Écrit par: Samael Aun WeorCatégorie: La Magie des Runes

La Divine Mère Kundalini tient toujours sa parole. J’attendis avec une patience extrême le jour, la date et l’heure.

La région du purgatoire est très douloureuse et je voulais en sortir, je désirais ardemment l’émancipation.

Caton, l’ange du purgatoire, lutte dans ces régions moléculaires pour la liberté des âmes. Cet ange souffrit passablement lorsqu’il vécut dans le monde. Tout initié sait que cet Être fut un homme et qu’il préféra mourir à Utique, en Afrique, plutôt que de vivre sous les chaînes de l’esclavage.

Moi aussi, je voulais la liberté ; je la demandai et on me l’accorda. Chaque fois qu’une âme abandonne la région du purgatoire, une grande joie naît dans le cœur de Caton.

Et le moment tant désiré arriva. J’avais connu le feu temporel et le feu éternel, j’étais sorti des chemins escarpés et étroits, et je devais rencontrer le soleil à l’intérieur de ma propre âme.

Je sentis quelque chose de mystérieux qui, depuis les recoins les plus ignorés, forçait et poussait avec violence les portes intimes et atomiques de mon univers intérieur. Inutiles furent mes peurs et ma résistance, vaine ; cette force m’obligeait, me contraignait, me pressait, et finalement, ô mon Dieu, je me sentis transformé : le Christ cosmique était entré en moi.

Et mon individualité ? Où était-elle restée ? Qu’était-il advenu de ma personnalité humaine ? Où était-elle ?

Je n’avais à la mémoire que les souvenirs de la terre sainte, l’humble naissance dans l’étable du monde, le baptême dans le Jourdain, le jeune dans le désert, la transfiguration, Jérusalem, la ville chérie des prophètes ; les multitudes humaines de cette époque, les docteurs de la loi, les Pharisiens, les Sadducéens, etc.

Flottant dans l’air ambiant du temple, j’avançai courageusement vers cette table derrière laquelle étaient assis les Caïphes modernes, les plus hauts dignitaires de l’Église déchue ; vêtus de leurs habits sacerdotaux et la croix pendue au cou, ceux-ci faisaient des projets, lançaient des idées, élaboraient en secret des plans insidieux et perfides contre moi.

« Vous pensiez que je ne reviendrais pas, et me voilà ici de nouveau ! » C’est tout ce qui me vint à l’esprit de dire.

Quelques moments plus tard, le Seigneur était sorti de moi et je me sentis de nouveau un individu ; je me reposais alors avec Litelantes au pied de ma croix pour un bref instant.

Je ne peux pas nier le fait que les échardes du lourd madrier me blessaient déplorablement, et j’en fis brièvement la remarque à Litelantes.

Nous avançâmes ensuite, elle et moi, vers la plate-forme du temple. Un Maître prit la parole pour dire que le Christ n’a pas d’individualité et qu’il s’incarne et se manifeste dans tout homme qui est dûment préparé.

Il est clair que le mot homme est extrêmement exigeant. Diogène ne trouva pas un seul homme dans Athènes.

L’animal intellectuel n’est pas un homme ; pour l’être, il faut se vêtir de l’habit de noces de l’âme, du fameux To Soma Heliakon, du corps, ou plutôt des corps, de l’homme solaire.

Par bonheur, je fabriquai ces corps d’or dans la forge des Cyclopes, dans la forge ardente de Vulcain.

Hercule a refait en moi toutes ses tâches, tous ses travaux : il dut étrangler les serpents venimeux qui voulaient lui enlever la vie alors qu’il était encore tout petit, il dut décapiter l’hydre de Lerne, nettoyer les écuries d’Augias, tuer le lion de Némée, sortir Cerbère, le chien infernal, du fond de l’épouvantable Tartare, etc.

Le Christ, Hercule, met ce qu’il prêche en pratique, et chaque fois qu’il s’incarne dans un homme, il répète tout son drame cosmique ; c’est pourquoi le Seigneur est le Maître des Maîtres.

Il est écrit que le Fils de l’homme doit descendre aux enfers atomiques de la nature.

Il est écrit que le Fils de l’homme doit monter aux cieux en passant par la région du purgatoire.

Le Fils de l’homme doit s’immerger soigneusement dans les eaux du Léthé pour reconquérir l’innocence.

Il nous faut de toute urgence oublier notre passé coupable et absurde, source de tant d’ennuis.

Le Léthé et l’Eunoé sont, de façon certaine et sans le moindre doute, un seul et même fleuve aux eaux claires et profondes. D’un côté, il descend en chantant délicieusement dans son lit de roches avec cette vertu merveilleuse d’effacer la mémoire du péché, les souvenirs du moi-même, et il s’appelle le Léthé. Sur l’autre rive, si sainte et sublime, il a l’enchantement délicieux de fortifier les vertus et il s’appelle l’Eunoé.

Il est évident que les souvenirs ténébreux de tous ces jours passés doivent être effacés, car elles ont, pour notre malheur, tendance à s’actualiser, à se projeter dans le futur par la ruelle du présent.

Au nom de la vérité, je dois dire que le travail profond dans les eaux du Léthé s’avère d’habitude épouvantablement difficile, plus amer que le fiel.

Cet acte par lequel on va au-delà du corps, des affects et du mental n’a rien de facile : il y a dans le temps tellement d’ombres qui nous sont chères. Les mémoires du désir persistent, elles se refusent à mourir, elles ne veulent pas disparaître.

Et le sexe ? Le Maïthuna ? Le sexo-yoga ? Qu’en est-il de tout cela ? Ô mon Dieu ! Les deux fois nés savent bien qu’ils ne doivent plus retourner à la forge ardente de Vulcain.

Il est évident que le Maïthuna est vital, capital, décisif pour fabriquer l’habit de noces de l’âme, le To Soma Heliakon ; cependant, tout initié sait que celui-ci n’est que le travail inférieur de l’initiation.

Pour le Fils de l’homme, le sexe est interdit ; les dieux le savent, et c’est écrit ainsi.

Nous devons d’abord travailler avec le Troisième Logos dans la neuvième sphère jusqu’à atteindre cette deuxième naissance dont le Kabire Jésus parla au rabbin Nicodème. Par la suite, nous devons travailler avec le Deuxième Logos, et le sexe se trouve alors interdit.

L’erreur de nombreux pseudo-ésotéristes et pseudo-occultistes, moines et anachorètes, consiste à renoncer au sexe sans avoir fabriqué auparavant les corps solaires dans la forge des Cyclopes. Ces sincères trompés veulent travailler avec le Deuxième Logos sans avoir travaillé avec le Troisième Logos au préalable : voilà leur erreur.

L’abstinence sexuelle définitive et radicale n’est obligatoire que pour les deux fois nés, que pour le Fils de l’homme.

Celui qui entre dans le temple des deux fois nés doit dissoudre l’ego, incinérer les semences du moi et se baigner dans les eaux du Léthé ; cela est connu des dieux, des étincelles, des flammes, des resplendissants dragons de sagesse.

Personne ne pourrait, en vérité, aller très loin au-delà du sexe, des affects et du mental sans s’être d’abord baigné dans les eaux du Léthé.

Après la deuxième naissance, il nous faut déchirer en morceaux le voile sexuel adamique, le voile d’Isis, afin de pénétrer les grands mystères.

Fils de la terre, écoutez vos instructeurs, les Fils du feu ! Adeptes de la lumière !, invoquez votre Mère divine Kundalini et immergez-vous dans les eaux profondes du Léthé !

Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.

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