Écrit par : Samael Aun Weor   Catégorie : Au-delà de la Mort

QQue pouvez-vous me dire, Maître, sur les guérisons à distance ?

R. Il me vient constamment des lettres de différents endroits du monde pour solliciter de telles guérisons. Nous nous limitons à la médecine spirituelle ; nous indiquons l’heure précise où l’on peut se concentrer sur nous, c’est-à-dire penser à nous, nous invoquer.

Il est clair que nous assistons spirituellement les malades et que nous allons même quelquefois jusqu’à nous rendre visible devant eux.

D’habitude, nous leur demandons d’allumer trois feux à une heure convenue, nous leur conseillons de poser un verre d’eau devant ces trois feux et nous leur suggérons qu’après une demi-heure de concentration sur nous, ils boivent de cette eau.

Il est évident que nous déposons dans cette eau certaines substances qui lorsqu’elles sont transportées à l’intérieur de l’organisme, opèrent habituellement des guérisons merveilleuses.

Il y a plusieurs Maîtres qui coopèrent au travail de guérison, comme Paracelse, Hilarion, Saint-Raphaël et quelques autres. Nous n’indiquons pas toujours une concentration spécifique sur Samaël : « J’ai beaucoup de travail ! » Nous pouvons aussi leur indiquer l’un quelconque des autres maîtres dans le même but.

L’important est que les malades aient la foi parce que la foi fait des miracles. Le Christ a déjà dit : « Ayez la foi comme un grain de moutarde et vous déplacerez des montagnes ». La foi est un pouvoir solaire merveilleux avec lequel on peut réaliser de nombreux prodiges. Notre système de guérison spirituelle n’a rien contre les docteurs. Chacun peut avoir foi en nos méthodes et consulter en même temps son médecin dans le monde physique.

QPeut-on guérir n’importe quelle maladie au moyen de ces méthodes ?

R. Il est clair que les Maîtres de la science soignent le corps vital en lui donnant des médicaments et que le résultat subséquent est la guérison de l’organisme physique. Cependant il existe des maladies karmiques très graves qui sont le résultat de mauvaises actions commises dans des vies antérieures. Quand le châtiment est très sévère, la guérison s’avère impossible. Cependant les Maîtres de la médecine sont là pour assister et essaient de sauver le patient.

QPeut-on arriver à guérir sans avoir besoin d’une aide médicale ?

R. Quand la personne n’a pas de dette karmique trop grave, les Maîtres de la médecine peuvent guérir le malade, même si celui-ci ne consulte aucun docteur.

QToutes les maladies sont-elles karmiques ?

R. Il ne faut pas exagérer les choses, ma chère demoiselle. Non, toutes les maladies ne sont pas karmiques et c’est pourquoi de nombreux patients guérissent rapidement avec nos procédés psychiques ou spirituels.

Cependant il convient de savoir qu’on voit apparaître ces temps-ci de nombreuses maladies inconnues, qui sont le résultat effrayant de la perversité humaine. Ces maladies sont habituellement mortelles.

QPouvez-vous me dire si la maladie du Mauvais œil existe ?

R. Je dois dire que, dans les villes, des milliers d’enfants meurent du Mauvais œil. Il se trouve que dans les pays super civilisés, les gens ne croient pas à cette maladie et, à cause de cela, la mortalité augmente de façon générale.

Une personne ayant une force hypnotique inconsciente peut, en regardant un enfant, blesser involontairement son corps vital et le résultat ne se fait pas attendre longtemps.

La petite créature présente bientôt de grands cernes sous les yeux, des vomissements, de la fièvre, de la diarrhée, etc., et les médecins diagnostiquent en général une infection intestinale. Ils leur prescrivent de nombreux antibiotiques, des cuillers, mais l’état de la créature empire au lieu de s’améliorer, et elle meurt.

QQue peut-on faire pour guérir ces cas ?

R. Le mieux est de faire de fortes passes magnétiques de bas en haut sur le visage et les paupières de l’enfant, dans la ferme intention d’éliminer les fluides vitaux ténébreux. Il convient d’allumer un feu, une chandelle ou un chandelier, et de lire aux créatures la conjuration des Sept du sage Salomon, telle qu’elle est décrite dans cette brochure élémentaire d’introduction à la Gnose (voir chap. 13). Il faut aussi signer l’enfant malade d’une croix sur le front, la poitrine, la tête et les épaules tout en lui lisant les quatre Évangiles.

QLire les quatre Évangiles est très long, ne pourrait-on pas abréger un peu ?

R. Oui. On peut lire les béatitudes avec une foi véritable pour que la foi curative soit suffisamment forte pour lancer un fluide curatif suffisamment fort pour déloger les mauvais fluides accumulés dans l’organisme du malade, afin que celui-ci guérisse.

QExiste-t-il des maladies qui sont causées par des envoûtements ?

R. Le monde en est plein, ma chère demoiselle. Je pourrais vous citer d’innombrables cas, mais nous déborderions des limites de ce livre que nous sommes en train d’achever. Avant tout, je dois vous dire que la première chose dont nous avons besoin c’est d’un diagnostic exact, qui seul peut nous permettre d’apporter les soins adéquats.

Malheureusement, ils sont très rares les guérisseurs qui savent vraiment diagnostiquer une maladie causée par des envoûtements. Je vais vous citer un cas très spécial relaté par le sage Waldemar. Il sera entre guillemets parce que je n’aime pas m’orner des plumes d’autrui, mais comme ce cas est vraiment sensationnel, il est bon que nos lecteurs le connaissent.

Un des cas les plus intéressants de jalousie vampirique a pu être expérimenté par l’investigateur occultiste français Éliphas Lévi (l’abbé Constant).

Pendant son séjour à Londres, Lévi se lia d’amitié avec un jeune duc, dans la maison duquel il était invité presque chaque jour. Il y avait peu de temps que le duc s’était marié avec une jeune et extraordinairement belle princesse française, et bien sûr contre le désir de sa famille protestante, étant donné que la jeune fille était catholique pratiquante.

Le duc, comme put le constater Lévi, avait mené pendant de nombreuses années une vie plutôt frivole, pour ne pas dire libertine, ayant eu pendant longtemps pour maîtresse une jeune italienne, danseuse de ballet, qu’il avait fini par abandonner, ayant réalisé qu’il n’aimait pleinement que son épouse.

Un certain soir, la duchesse tomba malade et dut gagner le lit. Les médecins diagnostiquèrent un début de grossesse, mais il apparut par la suite que la faiblesse dont elle souffrait devait avoir une autre origine. Et le duc eut beau faire venir en consultation les plus fameux médecins de Londres, ceux-ci se virent confrontés à une énigme. Ils employèrent les remèdes les plus divers, mais sans aucun succès.

Parmi les gens qui fréquentaient le palais du duc, il y avait aussi un vieil abbé français qui avait déjà connu la princesse à Paris, et qui trouva un plaisir particulier à converser avec Éliphas Lévi sur des problèmes métaphysiques, sujets qui l’intéressaient lui aussi depuis plusieurs dizaines d’années, et pas seulement d’un point de vue théorique. Un certain soir, ils étaient restés seuls tous les deux dans le salon, étant donné que le duc, préoccupé, était allé au chevet de sa femme malade. C’était une nuit froide et humide. Dehors flottait le célèbre brouillard londonien, qui affaiblissait la lumière des lanternes. Soudain l’abbé saisit Lévi d’une main et lui dit d’une voix calme : « Écoutez, cher ami, je voudrais vous parler de quelque chose. Puis-je être certain de votre entière discrétion ? » Lévi lui répondit affirmativement et l’abbé poursuivit : « J’ai toutes les raisons de supposer que la maladie de la duchesse n’est pas naturelle. Je connais Mildred depuis qu’elle est petite et elle a toujours été la personne la plus saine que vous puissiez imaginer. Mais maintenant, elle se languit et s’affaiblit de jour en jour. C’est comme si elle perdait mystérieusement son sang ».

— « Croyez-vous qu’elle soit sous l’influence de quelque pouvoir obscur ? Qu’il y ait en jeu quelque sortilège ? », demanda Lévi.

— « Je peux avoir une grande confiance en ma voix intérieure et c’est pourquoi j’oserais presque dire qu’il y a quelque chose qui ne va pas comme il se doit dans cette maladie. Voulez-vous m’aider à rompre le charme ? »

— « Avec grand plaisir ».

— « Bon, dans ce cas, nous n’avons pas de temps à perdre. Il me plairait que vous veniez chez moi à onze heures et demie pour que nous fassions ensemble une conjuration. J’essaierai d’interpeller l’esprit ténébreux. Peut-être obtiendrons-nous une réponse de l’au-delà ».

Après cette conversation, Éliphas Lévi héla une voiture et se fit transporter chez lui où il dut se laver, se raser et changer ses habits de la tête aux pieds, car les esprits de la zone moyenne, qui étaient ceux que pensait invoquer l’abbé, exigeaient de leurs conjurateurs la propreté la plus scrupuleuse. Les vêtements devaient aussi être en accord avec leur nature ; ils ne supportaient aucun tissu animal, de sorte que l’on devait écarter les vêtements de laine, comme aussi les souliers de cuir.

Du fait que la maison de l’abbé se trouvait au nord-est, à Hampsted Heath, et qu’Éliphas vivait sur la place Russell, et que la distance entre les deux endroits était assez considérable, Éliphas dut faire sa toilette complète avec une certaine hâte s’il voulait se présenter à l’heure convenue avec l’abbé. Il arriva vers onze heures vingt à Hampsted Heath. L’abbé en personne, tout vêtu de blanc, lui ouvrit la porte et le conduisit par un escalier élevé à une chambre qui se trouvait à une des extrémités du corridor du premier étage. Là, il fallut que les yeux d’Éliphas s’habituent d’abord à l’obscurité : des flammèches bleutées et tremblantes s’échappaient d’un encens aromatique d’ambre et d’almizèle.

À la lumière incertaine, Éliphas observa une grande table circulaire qui se trouvait au centre de la chambre et, dressé sur cette table, le crucifix inversé, symbole du phallus. À côté de la table se trouvait un petit homme maigre. « C’est mon serviteur », chuchota l’abbé, « vous savez bien que le chiffre trois est indispensable pour ces conjurations. Commencez donc vous-mêmes la première invocation ». Cette invitation de la part de l’abbé était plus qu’une simple courtoisie, car les puissances de la zone moyenne pouvaient s’irriter et se venger sur le maître de maison, jusqu’à lui apporter la mort, si celui-ci avait permis à un intrus incompétent de rabaisser l’harmonie de leur sphère.

Le fait donc de céder ainsi la première invocation à son ami, montrait qu’il considérait Éliphas comme un maître de première catégorie dans la magie. Et en fait, cette supposition était justifiée. Si quelqu’un pouvait exécuter avec succès, le front haut et sans crainte, le cœur pur et la volonté trempée par de nombreuses épreuves, les cérémonies millénaires de la magie sacrée, c’était cet homme qui exerçait sa domination aussi bien sur le royaume des esprits que sur celui de leurs créatures incarnées et adeptes.

Au milieu du voile de fumée, Éliphas tendit la main instinctivement vers la gauche où devait se trouver le récipient d’eau bénite qui devait avoir été tirée d’une citerne par une nuit de pleine lune, et par une personne voilée, qui devait prier sur elle pendant vingt et une nuits. Il fit alors une aspersion vers les quatre coins de la chambre. L’abbé servait d’acolyte et balançait l’encensoir. D’étranges figures commencèrent à prendre forme dans la fumée et en même temps il leur semblait qu’un froid glacial leur arrivait jusqu’à la pointe des cheveux, rendant leur respiration difficile.

Éliphas Lévi proféra alors avec plus de force les paroles d’invocation. Subitement, les murs de la chambre semblèrent s’écarter et ce fut comme si un Abîme infini et astral s’ouvrait devant eux, menaçant de les engloutir. Des splendeurs de luminosité scintillante se mirent à briller et ils se couvrirent les yeux pour ne pas offenser par un regard indiscret l’esprit invoqué. D’une voix forte, Lévi demanda la cause de la maladie de la duchesse Mildred. Il ne reçut pas de réponse. Les nuages de fumée s’épaissirent à tel point qu’ils menaçaient de les priver de leurs sens. Se précipitant à la fenêtre, Éliphas entendit subitement une voix qui, bien que forte et sonore, paraissait sortir du plus profond de lui-même et remplir tout l’espace de son âme. Ce que la voix lui cria était si effrayant que ses jambes refusèrent de bouger et qu’il resta comme pétrifié à l’endroit même où il était.

Ce fut alors l’abbé qui se précipita à son côté près de la fenêtre, mais ses mains tremblantes et sans force n’arrivèrent pas à ouvrir le loquet. Le serviteur, qui avait assisté passivement à l’invocation, gisait évanoui sur le sol.

Éliphas sortit enfin de son engourdissement et brisa la vitre avec le crucifix, absorbant avec délectation, en compagnie de l’abbé, l’air frais de la nuit. Éliphas, particulièrement, baignait pour ainsi dire sa tête fébrile dans le brouillard humide. La terrible accusation que l’esprit mystérieux avait lancé sans équivoque pour lui, parcourait encore tous ses nerfs. Quand enfin il revint quelque peu à lui-même, il se tourna de nouveau vers la chambre. La fumée s’était dissipée et la petite lampe continuait à briller faiblement. L’abbé, d’une pâleur extrême, contemplait Éliphas avec des yeux dilatés et balbutiait : « Êtes-vous réellement coupable, mon ami ? Je n’arrive pas à le croire ! »

— « Ainsi vous avez entendu la réponse de l’esprit ? »

L’abbé laissa tomber la tête, comme accablé, dans un geste d’assentiment : Oui, murmura-t-il presque imperceptiblement !

« Je vous jure, assura avec véhémence Lévi, que j’ai pris le symbole avec des mains pures, que je n’ai jamais commis de crime de ma vie, je vous jure que je ne suis pas taché de sang ! »

En disant ces paroles, il se rapprocha de la lampe, de sorte que la lueur de celle-ci tomba en plein sur lui. Épouvanté, l’abbé montra du doigt la mâchoire et le plastron de chemise d’Éliphas.

« Là, regardez-vous vous-même dans le miroir », dit-il, prenant son ami par la main pour le conduire devant un grand miroir suspendu au mur d’une chambre contiguë. Et là, Éliphas put voir qu’il avait une éraflure au menton avec quelques petites gouttes de sang séché ; il y avait aussi d’autres petites gouttes sur sa chemise. Il avait dû se couper en se rasant avec tant de hâte. Ainsi donc la réponse de l’esprit s’expliquait parfaitement : « Je ne parle pas avec une personne tachée de sang ».

Lévi sentit que son cœur s’allégeait d’un très grand poids. L’abbé, néanmoins, semblait plus accablé et s’était laissé tomber sur un sofa ; ses épaules se contractaient convulsivement et il cachait son visage dans ses mains. Lévi essaya de calmer le vieillard, mais celui-ci le repoussa en disant :

— « Il s’agit de la pauvre Mildred ; sa vie se consume à chaque heure qui passe. Si les choses étaient différentes, nous pourrions de nouveau invoquer l’esprit par trois fois pendant vingt-et-un jours, avec les offrandes et les prières appropriées, mais le temps presse, car Mildred mourra entre-temps ! »

Lévi ne sut quoi répondre et un dense silence tomba qui fut coupé lorsque l’abbé se leva et commença à marcher de long en large d’un pas quelque peu vacillant :

— « Je dois obtenir une réponse coûte que coûte, à n’importe quel prix ! Promettez-moi, mon ami, que vous ne m’abandonnerez pas ! »

Une vaporeuse détermination se lisait sur le visage du vieillard. Pour le tranquilliser, Éliphas lui répondit :

— « Je vous ai donné ma parole que je me mettrais à votre disposition en tant que mage. Et puisque l’objectif n’a pas encore été atteint, je maintiens la parole donnée ».

« Alors, restez ici ; d’ici douze heures, nous effectuerons une autre conjuration ; j’invoquerai les esprits de la région inférieure ».

Éliphas sursauta : le vieux était-il devenu fou ? « Vous, que, qu’avez-vous dit ? Un fils de l’église qui veut entrer en contact avec les esprits infernaux ? Non, cela ne pourrait absolument pas être approuvé par la pieuse duchesse ! Renoncez-y !, ne risquez pas votre âme ! ».

Il est manifeste que l’invocation des démons est de la magie Noire. Et il est manifeste que la magie Noire amène la faim, le dénuement, les maladies et les calamités physiques et morales.

Il y avait dans les paroles et les manières de l’abbé une détermination si glaciale, qu’Éliphas sentit que toute réplique serait vaine. Et par fidélité à la parole donnée, bien que contre sa volonté, Éliphas accepta l’exigence de son ami. Il resta chez l’abbé comme invité, et par suite de la tension et de la fatigue extraordinaire causée par la conjuration, il dormit si lourdement et profondément qu’il ne se réveilla que tard dans la matinée. La journée fut occupée par les prières et purifications de rigueur. La nuit venue, Éliphas endossa les vêtements appropriés pour le service du Diable et se munit des accessoires requis. Comme auparavant, l’abbé avait manifesté l’intention de l’assister comme acolyte sans toutefois prendre une part active dans l’invocation, il revêtit également l’habillement prescrit.

Ce qui se passa après est quelque chose que je ne veux transcrire d’aucune manière, car il y a responsabilité dans la parole. Il est préférable dans ce cas de se taire : Le silence est l’éloquence de la sagesse.

Il est manifeste que si l’on transcrit des paragraphes ténébreux, on se transforme en complice du délit, ce qui revient à enseigner aux gens la magie Noire.

Heureusement, les invocateurs du présent récit n’arrivèrent pas à rendre visibles et tangibles les démons invoqués.

Tout ce qu’ils arrivèrent à obtenir fut de faire sortir du mur une salamandre, petite créature innocente du feu.

L’abbé, faisant provision de toutes ses forces, pria pour l’affliction de la duchesse.

Batraciens !, dit la salamandre d’une voix infantile, et disparut au même instant.

Éliphas vit alors l’abbé vaciller et s’écrouler sur le sol. Il prit dans ses bras le maigre corps et le porta à la chambre à coucher, où il déshabilla le vieillard et le mit dans le lit, allant ensuite chercher le serviteur pour qu’il apporte quelque remontant. Au retour, il découvrit que l’abbé était complètement revenu à lui, mais son aspect était celui d’un homme abattu, qui paraissait avoir vieilli de plusieurs années.

Il est évident que l’abbé faisait des efforts surhumains pour sauver la duchesse.

« Tout est inutile ! », dit-il d’une voix faible, « la pauvre Mildred devra mourir ! Mon âme, Oh, mon âme ! Que veut dire batraciens ? ».

« Je sais seulement, répondit Éliphas, que c’est un mot grec qui signifie grenouille ».

Le serviteur ne tarda pas à venir avec du vin et des biscuits, mais l’abbé refusa tout aliment. Éliphas prit quelque chose et essaya d’arracher son ami à la léthargie du désespoir, mais il fut inutile de prétendre le ranimer. Et c’est avec un cœur opprimé qu’il se fit transporter à son domicile.

Le jour suivant, il alla s’informer comment se trouvaient l’abbé et la duchesse. Mildred allait de mal en pis. Le médecin de chevet lui donnait peu de temps à vivre. L’abbé aussi se trouvait dans un état grave ; il ne voulait prendre aucune nourriture, ne répondit pas d’abord aux questions de son ami, puis il manifesta qu’il pensait mettre fin à ses jours au moyen de l’inanition. C’est profondément attristé que Lévi prit congé de lui, grandement préoccupé des conséquences tragiques de la conjuration pécheresse.

Pendant les deux soirées qui suivirent, il reprit ses études accoutumées et, pendant qu’il lisait l’Enquiridion de Léon III, il s’arrêta au moment où, au moyen de la clé de Trithénus, il déchiffrait les mots suivants de l’écrit ésotérique Kabbalistique : « Un enchantement maléfique très apprécié est celui de la grenouille ».

Nous nous abstenons de livrer la formule secrète du crapaud pour ne pas donner des armes aux criminels pervers de la magie Noire.

Un éclair traversa l’esprit d’Éliphas, et sans même fermer le livre, il mit son pardessus et se lança dans les rues de Londres, qui s’enfonçaient dans le crépuscule du soir. Il finit par trouver une voiture et le temps qu’il mit pour arriver au palais du duc lui parut insupportablement long. Des visages éplorés l’y reçurent : La duchesse est à l’agonie ; on lui donne les derniers sacrements, l’informa-t-on.

« Je peux la sauver ! », clama Éliphas ; et écartant les serviteurs stupéfaits, il se précipita dans la chambre de Mildred, où il trouva le duc. Le souffle haletant, Éliphas le supplia : « Vous me connaissez suffisamment pour savoir que je peux avoir votre confiance. Donc croyez-moi : tout espoir n’est pas perdu. Tant que la duchesse est en vie, il ne faut pas désespérer. Mais je vous prie de me laisser seul à seule avec elle et de grâce, ne me posez pas de questions, ayez confiance en moi ! ». Bien qu’abasourdi et confus à l’extrême, le duc accéda au désir d’Éliphas, demandant aux personnes présentes : un médecin, un prêtre et une femme de chambre de la patiente, de quitter la chambre. Une fois seul, Lévi ferma la porte derrière lui et s’approcha du lit de la princesse. « C’est bien ce que je pensais », en voyant Mildred enfoncée dans une espèce de catalepsie et ne montrant que le blanc des yeux. Ses lèvres étaient violettes et sa respiration entrecoupée.

Immédiatement, Lévi mit les mains à l’ouvrage et entreprit de soulever la planche du seuil, mais le bois résista à ses doigts tremblants. Il sortit son poignard de sa poche, mais il en rompit le manche dans ses efforts frénétiques. Finalement, avec la force du désespoir, il arriva à soulever la planchette. Les doigts lui saignaient, mais son effort avait été vain, personne n’avait rien caché là ! Il souleva ensuite les tapis, là non plus. Il retourna regarder la duchesse qui respirait difficilement et remarqua que sa main gauche pendait d’une façon étrangement contractée. « Le lit ! » pensa Lévi. Et avec la certitude de chercher maintenant au bon endroit, il souleva la malade de son lit et la déposa aussi doucement qu’il le put sur un divan placé contre le mur. Il se consacra ensuite avec une excitation grandissante à enlever les couvertures et les oreillers, mais rien, rien de neuf. Il sortit le matelas et le défit : il le tâta, le palpa, en remua le crin, et ses doigts touchèrent un objet blanchâtre et spongieux ; il le saisit, le retira, et en effet, c’était bien là ce qu’il cherchait. Il se précipita hors de la chambre, convainquit le duc après une brève explication de mettre une voiture à sa disposition et se rendit avec la plus grande rapidité à son domicile, où il se mit de nouveau à la tâche, brûlant la bête infernale dans des flammes de poisson et de soufre, suivant au pied de la lettre les indications de l’Enquiridion. Il ouvrit tout grand la fenêtre de sa chambre, afin de faire disparaître la mauvaise odeur, et, accablé par une immense fatigue, se jeta tout habillé sur son lit, s’enfonçant immédiatement dans un profond sommeil.

Le lendemain, il fut reçu comme un sauveur au palais du duc. L’état de santé de la jeune duchesse s’était amélioré de façon stupéfiante et incompréhensible aux médecins, à tel point qu’on pouvait franchement dire qu’elle avait surmonté la crise.

Le même jour (28 octobre 1965), Londres fut renversé par la nouvelle sensationnelle de la mort subite et sans aucune maladie de l’étoile du ballet Maria Bertin, mais cette nouvelle ne fut pas la seule. Quelques heures plus tard, la mort frappa aussi une proche parente du duc, une vieille fille qui avait été l’ennemie passionnée de Mildred et qui avait tenté en vain d’empêcher le mariage du duc avec la princesse catholique.

Ce chapitre est tiré de Au-delà de la Mort (1970) par Samael Aun Weor.

Catégories : Au-delà de la Mort