Écrit par: Samael Aun WeorCatégorie: La Magie des Runes

Parlons maintenant des chevaliers Templiers, discutons un peu de ces fidèles gardiens du Saint-Graal. Que les dieux nous écoutent, que les muses nous inspirent !

Que pourrions-nous dire du château de Montsalvat ? Chantons tous l’hymne du Graal :

Hymne du Graal

« Jour après jour, disposé pour la dernière Cène de l’amour divin, le festin sera renouvelé comme si pour la dernière fois il fallait aujourd’hui le consoler, celui-là qui a pris plaisir à faire de bonnes œuvres. Approchons-nous de l’agape pour recevoir les dons augustes. »

« Tout comme un jour, à travers des douleurs infinies, le sang qui sauva le monde se répandit, que l’on verse mon sang, le cœur joyeux, pour la cause du héros sauveur. Par sa mort, le corps qu’il offrit pour notre Rédemption vit en nous. »

« Notre foi vivra toujours, puisque la colombe plane sur nous, propice messagère du Rédempteur. Mangez du pain de la vie et buvez du vin qui jaillit pour nous ! »

Voyez là-bas, hommes et Dieux, les Chevaliers du Graal et leurs écuyers : ils portent tous des tuniques et des capes blanches semblables à celles des Templiers, mais au lieu de la croix Tau de ces derniers, ils arborent de plein droit, sur leurs armes et brodée sur leur cape, une colombe qui vole en planant. Symbole extraordinaire du Troisième Logos, signe vivant de l’Esprit-Saint, de Vulcain, cette force sexuelle merveilleuse grâce à laquelle nous pouvons faire tant de prodiges et de merveilles.

Bon, il convient de pénétrer tout à fait dans le sens profond du drame de Wagner. Qu’ils parlent : Amfortas, le type spécifique du remords ; Titurel, la voix du passé ; Klingsor, le magicien noir ; Parsifal, la Rédemption ; Kundry, la séduction ; Gurnemanz, la tradition.

Les trompettes merveilleuses résonnent dans leur diane solennelle ; Gurnemanz et ses deux écuyers s’agenouillent et récitent en silence la prière matinale. Deux forts cavaliers arrivent du Graal dans le but évident d’explorer le chemin que suivra Amfortas, le roi au saint calice.

Le vieux successeur du roi Titurel vient plus tôt que de coutume se baigner dans les eaux sacrées du lac, avec le désir de calmer les fortes douleurs qui l’affligent depuis qu’il a reçu, pour son malheur, un coup de l’épouvantable lance avec laquelle Klingsor, le magicien noir pervers, le blessa.

Triste histoire que celle de Klingsor !, quelle horreur ! Un sincère dans l’erreur, comme il y en a tant. Il vivait dans un épouvantable désert de pénitent ; il voulait être saint. Il se déclara l’ennemi de tout ce qui avait une saveur sexuelle ; il lutta épouvantablement contre les passions animales ; il porta sur son corps flagellé des silices sanglants, et il pleura beaucoup. Tout cela fut cependant inutile : la luxure, la lascivité, l’impudicité secrète le dévorait vif, malgré tous ses efforts et ses sacrifices. Impuissant à éliminer les passions sexuelles, le malheureux résolut alors, ô mon Dieu !, de se mutiler de ses propres mains, de se castrer.

Puis il tendit les mains en suppliant vers le Graal, mais le gardien le repoussa avec indignation.

Le malheureux croyait qu’en haïssant l’Esprit-Saint, qu’en rejetant le Troisième Logos, en détruisant les organes sexuels, il pourrait être admis dans le château de Montsalvat.

L’infortuné pensait pouvoir être admis dans l’Ordre du Saint-Graal sans le Maïthuna, sans avoir auparavant atteint la seconde naissance, en étant encore vêtu de haillons lunaires.

Ce pauvre homme affligé et misérable supposait qu’on pouvait pénétrer dans le travail avec le Deuxième Logos (le Christ) sans avoir travaillé auparavant avec le Troisième Logos (l’Esprit-Saint, le sexe).

Rempli de dépit, le ténébreux Klingsor résolut finalement de se venger injustement des nobles chevaliers du Saint-Graal ; il transforma son désert de pénitent en un jardin envoûtant et fatal aux voluptueux délices, et il le remplit de femmes exquises et diaboliques, dangereusement belles.

Là, dans cette demeure délicieuse, en compagnie de ses beautés, il attendait en secret les chevaliers du Graal pour les entraîner dans la concupiscence qui conduit inévitablement les gens aux mondes infernaux.

Celui qui se laisse séduire par ces diablesses provocantes devient sa victime. Il parvint à mener plusieurs chevaliers à la perdition.

Amfortas, le roi du Graal, combattit le malheureux Klingsor ; il voulut mettre un terme à ce fléau de l’envoûtement fatal, mais il tomba, vaincu par la passion, entre les bras impudiques de la luxurieuse Kundry.

Un moment formidable pour Klingsor : il aurait été stupide de laisser passer l’occasion. Il arracha avec audace la lance sacrée des mains d’Amfortas, et puis, évidemment, il s’éloigna en riant, triomphant.

C’est ainsi qu’Amfortas, le roi du Graal, perdit cette lance bénie avec laquelle Longibus avait blessé le Seigneur au côté, sur le Golgotha.

Amfortas, blessé lui aussi au côté par la plaie épouvantable du remords, souffre l’indicible.

Kundry, femme délicieuse d’une beauté extraordinaire, souffre également du remords, et elle sert humblement les frères du Saint-Graal.

Toi, dans le fond, femme fatale, tu n’es qu’un instrument de perfidie au service du mage des ténèbres ; tu veux marcher sur le sentier de la lumière, mais tu tombes, hypnotisée par le ténébreux.

Amfortas, plongé en méditation profonde et intime, écoute dans un état d’extase les paroles mystérieuses qui proviennent du Graal :

« Le sage, l’illuminé par la compassion, le chaste innocent, attends-le : c’est lui mon élu. »

Mais une chose extraordinaire se produit alors, une chose insolite : il y a tout à coup une grande agitation parmi les gens du Graal, précisément parce qu’ils ont surpris, du côté du lac, un jeune homme ignorant qui errait sur ses rives et qui venait de blesser à mort un cygne, oiseau sacré d’une blancheur immaculée.

Pourquoi donc tout ce scandale ? Pour Parsifal, cela correspond à un passé qu’il a lavé dans les eaux magnifiques du Léthé.

Qui n’a pas blessé à mort le cygne sacré ?, le Troisième Logos ? Qui n’a pas assassiné le Hamsa miraculeux, l’Esprit-Saint ? Qui n’a pas assassiné en forniquant l’oiseau Phénix du paradis ? Qui n’a pas péché contre l’Ibis immortel ? Qui n’a pas fait saigner la sainte colombe, symbole vivant de la force sexuelle ?

Il est évident que Parsifal avait atteint l’innocence totale après avoir beaucoup souffert ; ce fils d’Herzéléïde, une pauvre femme de la forêt, ignorait réellement les choses mondaines, il était protégé par son innocence.

Les femmes fleurs de Klingsor s’avérèrent inutiles ; les malheureuses ne purent pas séduire l’innocent, et elles s’enfuirent vaincues.

Inutiles, les efforts séducteurs d’Hérodias, de Gundrigia, de Kundry ; tous ses artifices échouent et, se voyant vaincue, elle appelle, elle demande l’aide de Klingsor qui, désespéré, tire la lance sacrée avec fureur sur le jeune homme.

Cependant, Parsifal est protégé par son innocence et, au lieu de traverser son corps, la lance flotte un instant au-dessus de sa tête ; le jeune homme l’attrape de sa main droite, puis il bénit à l’aide de cette arme acérée, il fait le signe de la croix, et le château de Klingsor s’enfonce alors dans l’abîme, transformé en poussière cosmique.

Le meilleur est encore à venir : Parsifal, accompagné de son gourou Gurnemanz, entre dans le temple de Montserrat, qui se trouve en Catalogne, en Espagne.

Les portes du temple s’ouvrent maintenant, et tous les chevaliers du Saint-Graal entrent en procession dans le lieu saint. Ils prennent place, dans l’ordre et avec une vénération infinie, à deux grandes tables recouvertes, parallèles, au milieu desquelles il reste un espace libre.

Quels moments délicieux que ceux-là où l’on célèbre la Cène mystique, le banquet cosmique de l’agneau pascal.

Quels instants extraordinaires que ceux-là où l’on mange le pain et boit le vin de la transsubstantiation.

Durant le rituel, le calice béni resplendit glorieusement, celui dans lequel Joseph d’Arimathie recueillit le sang qui jaillissait des plaies du Seigneur sur le Golgotha de toutes les misères.

Quels moments ineffables du Plérôme que ceux-là où Parsifal guérit miraculeusement la blessure d’Amfortas en appliquant sur son côté la lance bénie elle-même, celle qui l’avait blessé.

Quel symbole formidable que celui de cette lance, phallique à cent pour cent, intégralement sexuel.

Amfortas chuta par le sexe, il souffrit épouvantablement de la douleur du remords, mais grâce aux mystères sexuels, il se régénéra, il guérit complètement.

Le grand Kabire Jésus a dit :

« Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, qu’il se charge de sa croix, et qu’il me suive. »

Les chevaliers du Saint-Graal se sont reniés eux-mêmes en dissolvant le moi pluralisé, en incinérant les germes sataniques, en se baignant dans les eaux du Léthé et de l’Eunoé.

Les chevaliers du Saint-Graal ont travaillé dans la forge ardente de Vulcain ; jamais ils n’ont ignoré le fait que la croix résulte de l’insertion du phallus vertical dans le Ctéis formel.

Les chevaliers du Saint-Graal se sont sacrifiés pour l’humanité, ils ont travaillé avec amour dans le Grand-Œuvre du Père.

Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.

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