Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Le Mystère de la Fleur d’Or

Au sujet des projections de l’Eidolon et des voyages suprasensibles hors du corps physique, nous avons beaucoup à dire.

Au moment où j’écris ces pages, des évènements extraordinaires, merveilleux, me reviennent en mémoire.

En repassant les vieilles chroniques de ma longue existence, avec la minutie laborieuse du clerc dans sa cellule, surgit Éliphas Lévi.

Une nuit, hors de ma forme dense, je suis allé partout en invoquant l’âme de ce trépassé qui de son vivant s’appelait l’abbé Alphonse Louis Constant (Éliphas Lévi).

Je le trouvais, naturellement, assis à une vieille table de travail, dans l’auguste salon d’un antique palais.

C’est avec une grande courtoisie qu’il se leva de son fauteuil pour recevoir respectueusement mes salutations.

Je viens vous demander un grand service, dis-je ; je voudrais que vous me donniez une clé pour sortir instantanément en corps astral chaque fois qu’on en a besoin.

Avec grand plaisir, répondit l’abbé, mais auparavant je désire que demain vous m’apportiez la leçon suivante : « Quelle est la chose la plus monstrueuse qui existe sur la terre ? »

Donnez-moi la clé aujourd’hui même, je vous en prie… « Non ! Apportez-moi votre leçon et alors c’est avec grand plaisir que je vous donnerai la clé. »

Le problème que l’Abbé m’avait proposé s’avéra un véritable casse-tête, car il existe tellement de choses monstrueuses dans le monde que, franchement, je ne trouvais pas la solution.

J’allais par toutes les rues de la ville, observant, essayant de découvrir la chose la plus monstrueuse, et lorsque je croyais l’avoir trouvée, alors surgissait quelque chose de pire encore ; soudain un rayon de lumière éclaira mon entendement.

« Ah ! Me dis-je, maintenant je comprends. La chose la plus monstrueuse doit être, en accord avec la loi de l’analogie des contraires, l’antipode de la plus grandiose.

Bon ! Mais quelle est la chose la plus grandiose qui existe sur la face douloureuse de ce monde affligé ? »

J’aperçus alors par translucidité (ou clairvoyance) le Mont du Crâne, le Calvaire, le Golgotha des amertumes, et le grand Kabire Jésus agonisant sur une croix par amour pour toute l’humanité souffrante.

Alors je m’exclamais : l’Amour est la chose la plus grandiose qui existe sur la terre ! Eurêka ! Eurêka ! Eurêka ! Maintenant j’ai découvert le secret : la haine est l’antithèse de la plus grandiose.

La solution du problème complexe devenait évidente ; à présent, il me fallait indubitablement me mettre à nouveau en contact avec Éliphas Lévi.

Projeter encore une fois l’Eidolon fut pour moi une affaire de routine, car il ne fait aucun doute que je suis né avec cette précieuse faculté.

Si je cherchais une clé spéciale, je ne le faisais pas tant pour mon insignifiante personne qui ne vaut rien, mais plutôt pour les nombreuses autres personnes qui aspirent ardemment au dédoublement conscient et positif.

Voyageant avec l’Eidolon, ou Double magique, très loin du corps physique, je me promenais dans divers pays d’Europe, cherchant l’Abbé ; mais celui-ci n’apparaissait nulle part.

Soudain, de façon inusitée, je sentis un appel télépathique et je pénétrais dans une luxueuse demeure ; l’Abbé était là, mais…

Oh ! Surprise ! Merveille ! Qu’est-ce que c’est ? Éliphas transformé en un petit enfant et couché dans un berceau. Un fait vraiment insolite ! N’est-ce pas ?

Avec une profonde vénération, je me suis approché très doucement du bébé en disant : « Maître, j’apporte la leçon : la plus monstrueuse chose qui existe sur la terre, c’est la haine. Maintenant je veux que vous accomplissiez ce que vous m’avez promis. Donnez-moi la clé. »

Cependant, à mon grand étonnement, le bambin se taisait, tandis que je désespérais, sans comprendre que le silence est l’éloquence de la sagesse.

De temps en temps, je le prenais dans mes bras, désespéré, en le suppliant, mais tout à fait en vain, car ce nourrisson me semblait être le sphinx du silence.

Combien de temps ceci dura-t-il ? Je ne le sais pas ! Dans l’éternité, le temps n’existe pas, et le passé et le futur fraternisent dans un éternel maintenant.

Finalement, me sentant trompé, je laissais le marmot dans son berceau et je sortis, très attristé, de ce vétuste et noble manoir.

Les jours, les mois et les années passèrent et je continuais à me sentir fraudé ; j’avais comme l’impression que l’Abbé n’avait pas rempli sa parole, qu’il avait si solennellement engagée ; mais un jour la lumière vint à moi.

Je me rappelais alors cette phrase du Kabire Jésus : « Laissez venir à moi les petits enfants, car le Royaume des Cieux est à eux. »

Ah ! Maintenant je comprends, me dis-je à moi-même. Il est urgent, et indispensable, de reconquérir l’enfance dans l’esprit et dans le cœur. « Tant que vous ne serez pas comme des enfants, vous ne pourrez entrer dans le Royaume des Cieux. »

Ce retour, cette régression vers le point de départ originel, est impossible si l’on n’est pas auparavant mort à soi-même ; l’Essence, la Conscience, est malheureusement embouteillée dans tous ces agrégats psychiques qui, dans leur ensemble ténébreux, constituent l’Ego.

C’est seulement par l’annihilation de ces agrégats sinistres et sombres que l’on peut réveiller l’Essence en son état d’innocence première.

Lorsque tous les éléments subconscients ont été réduits en poussière cosmique, l’Essence est libérée. Alors nous reconquérons l’enfance perdue.

Novalis dit : « La Conscience est l’essence propre de l’homme en complète transformation, l’être céleste primitif. »

Il s’avère clair et manifeste que lorsque la conscience s’éveille, le problème du dédoublement volontaire cesse d’exister.

Après que j’eusse compris à fond tous ces processus de la psyché humaine, l’Abbé, dans les mondes supérieurs, me livra la seconde partie de la Clé royale.

Cette clé consiste en une série de sons mantriques avec lesquels on peut, de manière consciente et positive, réaliser la projection de l’Eidolon.

Pour le bien de nos étudiants gnostiques, il convient d’établir de façon didactique la succession intelligente de ces sons magiques :

  1. Un sifflement long et fin semblable à celui d’un oiseau.
  2. Entonner la voyelle « E » (Ééééé) en allongeant le son avec la note « ré » de la gamme.
  3. Chanter le « R » en le faisant résonner selon le « si musical », et en imitant la voix aiguë de l’enfant ; quelque chose comme le son aigu d’un petit moulin ou d’un moteur, extrêmement fin et subtil (Rrrrr).
  4. Faire résonner le « S » de manière très délicate comme un sifflement doux et paisible (Sssss).

Précision : En A. il y a un sifflement réel et effectif. En D. le « S » est seulement semblable à un sifflement.

Asana

L’étudiant gnostique se couche en position de cadavre : décubitus dorsal (sur le dos).

Les pieds sont ouverts en forme d’éventail et les talons se touchent.

Les bras le long du corps ; tout le véhicule physique est bien relaxé.

S’étant assoupi, le dévot, dans une profonde méditation récitera plusieurs fois les sons magiques.

Élémentaux

Ces mantras se trouvent en relation intime avec le département élémental des oiseaux, et il est ostensible que ceux-ci assisteront le dévot en l’aidant effectivement dans le travail de dédoublement.

Chaque oiseau est le corps physique d’un élémental, et ils aident toujours le néophyte, à la condition d’une conduite droite.

Si l’aspirant désire ardemment l’assistance du règne élémental des oiseaux, il doit apprendre à les aimer. Ceux qui commettent le crime d’enfermer les créatures du ciel dans d’abominables cages ne recevront jamais cette aide.

Nourrissez les oiseaux du ciel, devenez un libérateur de ces créatures, ouvrez les portes de leurs prisons, et ils vous assisteront.

Lorsque j’ai expérimenté pour la première fois la Clé royale, après avoir entonné les mantras, je me sentis vaporeux et léger comme si quelque chose avait pénétré à l’intérieur de l’Eidolon.

Nul doute que je n’ai pas attendu qu’on me lève du lit ; je quittais moi-même le lit ; je me levais volontairement et, en marchant très lentement, je sortis de la maison ; les innocents élémentaux de mes amis les oiseaux introduits à l’intérieur de mon corps astral m’aidèrent au dédoublement.

Conclusion

Nous avons donc exposé, dans le présent chapitre, les deux aspects fondamentaux de la Clé royale.

Le complet et absolu développement de ces deux parties de la grande Clé nous permettra de nous dédoubler à volonté de façon consciente et positive.

Ceux qui aspirent vraiment à se convertir en expérimentateurs des grandes réalités dans les mondes supérieurs doivent déployer à l’intérieur d’eux-mêmes les deux aspects de la grande Clé.

Ce chapitre est tiré de Le Mystère de la Fleur d’Or (1971) de Samael Aun Weor.