une maison

comme le sens de ma vie,

je veux en la pierre laisser mon âme

érigée.

Je veux travailler mon ermitage

au milieu d’un verger latin,

latin d’Horace et grimoire

byzantin.

Je veux transmettre ma virilité honnête

au fils et au petit-fils,

rénover dans ma verge

le respect.

Ma maison comme une pyramide

doit être temple funéraire,

le murmure qui meut ma clamide

est de tiers-point.

Je veux faire ma maison villageoise

avec une véranda à l’orient,

et méditer au soleil

dévotement.

Je veux faire une maison stoïque

murée en pierre de Barbance,

la maison de Sénèque, héroïque

de tempérance.

Et qu’elle soit travaillée de pierre

ma maison KARMA de mon clan,

et un jour je la décorerai de lierre

sur le dolmen del Valle Inclan.

Les causes vitales de l’existence avaient été détruites pendant la nuit cosmique profonde. Le Karma des divins et des humains en suspens, l’invisible qui est ainsi que l’invisible qui fut demeurèrent dans l’éternel Non-Etre, l’Etre Unique.

Dans les ondes d’argent de l’atmosphère tiède et transparente de tout l’Univers qui agonise, telle l’Ophélie naufragée et dolente, flotte la tendre sérénité de la vie. Ensuite les mondes se dissolvent et vient la nuit du Grand Pralaya, l’âme frémit de joie, étincelle qui revient à la flamme de l’Etre, qui est certes un Non-Etre pour le vain raisonnement.

Ce chapitre est tiré des Enseignements Cosmiques d’un Lama (1970) de Samael Aun Weor.