Écrit par: Samael Aun WeorCatégorie: La Magie des Runes

Ô muse !, inspire-moi, afin que mon style ne trahisse pas la nature du sujet !

Ô Divine Mère Kundalini !, tu es Vénus, ô ma dame, tu es Heva, Isis, Sophia, Achamoth, Parvati, Uma, Tonantzin, Rhéa, Cybèle, Marie, ou encore, pour mieux dire, Ram-Io.

Ô Devi Kundalini !, tu es Adi-zakti, Rajni, Adonia, Insoberte, Maha Lakshmi, Maha Sarasvati.

Sans toi, ô Mère adorable, la manifestation du Prana, de l’électricité, de la force magnétique, de la cohésion moléculaire et de la gravitation cosmique serait tout à fait impossible !

Tu es la Matripadma, la Deva Matri, Aditi, l’espace cosmique, la Mère des dieux !

Ô éternelle Mère-Espace ! Tu as trois aspects lumineux durant la manifestation cosmique, ainsi que deux antithèses.

Que les hommes m’écoutent ! Il est dit que chaque vivant a sa propre Devi Kundalini, sa Divine Mère particulière.

Il serait absolument impossible d’éliminer véritablement l’Ahamkara Bhava, la condition égoïque de notre conscience, si nous commettions le crime d’oublier notre divine Kundalini.

L’animal intellectuel faussement appelé homme n’est rien de plus qu’un composé d’agrégats qui doivent tôt ou tard se réduire en poussière cosmique.

La seule chose éternelle en nous, c’est le Bouddha intime, et celui-ci se trouve en réalité au-delà du corps, du mental et des affects.

Il est capital et décisif d’éliminer les agrégats vains et périssables pour éveiller la conscience. Ces agrégats sont, bien entendu, ces entités ou moi ténébreux qui habitent les cinq centres de la machine. Nous avons déjà expliqué dans nos Messages de Noël précédents, nous avons dit en toute clarté que les cinq cylindres de la machine humaine sont : l’intellect, les émotions, le mouvement, l’instinct et le sexe.

Précisons : les mois-diables constituent l’ego (le moi pluralisé), et la conscience dort à l’intérieur de chacun d’eux.

Il est vital d’éliminer ces moi, ces entités, ces agrégats qui personnifient nos défauts, pour éveiller la conscience et atteindre l’Atma Vidya, l’illumination complète.

La compréhension à fond, la prise de conscience claire du défaut que nous voulons extirper est fondamentale, mais ce n’est pas tout : il faut aussi éliminer, et cela n’est possible qu’avec l’aide de la Kundalini.

Le mental ne peut rien modifier de manière fondamentale ; tout ce qu’il peut faire, c’est étiqueter, cacher des défauts, les faire passer à d’autres niveaux, etc.

Éliminer les erreurs, c’est tout autre chose ; ce serait absolument impossible sans Devi Kundalini, le serpent igné de nos pouvoirs magiques.

Une nuit, peu importe la date ou l’heure, je voyageai en corps astral dans l’univers parallèle de la cinquième dimension, enivré d’une volupté spirituelle, et j’arrivai, rempli d’extase, devant le seuil mystérieux de ce temple merveilleux des deux fois nés.

Le gardien des grands mystères était à la porte, hiératique et terrible comme toujours, et lorsque je voulus entrer, une chose insolite se produisit. Il me regarda fixement et me dit d’une voix sévère :

— Parmi ce groupe de frères qui ont travaillé dans la neuvième sphère et qui se sont présentés dans ce temple après avoir travaillé dans cette région, tu es le plus avancé, mais tu te trouves à présent arrêté dans ton progrès.

Ces paroles du gardien, prononcées avec tant de sévérité sur le seuil du mystère, me laissèrent assurément perplexe, confondu, indécis, et tout ce qui me vint à l’esprit, c’est de demander :

— Pourquoi ?

Le hiérarque dit, en réponse à ma question :

— Parce que tu manques d’amour.

— Comment ? répliquais-je. J’aime l’humanité, je travaille présentement pour tous les êtres humains ; je ne comprends pas ce que tu me dis. En quoi consiste ce manque d’amour ?

— Tu as oublié ta Mère, tu es un fils ingrat, m’expliqua le gardien.

Je dois confesser que la façon dont il prononça ces paroles provoqua en moi non seulement de la douleur, mais aussi de la frayeur.

— Ce qu’il y a, c’est que je ne sais pas où elle est, il y a longtemps que je ne l’ai vue.

Je lui parlai ainsi en croyant qu’il faisait allusion à ma génitrice terrestre, dont je dus me séparer alors que j’étais encore très jeune.

— Comment peut-il être possible qu’un enfant ne sache pas où est sa mère ?, réfuta le gardien.

Puis il poursuivit :

— Je te le dis pour ton bien, tu es en train de te faire du tort.

Je confesse en vérité que c’est seulement après plusieurs jours et des recherches inutiles pour localiser ma mère terrestre dans le monde que je pus enfin comprendre les paroles énigmatiques du gardien du temple.

Ah !, mais la littérature de type pseudo-ésotérique et même pseudo-occultiste qui abonde sur le marché ne dit rien là-dessus. Si je l’avais su avant… Bref, je réfléchis tellement, et puis je priais.

Prier, c’est converser avec Dieu, et je priais en secret l’éternel féminin, Dieu-Mère.

J’appris alors que chaque créature a sa propre Mère divine particulière, et j’appris même le nom secret de la mienne.

Il est clair qu’à cette époque, je souffrais l’indicible à dissoudre l’ego, je luttais pour le réduire en poussière cosmique.

Le plus terrible de tout, c’est que j’avais atteint la seconde naissance et que je comprenais très bien que si je ne parvenais pas à mourir en moi-même, j’échouerais, je me transformerais en un avorton de la Mère cosmique, en un Hanasmussen à double centre de gravité.

Mes efforts semblaient inutiles et j’échouais dans les épreuves ; il est clair que si j’avais continué ainsi, l’échec total aurait été inévitable. Par bonheur, et grâce à Dieu, le gardien du temple sut m’avertir et me conseiller.

Le travail fut terrible, les échecs m’indiquèrent avec exactitude où se trouvaient les failles. Chaque épreuve suffisait à m’indiquer, à me montrer le défaut de base, l’erreur.

La méditation sur chaque erreur fut suffisante pour comprendre, bien que je pus expérimenter clairement qu’il existe des degrés et des degrés de compréhension.

Cette question de la compréhension est en grande partie élastique et ductile ; souvent nous croyons avoir compris de manière intégrale un défaut de type psychologique, et ce n’est que plus tard que nous finissons par découvrir qu’en réalité, nous ne l’avions pas compris.

Éliminer est une autre chose : quelqu’un peut comprendre un défaut quelconque sans pour autant parvenir à l’éliminer.

Si nous excluons la Mère divine, le travail s’avère incomplet et il est alors impossible d’éliminer les défauts.

Pour parler franchement, je me transformais en ennemi de moi-même et je résolus d’équilibrer la compréhension et l’élimination. Chaque défaut compris fut éliminé par le pouvoir de la Divine Mère Kundalini.

Un jour, finalement, je révisais mon travail dans le Tartare, dans l’Averne, dans le règne minéral submergé, dans ces régions infradimensionnelles ou univers parallèles submergés.

Naviguant sur les eaux de l’Achéron à bord de la barque de Charon, je parvins à l’autre rive pour réviser le travail, et je vis alors des milliers de mois-diables, mes agrégats, des parties de moi-même, qui vivaient dans ces régions. Je voulus ressusciter quelque chose, une effigie qui symbolisait mon propre Adam de péché et qui gisait comme un cadavre dans les eaux bourbeuses du fleuve. Alors ma Mère divine, vêtue de deuil comme une pleureuse, me dit d’une voix remplie d’un amour infini : « Celui-ci est déjà bien mort, je n’ai plus rien à en tirer. »

Assurément, ma Mère avait extrait de moi toute cette légion de mois-diables, tout cet ensemble d’entités ténébreuses qui personnifient nos défauts et qui constituent le moi.

C’est ainsi que je parvins à dissoudre le moi pluralisé, c’est ainsi que je parvins à réduire en poussière tous ces agrégats qui forment le moi-même.

Ce chapitre est tiré de La Magie des Runes (1969) de Samaël Aun Weor.

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