Écrit par: Samael Aun WeorCatégorie: La Magie des Runes

Au nom de la vérité, nous devons affirmer la nécessité de renoncer. Il nous faut passer par la grande mort, et cela n’est possible qu’en nous libérant tout à fait du mental.

Une fois que la nature a été dominée, l’omnipotence et l’omniscience adviennent, comme de raison.

Lorsque le Gnostique autoréalisé renonce également aux idées d’omnipotence et d’omniscience, survient alors la destruction de la vraie semence du mal, celle-là même qui, après chaque Pralaya (nuit cosmique), nous entraîne de nouveau dans le Mahamanvantara (jour cosmique).

Il est bien entendu que quiconque est parvenu à l’autoréalisation intime a le droit de vivre dans le nirvana, mais s’il renonce à cette félicité, il continuera sur le chemin direct qui nous conduit à l’absolu.

Néanmoins, il est bien entendu qu’il existe de nombreuses tangentes, et des dieux tentateurs bien plus dangereux que les êtres humains. Ces dieux ne nous tentent pas par méchanceté, ni par jalousie, ni par peur de perdre leur place, comme le supposent erronément certains auteurs orientaux, mais plutôt par compassion.

À l’instant même où j’écris ce chapitre, quelque chose de très intéressant me vient à la mémoire.

Un jour, après avoir accompli une nouvelle renonciation nirvanique, je me retrouvais, heureux, dans mon septième principe (l’Atman), sur la jolie terrasse d’une demeure ineffable.

J’étais, bien sûr, dans le nirvana, dans la région des dharmakayas, dans le monde des dieux.

Tout à coup plusieurs Nirvanis s’approchèrent de moi, bienheureux, flottant dans l’espace sacré. À les voir, je pus constater par l’expérience directe que ces êtres étaient des flammes vivantes à trois mèches, et que celles-ci, en elles-mêmes, sont immortelles.

L’un de ces ineffables prit finalement la parole et me dit :

— Pourquoi, mon frère, as-tu pris ce chemin si étroit, si amer et si dur ? Reste donc ici, dans le nirvana, avec nous ; nous sommes tous très heureux.

— Ce que les hommes n’ont pas pu faire avec leurs tentations, vous le pouvez encore bien moins, vous les dieux ! Moi, je me dirige vers l’absolu.

Telle fut ma réponse. Je sortis ensuite de ce bel endroit, d’un pas ferme et décidé.

Les Gnostiques qui n’atteignent pas l’absolue perfection meurent et se convertissent en dieux ; ils commettent l’erreur d’abandonner le grand chemin direct, ils empruntent les chemins de côté et acquièrent de nombreux pouvoirs, mais il est clair qu’ils doivent ensuite revenir se réincarner pour reprendre encore une fois le chemin direct qui doit les conduire à l’absolu.

Il est indispensable d’empêcher que le contenu mental n’acquière différentes formes si l’on veut atteindre le calme absolu du mental.

La connaissance directe nous donne des qualités superbes, mais celui qui suit le chemin direct ne doit pas s’attacher à ces vertus.

L’obtention de pouvoirs psychiques ne conduit jamais à une libération, quelle qu’elle soit ; ce n’est rien de plus que la recherche de vaines jouissances.

La possession de pouvoirs occultes ne fait rien d’autre qu’intensifier la mondanité en nous, et, au bout du compte, elle ne fait que rendre l’existence plus amère.

Bien des âmes échouent, malgré qu’elles aient presque atteint la libération finale, parce qu’elles ne peuvent renoncer de façon absolue à tous les pouvoirs occultes. Ces êtres s’immergent pour un temps dans la nature, pour resurgir ensuite en seigneurs et maîtres. Il existe des milliers de dieux de ce genre : ils sont divins, ineffables, mais ils n’ont pas le droit d’entrer dans l’absolu.

Il y a de nombreux autoréalisés qui sont submergés dans la nature : ce sont assurément des frères qui se sont arrêtés de ce côté-ci de la perfection ; ils sont empêchés pour un temps de parvenir à la fin, et ils gouvernent en attendant telle ou telle partie de l’univers.

Les dieux saints correspondent, bien entendu, à certaines fonctions supérieures de la nature assumées par différentes âmes, mais en réalité, ils ne sont pas encore parvenus à la libération finale.

C’est seulement en renonçant à l’idée de nous convertir en dieux et de régir des Kalpas (des cycles) que nous pouvons obtenir la libération radicale, absolue.

Le succès vient vite pour celui qui est extrêmement énergique. Nous devons être impitoyables envers nous-mêmes.

Il est urgent de renoncer et de mourir d’instant en instant ; ce n’est qu’à force de renonciations et de morts innombrables que nous pouvons entrer dans l’absolu.

Je parle aux êtres humains à partir de l’expérience directe. Je suis un avatar d’Ishvara.

En vérité, Ishvara (le Maître suprême) est un Purusha très spécial qui est libre de souffrances, libre d’actions et de leurs résultats, libre de désirs.

Imaginez l’esprit universel de vie comme un océan sans plage, sans rivage ; pensez pour un instant à une vague qui surgirait pour se perdre de nouveau dans l’élément liquide ; cette onde marine serait alors Ishvara.

Brahma, l’océan de l’esprit, se manifeste sous la forme d’Ishvara, le Maître des Maîtres, le gouverneur de l’univers.

Cette omniscience qui n’existe qu’en germe chez les autres se fait infinie en Lui. Il est le Maître, même pour les Maîtres antiques, car il n’est jamais limité par le temps. La parole qui le manifeste est AUM.

Et Ishvara vint à moi :

— Écris des livres, me dit-il ; messages, brochures et tijitlis.

— Seigneur, m’exclamais-je, mais que veut dire ce mot, « tijitlis » ?

— Constituer l’Armée du salut mondial, le Mouvement gnostique, le Parti socialiste chrétien latino-américain, etc., dit le Seigneur, et je le compris.

Ishvara est le prototype véritable de la perfection, qui est assurément tout à fait au-delà du corps, du mental et des affects.

Je vous dis toutefois, bien-aimés Gnostiques, qu’en vérité, vous devez d’abord parvenir à la seconde naissance, mourir en vous-mêmes et donner jusqu’à la dernière goutte de votre sang pour l’humanité souffrante. C’est de cette façon seulement que vous pouvez fouler ce sentier de Jean, ce chemin direct qui vous mènera jusqu’à l’absolu, au-delà des hommes et des dieux.

Ne commettez pas l’erreur d’attendre que la loi de l’évolution vous amène à la libération finale. Ce chemin direct n’est possible qu’à travers d’incessantes révolutions intimes.

Vous n’êtes à présent que des Imitatus, vous devez vous transformer en Adeptus avant de commencer à monter les trois triangles.

Les anges, archanges et principes constituent le premier triangle ; puissances, vertus et dominations personnifient le second triangle ; trônes, chérubins et séraphins représentent le troisième triangle.

Très loin au-delà des trois triangles ineffables, il y a ce qui n’a pas de nom, ce qui n’appartient pas au temps : l’Absolu.

Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.

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